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Fusils d’assaut : comportement au tir (Deuxième Partie)

Le premier article de ce travail sur le comportement du fusil d’assaut laissait bien évidemment ouverte la porte à de plus amples expérimentations. Le but de ce travail est toujours le même : il ne s’agit pas de faire un classement, mais de dégager des clefs de compréhensions que chacun puisse utiliser pour forger sa propre opinion. C’est donc ce que nous allons poursuivre ici en incluant 6 nouvelles armes à cette étude. Évidemment, la lecture de la première partie (en lien ici et en libre accès !) est plus que recommandée, car nous allons aller directement au but et éviter tant que faire se peut, les redites.

Le choix du panel

Le premier volet de ce travail avait fait la part belle aux armes des pays de l’est. Nous avons donc choisi ici d’équilibrer la balance avec les productions de la « sphère d’influence occidentale ». Cette dernière expression est sans doute critiquable par bien des aspects, mais nous essayons de « simplifier » une problématique sur la période de la guerre froide. Car oui, nous restons globalement sur des armes produites pendant la guerre froide. De par la nature comparative de ce travail, nous avons bien évidemment conservé certaines armes vues en première partie. Elles ne seront pas comparées entre elles, ce travail étant déjà fait. Le panel est tout de même conséquent : en plus des AKM, AK-74 et M16A1 déjà présents sur la précédente étude et conservés ici à titre comparatif, nous avons ajouté HK33, Valmet M76, SAR-80, FAMAS F1, FNC et pour étendre le débat, un HK G3 en 7,62×51 mm, qui n’est pas un « fusil d’assaut », mais bien un fusil d’infanterie automatique, qualifié de « Battle Rifle » par nos camarades « anglo-saxons » (Photo 01). Un total de 9 armes, pour cette partie, amène le total à 13 armes sur les deux parties.

Quelques observations préalables :

  • Comme mentionné juste au-dessus, le G3 (le « G-Drei » pour les intimes) n’est pas un fusil d’assaut, mais ce qu’on devrait nommer un « fusil individuel automatique à tir sélectif de calibre 7,62×51 mm pour le combat jusqu’à 600 m ». Bon, c’est moins sexy que « Battle Rifle », mais au moins, en sait de quoi on parle non ? En effet, un « fusil d’assaut » emploie par essence un calibre intermédiaire pour des engagements à des distances inférieures : 300 à 400 m environ. Encore une fois, non, le 7,62×51 mm ne peut pas prétendre, de par son niveau de puissance, à être une cartouche intermédiaire. Alors pourquoi l’inclure ? Parce que, lorsque l’on parle d’arme individuelle automatique occidentale de la guerre froide, les armes en 7,62×51 mm sont sur-représentées au début de la période : M14, FAL, G3 pour ne parler que des plus célèbres et se taillant la part du lion sur le marché international. En fait, il faudrait surtout dire – encore une fois pour ceux qui nous lisent assidûment – que c’est surtout que l’Occident a tardé à adopter un fusil d’assaut. De même, l’inclusion d’un pistolet-mitrailleur, en 9×19 mm (voire en .45 ACP, mais c’est plus anecdotique pendant la guerre froide) ne serait pas aberrante…à méditer…pour une troisième partie ?
  • La date de conception des armes est assez similaire à celle de l’article précédent, l’arme la plus ancienne étant le G3 (fin des années 1950…voire 1945 si on fait une filiation avec le Stg.45 (h), mais c’est un peu capillotracté !), la plus récente, le FNC (1980).
  • Nous avons fait le choix de ne pas mettre l’AK-47 dans le panel : le choix de l’AKM, adopté en 1959, nous a paru plus cohérent avec les dates de mise en service des autres fusils d’assaut du panel.
  • Clairement, le M16A1, l’arme « phare » du 5,56×45 mm, surtout dans cette période, va nous servir « d’étalon » (pour une arme Colt, cela semble logique). C’est donc lui qui va être comparé à l’ensemble des autres armes en 5,56×45 mm. Cependant, des comparaisons entre d’autres armes en 5,56×45 mm du panel seront faites dans la mesure où elles nous paraissent pertinentes.

Enfin, on aurait aimé inclure ici quelques autres armes, et notamment :

  • Le M16A2 : il serait intéressant de comparer le comportement avec le M16A1, évidemment en dédiant à chaque arme la bonne munition. Cependant, l’absence de mode totalement automatique reste problématique dans l’exercice : il faudrait donc, un M16A3. Mais ces derniers sont encore plus compliqués à trouver, du moins sous nos latitudes.
  • Un fusil d’assaut de la famille britannique SA-80 : un L85A1 ou A2.
  • Le Steyr AUG (dans ses définitions précoces). Nous avons essayé l’arme il y a fort longtemps et en gardons le souvenir de quelque chose de particulièrement stable en rafale.

Mais on fait ce qu’on peut avec ce qu’on a !

Les Forces en présence

Petite présentation du matériel, par ordre chronologique d’adoption…avec quelques redites de la première partie…

L’AKM (mise en service en 1959) : l’exemplaire de cet essai est un Radom PMKM (Pologne), soit une variante très proche (pour ne pas dire, quasi-identique) à l’AKM Soviétique (Photos 02 et 03). Elle est équipée du compensateur de relèvement biseauté adopté vers 1965 (nous ferons un essai détaillé sur ce dispositif dans un travail à venir). L’arme est dans son jus.

Le Heckler und Koch G3 (mise en service en 1960) : notre exemplaire est un « G3A3 » arme issue des stocks de l’armée Libanaise (Photos 04 et 05). Il est marqué MAS (Manufacture d’Armes de Saint-Étienne) …bien que selon nos renseignements, aucun G3 n’ait jamais été fabriqué à la MAS ni ailleurs en France ! Non, il semble bien que la raison de ce marquage (sur des armes fabriquées par H&K à Oberndorf Am Neckar) soit purement…une « astuce » légale vis-à-vis de problématiques d’exportation (Photo 06). À votre convenance, vous pouvez remplacer le mot « Astuce » par le mot « Escroquerie » …

Le M16A1 (mise en service officielle dans l’US Army en 1967) : l’exemplaire de cet essai est un Colt qui proviendrait (selon une source internet) d’un lot d’armes vendues aux Philippines. Pur jus… (Photos 07 et 08). On peut noter ici à propos de la date que nous employons que des variantes du fusil AR-15 ont connu des utilisations sur le terrain dès le début des années 60. Mais nous nous intéressons ici en particulier au modèle à notre disposition. Ainsi, nous avons choisi de retenir son année d’adoption officielle dans l’US Army.

Le Kechler und Koch HK33 (mise en production 1968) : une fabrication Heckler & Koch avec une petite spécificité pour (à notre connaissance) les contrats Français : la crosse est équipée d’une profonde plaque de couche en caoutchouc destinée à amortir le tir de grenade à fusil, cher à l’armée Française (Photos 09 et 10).Cette crosse a été installée par votre serviteur en remplacement de la crosse télescopique…qui est infame pour le tir !

L’AK-74 (mise en service en 1974) : l’exemplaire de cet essai est un Arsenal (Bulgarie), dénommé AR-M1 dans le livre de F. lnammico et AKK-74 (Avtomaticheskiy Karabin Kalashnikova) dans le livre de John Walter (Photos 11 et 12). Ici aussi, une arme quasi identique à l’AK-74 soviétique. On peut noter que la crosse et le garde-main inférieur emploient des bois bruts alors que les productions Soviétiques emploient du lamellé-collé. Le dispositif de bouche est de type 2. L’arme est dans son jus.

Le Valmet VALMET M76 (mise en production en 1976) : un exemplaire Valmet pur jus (Photos 13 et 14). Ici nous sommes en présence d’une arme largement traitée dans l’un de nos articles, ici en lien…donc pour les plus curieux ou avides d’info, il suffit de cliquer.Dans la volonté de mettre dans ce panel une « copie » « occidentale » en 5,56×45 mm de l’AK-47, on aurait pu mettre ici un Galil ARM, mais le « Assault Rifle Machine gun » Israélien est supérieurement étoffé pour un fusil d’assaut. Nous avons préféré une arme un peu plus légère.

Le FAMAS F1 (mise en service 1979) : ici aussi, pur jus (Photo 15). Dans le cas de cette arme, deux articles sont disponibles sur le site (celui de votre serviteur et celui de Pierre Breuvart), donc même punition. Ayant la chance d’avoir accès à un F1, il aurait été dommage de se priver de ce retour. Par ailleurs, le comportement d’une arme à culasse non-calée avec artifice de démultiplication (un levier) nous paraît intéressant à comparer à d’autres types de mécanismes, dont le mécanisme à culasse non-calée avec artifice de démultiplication par galet des G3 et HK33. Nous lui avons consacré une belle part du travail…LAI Publications oblige ! Par ailleurs, on peut noter qu’il s’agit du seul « bullpup » du panel.

Le SAR-80 (mise en production en 1980) : production CIS, pur jus (Photo 16). Et ici aussi…l’article de votre serviteur est disponible sur le site et en lien ici! Le choix d’un mécanisme et d’une construction proche de l’AR-18 nous a paru intéressant, notamment en comparaison du M16A1. Attention, l’AR-18 et le SAR-80 comportent tout de même quelques différences, notamment sur la pente de la crosse, plus « conventionnelle » sur le SAR-80 que sur l’AR-18. Le régulateur d’emprunt de gaz est sur la position « 1 » pour cet essai.

Le FNC (première commande en 1980) : pur jus (Photo 17). Allez, encore le même disque, l’article est disponible sur le site et en lien ici. Bien qu’aujourd’hui plutôt relégué aux oubliettes (à mon avis, à tort…), cet excellent fusil a longtemps été considéré comme un des étalons par les institutions Otaniennes. Le régulateur d’emprunt de gaz est sur la position « Normale » pour cet essai.

Comme dans la première partie, les crosses sont ici fixes…ou suffisamment confortables pour ne pas gêner l’exercice. Tirer un G3 ou un HK33 avec la crosse télescopique n’aurait été qu’injustice…

Nous avons utilisé les munitions suivantes (Photo 18) :

  • Pour le G3 calibre 7,62×51 mm : de la munition réglementaire Française « 7,62 N » étui acier laqué, conforme à la M80 (balle de 10 g). Ce type de munitions, normalement dévolue à la AAN-F1, est parfaitement adéquat avec le fonctionnement du G3 bien qu’à notre connaissance, les munitions réglementaires Allemandes n’étaient pas dotées d’un étui acier, mais bien laiton.
  • Pour les HK33 et FAMAS F1 calibre 5,56×45 mm : de la munition réglementaire Française F1A proche des spécifiques de la M193 (même poids de balle), étui acier laqué. Les deux armes, de par leur fonctionnement similaire, sont particulièrement adaptées à l’emploi de cette munition…pour le FAMAS F1, il s’agit même de SA munition.
  • Pour le FNC calibre 5,56×45 mm : de la munition MEN SS109, étui laiton.
  • Pour les M16A1, SAR-80 et Valmet M76 calibre 5,56×45 mm : de la munition MEN M193, étui laiton.
  • Pour l’AKM calibre 7,62×39 mm : de la munition militaire de fabrication Chinoise de type M43 étui acier cuivré.
  • Pour l’AK-74 calibre 5,45×39 mm : de la munition militaire de fabrication Soviétique 7-N-6 tardive étui acier laqué.

Dans ce genre d’exercice, le choix des munitions n’est pas à prendre à la légère : toutes les munitions ne se valent pas…loin s’en faut.  On ne le répétera jamais assez…oui, cette phrase est reproduite à l’identique de la première partie…mais comme déjà dit : on ne le répétera jamais assez !

Déroulement

Lors de notre précédent test, nous avions choisi de faire un test avec des chargeurs de 30 coups, ce qui représentait la capacité « standard » de la plupart des armes présentées. Ici, nous nous sommes alignées sur la capacité la plus faible : celle du G3, 20 coups. Si cette quantité est moins spectaculaire que les « 30 coups » habituels, elle est finalement largement suffisante pour:

  • Faire des mesures précises de cadence de tir.
  • Laisser le temps au corps du tireur de « stabiliser l’arme », même avec le G3 (l’arme qui oppose le plus de recul) ou avec le FAMAS (l’arme qui produit la cadence de tir la plus élevée dans le panel avec 4 chiffres au compteur… « cocorico » si l’on peut dire…).

Pour chaque arme, une rafale de 20 coups a été filmée (avec une GoPro 10) à 240 images par seconde. L’exploitation des films nous a permis de déterminer une cadence de tir « de la première émission à la bouche » à la dernière « émission à la bouche » …Excel faisant le reste. Notons bien qu’ici, la cadence de tir n’a qu’une valeur indicative et ne permet pas à elle seule de dresser des conclusions.

Les tirs ont été réalisés en Janvier 2023, filmés en fin de journée. La météo était clémente pour un mois de Janvier en France métropolitaine : la présence de nuages explique la variation de luminosité entre les vidéos. Les armes ont été filmées dans l’ordre suivant : G3, AKM, AK-74, M16A1, SAR-80, HK33, Valmet M76, FNC et enfin FAMAS F1. Toutes les armes avaient déjà tiré avant le tournage, mais leurs canons étaient froids au moment des tirs. Le tireur – votre serviteur – était déjà acclimaté à l’exercice…qui s’est déroulé au sein de campagnes de tir de plusieurs jours.

La présentation des comparaisons se feront par ordre chronologique d’adoption.

D’un article à l’autre…

La rédaction de cet article a été l’occasion pour nous de faire une petite mise à jour de la première partie. Nous invitons donc les plus courageux à re-lire cet article et notamment les paragraphes « Notre protocole » et « Ma façon de regarder ce type de vidéo ». Nous y avons déjà présenté un certain nombre d’éléments importants pour la compréhension de cet article et n’allons pas revenir dessus ici afin de ne pas « gonfler » inutilement un article déjà bien long ! De même, la lecture préalable de l’article « Quelques réflexions sur le tir en rafales », de votre serviteur, sera également un plus à la compréhension de cet article.

Cherchant à améliorer le processus d’analyse, nous avons ajouté dans ces nouvelles vidéos deux séances comparatives, réalisées en superposition des images des armes comparées :

  • La première synchronisée sur le premier tir : elle permet de comparer le début et le milieu de la rafale et d’apprécier les différences de cadence de tir.
  • La seconde synchronisée sur le dernier tir. Celles-ci sont amputées du début de la rafale afin de ne pas faire de vidéo inutilement longue : elles permettent une meilleure comparaison des armes en fin de tir.

Malgré la confusion de lecture parfois induite par superposition (notamment sur le comportement du corps du tireur), elles nous paraissent finalement riches en enseignement. Nous avons également essayé d’ajouter des lignes de repère pour matérialiser l’angle du canon au premier tir, mais le résultat ne nous a pas paru concluant, et même confusant : nous ne les avons donc pas conservées.

Par souci d’uniformité, nous allons sans doute re-monter les vidéos du premier article avec ce nouveau type de séquence.

1. G3 & AKM

Cadence de tir mesurée sur la séquence :

  • G3 : 20 coups en 1,60 seconde, soit 750 cpm.
  • AKM : 20 coups en 1,81 seconde, soit 665 cpm.

Ce qui est visible sur la vidéo :

Le G3 recule bien plus fortement dans l’épaule que l’AKM, mais à l’image, cela pourrait paraitre comme « acceptable » …nous y reviendrons. Le canon du G3 ne bénéficiant pas d’un compensateur de relèvement celui-ci relève « librement » en comparaison de l’AKM, qui est ramené en ligne énergiquement à chaque tir, voire légèrement abaissé sous la ligne du tir précédent. Mais le relèvement du G3 paraît finalement « faible » si l’on tient compte de la différence énergétique entre les deux munitions :

  • 3200 J pour la 7,62×51 mm (avec un V0 de 800 m/s pour un projectile de 10 g)
  • 2045 J pour la 7,62×39 mm (avec un V0 de 715 m/s pour un projectile de 8 g)

La 7,62×39 mm n’a en effet que 63,90% de l’énergie d’une 7,62×51 mm.

Sur la fin du tir, le corps du tireur renvoie le G3 vers l’avant avec vigueur et un peu vers le bas. L’arme met même « du temps » à se stabiliser. Le retour vers l’avant de l’AKM est plus faible, et l’arme reste globalement en ligne.

On retrouve une différence déjà constatée avec d’autres armes au sein de la première partie : le panache de fumée de l’AKM est orienté vers le haut et la droite, là ou celui du G3 se propage uniformément vers l’avant : bien évidemment, c’est le travail du compensateur de relèvement de l’AKM qui fait la différence.

Ce qui n’est pas visible sur la vidéo :

De façon évidente, le G3 nécessite une prise en main bien plus ferme que l’AKM. L’exercice avec le G3 n’est pas aussi évident que le laissent paraitre les images, et nous doutons fortement qu’il puisse être reproduit dans le stress d’un combat. Par ailleurs, ne sous estimons pas ici les capacités de votre serviteur dans ce type d’exercice : je pratique la chose depuis fort longtemps, et ne le fais jamais en mode « Mag-Dumping » pour ainsi dire ! Non, chaque exercice de tir en rafale a été réalisé de façon travaillée : position et comportement du corps (cerveau compris !) et comportement de l’arme étant toujours des objets d’études…quel que soit le tireur ! En voyant les images de cet article, un camarade ayant également eu la joie de tester certaines de ces armes me disait : « on dirait que tu tiens le 7,62×51 mm aussi bien que le 5,56×45 mm » ! J’ai, certes, une certaine pratique de ce type de matériel, mais le tir automatique avec ce type d’arme à bras franc, quelle que soit la position (debout, à genoux ou couché), ne nous paraît pas pour autant exploitable. Si à l’image, le relèvement du G3 n’est pas aussi impressionnant que peut le laisser supposer le calibre 7,62×51, il ne faut pas s’y tromper : ça relève énormément et on est très vite, très au-dessus de la cible, même à des distances rapprochées. Ici, l’exercice est conduit près d’une butte de tir de bonne dimension…et c’est un strict minimum pour éviter les bévues. Pour étendre la question sur les armes automatiques individuelles en 7,62×51 mm, on pourrait se demander « Quid de l’utilisation du bipied ? ». Et bien, la chose n’est pas présentée ici, mais pour avoir déjà conduit le test avec G3, FAL, HK-417…et bien ce n’est pas concluant non plus. À notre sens, la présence du mode de tir « rafale » sur ce type d’arme permet seulement…de vendre le produit comme ayant cette capacité, bien que celle-ci ne soit pas exploitable. Oui, c’est une escroquerie… Nombre d’armées utilisatrices de fusils en calibre 7,62×51 mm (ou d’une puissance proche) ne s’y tromperont d’ailleurs pas en limitant ces armes de service (dès la conception ou après leurs mises en service) au mode semi-automatique.

Du côté de l’AKM…et bien avec une préhension correcte, la rafale reste très maitrisable. Avec une préhension crispée ou inutilement virile…et bien on tend à descendre !

Sur cette comparaison :

On commence ici par la comparaison avec les deux armes les plus anciennes du panel. Évidemment, comparer du 7,62×39 mm et du 7,62×51 mm n’a que peu de sens techniquement. Un cahier des charges qui aboutirait à proposer un de ces deux choix serait le fruit d’un besoin fort mal exprimé… Mais d’un point de vue historique, pourquoi pas : sur une large portion du Rideau de Fer, c’est bien ces deux armes qui se regardent en chiens de faïence ! Et puis cela permet de remettre les « pendules à l’heure » sur les armes automatiques individuelles en 7,62×51 mm.

2. G3 & M16A1

Cadence de tir mesurée sur la séquence :

  • G3 : 20 coups en 1,60 seconde, soit 750 cpm.
  • M16A1 : 20 coups en 1,54 seconde, soit 778 cpm.

Ce qui est visible sur la vidéo :

De façon surprenante (ou pas !), en début de rafale les mouvements de deux armes sont finalement proches en matière de direction, avec une différence d’amplitude :

  • Relativement importante pour le recul.
  • Relativement faible pour le relèvement.

Et pourtant :

  • Le 5,56×45 mm M193, c’est 1719 Joules (avec une V0 de 991 m/s pour une balle de 3,5 g)
  • Et   7,62×51 mm M80 ; c’est toujours 3200 Joules comme vu précédemment.

Donc encore bien moins qu’un 7,62×39 mm : 53,72% ! La différence de recul est même perceptible sur le corps du tireur : l’ondulement provoqué par le G3 est significativement plus important que celui du M16A1. La similitude dans le relèvement s’explique en partie, car les deux armes ont en commun d’avoir le canon dans l’axe de la partie supérieure de la crosse. La chose est moins flagrante sur le G3 car la silhouette générale de l’arme se développe un peu plus au-dessus du canon à cause du tube du levier d’armement. Là où le M16A1 se distingue, c’est bien évidemment sur le logement du ressort récupérateur, dans l’alignement du canon et dans la crosse. Sur la fin du tir : Les deux armes piquent vers l’avant et le bas : de façon logique le corps a globalement produit la même compensation en matière de direction, mais pas avec la même amplitude.

Ce qui n’est pas visible sur la vidéo :

Oui, c’est une évidence, le G3 est bien plus complexe à maitriser que le M16A1…mais le M16A1 demande cependant une certaine préhension pour éviter un relèvement excessif et qui n’est pas si évidente que ça. Nous l’avions soulignée dans la première partie de ce travail : avec son compensateur de relèvement, l’AKM est un peu plus simple à utiliser dans cet exercice que le M16A1.

Sur cette comparaison :

Comparer du 5,56×45 mm avec du 7,62×51 mm n’a évidemment, pas plus de sens d’un point de vue technique qu’avec du 7,62×39 mm comme vu précédemment…mais elle a tout autant de sens historiquement ! Et elle reste finalement riche en enseignement.

Par ailleurs, cette comparaison nous semble d’à-propos pour évoquer une problématique parfaitement illustrée ici : la différence énergétique des ensembles mobiles. En abordant la chose sous l’aspect d’un bilan énergétique simplifié (i.e. uniquement l’énergie liée au déplacement de l’ensemble mobile seul sur sa vitesse moyenne), nous avons les données suivantes :

  • Pour le G3, une masse mobile de 778 g se déplaçant sur une course (avant contact avec l’amortisseur) de 165 mm. Donc pour une cadence de 750 cpm : 6,62 Joules par cycle.
  • Pour le M16A1, une masse mobile de 471 g se déplaçant sur une course (avant mise en but de l’amortisseur de la crosse) de 108 mm. Donc pour une cadence de 778 cpm : 1,85 Joules par cycle.

Donc 3,58 fois plus d’énergie pour G3 que pour le M16A1. Pour le reste des armes du panel (étendu à quelques autres armes à titre comparatif), l’énergie est contenue dans une plage plus rapprochée (par ordre croissant) :

  • SAR-80 : 1,55 Joules dont 0,02 Joules pour le mouvement seul du piston. La valeur la plus basse des armes du panel.
  • AKM : 2,17 Joules.
  • AK-74 : 2,27 Joules.
  • FNC :  2,32 Joules.
  • HK33 : 2,33 Joules.
  • Pour l’AK-47 type 3 : 2,40 Joules. Calculé à partir des données de la première partie de ce travail.
  • Valmet M76 : 2,58 Joules. La valeur la plus haute des armes en 5,56×45 mm.
  • FAMAS F1 : Ici, la donnée est sujet à caution, n’ayant pas le moyen (pour le moment) de connaitre la masse du tube d’armement avec son levier attenant, qui font bien partie de la masse mobile au moment du tir, nous avons forfaitairement – au vu des spécificités géométriques des pièces – ajouté 100 g aux 379g de l’ensemble mobile pour le calcul : ce qui nous donne 2,43 Joules. En ajoutant 80 g, ce qui nous paraît être une estimation « basse » de la masse l’ensemble des pièces de masses inconnues, on tombe à…2,33 Joules ! La même valeur que pour l’HK33.

Si ces différences énergétiques se répercutent bien évidemment sur le comportement de l’arme (avec un mouvement arrière, suivi d’un mouvement avant), il est difficile avec les moyens à notre disposition de cerner avec précision la proportion sur le comportement global de l’arme.  Cependant, on se souviendra que les Soviétiques ont travaillé cette problématique en produisant des armes aux masses mobiles équilibrées par des contrepoids : originellement ce sont les AEK-971 et AK-107. Ces travaux n’aboutiront que récemment à l’adoption de versions modifiés de l’AEK-971 :les KORD 6P67 (en 5,45×39 mm) et 6P68 (en 7,62×39 mm). De par le surcroît de complexité de l’arme le déploiement n’a eu lieu qu’entre les mains d’unités spécialisées. Le tout pour un gain de performance annoncé à…10% en matière de probabilité d’atteinte jusqu’à 300 m dixit Max Popenker (Modern Firearms) sur des rafales courtes et sans appui. Certains jugeront que ça fait beaucoup, d’autres, comme votre serviteur, bien peu au vu des sacrifices consentis. Pour mémoire, au sein du projet Soviétique « Abakan » qui vit naitre les AEK-971 et autres AN-94, les exigences en matière d’augmentation de probabilité d’atteinte étaient de…50 à 100%. Le AEK-971, travaillant sur le balancement des masses mobiles, fut recalé car n’atteignant pas ces exigences. À titre personnel, nous nous demandons si l’achat des 6P67 et 6P68 n’est pas fait dans le but principal de soutenir l’effort de recherche et de développement de l’industrie armurière Russe. Mais c’est un autre débat. Pour en revenir à ce qui nous intéresse, il semblerait bien que l’effet des masses mobiles en mouvement soit plutôt marginal sur le comportement de l’arme en comparaison de l’impulsion de recul liée au tir elle-même. Pour boucler le sujet rapidement, le vainqueur du projet Abakan, l’AN-94, apportera un gain supérieur à l’AEK-971 en travaillant, pour les deux premiers coups tirés, sur…le retard à la perception du recul par le tireur ! La chose étant atteinte par deux moyens concomitants : l’accélération de la cadence de tir à 1800 cpm et l’accompagnement du recul de l’ensemble boîtier de culasse / canon dans la crosse. À notre sens, il s’agit d’un indice supplémentaire qui permet de relativiser l’importance sur le comportement de l’arme des masses mobiles en mouvement. Et l’arme reste pour le moins complexe…pour une arme d’infanterie !

3. M16A1 & HK33

Cadence de tir mesurée sur la séquence :

  • M16A1 : 20 coups en 1,54 seconde, soit 778 cpm.
  • HK33 : 20 coups en 1,31 seconde, soit 914 cpm.

Ce qui est visible sur la vidéo :

Le comportement des deux armes est globalement similaire en début de séquence, mais rapidement, le HK33 se montre un peu plus remuant que le M16A1. À notre sens, la cadence de tir nettement supérieure de l’arme Allemande en est la cause principale : elle ne laisse pas vraiment au corps « le temps au d’encaisser ». En fin de tir, le comportement des deux armes est très similaire…pour ne pas dire identique.

Ce qui n’est pas visible sur la vidéo :

Si comme déjà évoqué, le M16A1 demande une certaine fermeté dans la préhension lors de cet exercice, clairement le HK33 en demande une supérieure ! Nous allons ici anticiper un peu sur la suite de cet article : avec le FAMAS F1, il s’agit de l’arme en 5,56×45 la plus difficile à maitriser du panel de cet essai…voire que nous ayant essayé à ce jour. Attention, à l’instar du M16A1, les deux armes restent « maitrisables » sur un champ de tir, mais nous ne sommes pas convaincus que le tir en rafale puisse être exploité facilement par un personnel peu aguerri en situation de combat…du moins sans bipied ! Car oui, ici aussi, la question du bipied se pose. Comme pour le G3, le FAL et HK-417, nous avons expérimenté la chose sur FAMAS F1, HK33 et Beretta AR-70/223 : l’exercice est évidemment plus concluant en 5,56×45 mm qu’en 7,62×51 mm…mais avec la distance (et on ne parle que de 100 m) …la chose n’est pas spécialement convaincante non plus. Voici une thématique que nous serons amenés à traiter prochainement…

Sur cette comparaison :

Voici une comparaison qui fait particulièrement sens à tous niveaux ! Le M16A1 fût officiellement adopté en 1967 et le HK33 commercialisé à partir de 1968, les deux armes étant développées pour la 5,56×45 mm M193. Clairement, le comportement au tir en rafale nous parait plus à l’avantage du M16A1. En coup par coup, la différence est imperceptible. Mais c’est l’occasion de rappeler ici que l’évaluation d’une arme ne se limite pas un seul critère ! Si nous avons beaucoup de plaisir à tirer avec le M16A1 pour des raisons essentiellement historiques, force est de constater que nous trouvons l’ergonomie (organe de visée comprise) bien meilleure et la mécanique bien plus saine sur le HK33. Le M16A1 conserve cependant une qualité : avec son chargeur 20 coups en aluminium, il ne pèse que 3,415 Kg à notre balance, contre 4,061 Kg pour le HK33, lui aussi avec un chargeur aluminium de 20 coups.

4. G3 & HK33

Cadence de tir mesurée sur la séquence :

  • G3 : 20 coups en 1,60 seconde, soit 750 cpm.
  • HK33 : 20 coups en 1,31 seconde, soit 914 cpm.

Ce qui est visible sur la vidéo :

On retrouve globalement le constat fait avec le M16A1, mais avec un HK33 un peu plus remuant. Il est cependant surprenant de voir que le canon du G3 ne se montre pas tellement plus agité que celui de son petit frère en 5,56×45 mm ! Évidemment, le recul n’est pas du même ordre. En fin de tir, les deux armes relèvent de façon identique, mais le retour vers l’avant du G3 est bien supérieur, avec une tendance nette à « mettre du temps » avant de se stabiliser comme déjà évoqué.

Ce qui n’est pas visible sur la vidéo :

Rien de spécial au regard des éléments déjà mentionnés plus haut, évitons donc les redites !

Sur cette comparaison :

Ici, la comparaison a particulièrement de sens quand on veut comparer directement le calibre, la mécanique est essentiellement identique. Nous disons essentiellement, car il y a une différence notable entre les deux armes : l’amortissement de l’ensemble mobile. Point faible du G3 de la Bundeswehr (corrigé sur d’autres versions), celui des HK33 a été repensé. Sur notre exemplaire de HK33 de 1975 (il semble qu’il existe plusieurs variantes de production) l’amortisseur est porté par la masse additionnelle (Photos 19 et 20). Et cette différence d’amortissement a bien évidemment une conséquence pour le comportement de l’arme : cela permet de transmettre de façon plus ou moins graduelle l’impact de l’ensemble mobile en fin de course. Si cette différence existe, elle est difficile à quantifier avec les moyens à notre disposition.  De plus, comme déjà évoqué, l’énergie de l’ensemble mobile est bien différente entre les deux armes…calibres obligent.

5. G3 & AK-74

Cadence de tir mesurée sur la séquence :

  • G3 : 20 coups en 1,60 seconde, soit 750 cpm.
  • AK-74 : 20 coups en 1,73 seconde, soit 696 cpm.

Ce qui est visible sur la vidéo :

Le constat est finalement proche de la comparaison G3 / AKM, mais avec évidemment, du recul en moins du côté de l’AK-74. Oui, plutôt similaire à la comparaison avec l’AKM qu’avec le M16A1 car on retrouve le côté « un peu remuant » de l’AKM, mais ici sans réel dépointage. À la fin du tir, l’AK-74 reste toujours – de mon point de vue – impressionnant : elle se fige quasiment en position, prête pour le tir suivant ! Ici, s’il restait des munitions dans le chargeur…

Comme pour l’AKM on constate que le panache de fumé est très différent, le dispositif de bouche de l’AK-74 ayant fait son œuvre…mais la chose est déjà développée dans la première partie, donc évitons les redites.

Ce qui n’est pas visible sur la vidéo :

C’est le grand écart : d’un côté l’arme du panel qui demande la prise en main la plus ferme qui soit, le G3, de l’autre l’AK-74 qui ne demande quasiment aucune contrainte musculaire !

Sur cette comparaison :

Comme pour l’AKM, elle a du sens d’un point de vue historique : les Allemands n’adopteront le 5,56×45 mm qu’au début des années 1990 avec le G36. Techniquement, nous sommes réellement dans deux mondes différents…faits d’extrêmes dans notre étude : comme déjà évoqué, au sein de notre panel, l’arme la moins contrôlable avec l’arme la plus contrôlable.

6. M16A1 & VALMET M76

Cadence de tir mesurée sur la séquence :

  • M16A1 : 20 coups en 1,54 seconde, soit 778 cpm.
  • Valmet M76 : 20 coups en 1,71 seconde, soit 701 cpm.

Ce qui est visible sur la vidéo :

Les deux armes ont un comportement très similaire, le Valmet M76 devenant un peu plus remuant au fil des tirs…mais, finalement ramené à sa position originale bien plus aisément que le M16A1. On retrouve sans doute ici la problématique de la répartition des masses mobiles dans l’arme…mais aussi de masse totale de l’arme : 689 g de plus pour le Valmet. En fin de tir, s’il semble que le Valmet M76 pique un peu plus du nez que le M16A1, la différence est faible.

Ici, on constate que le dispositif de bouche du Valmet M76 ne semble apporter aucun bénéfice en matière de relèvement, chose que nous supputions originellement à la rédaction de notre article sur cette arme (nous l’avons mis à jour à l’occasion de la parution de cet article – Photo 21). De même, comme exposé dans ce même article, le rebond de l’ensemble mobile est bien visible lors du dernier cycle, mais en fait si on y fait attention (ou avec de l’image par image), même lors des cycles de la rafale. Non, d’un point de vue moteur, le Valmet n’est pas un AK-47 améliorié ni même une copie de l’AKM…ça reste un portage indigénisé en 5,56×45 mm de l’AK-47, c’est tout !

Ce qui n’est pas visible sur la vidéo :

Paradoxalement, (ou pas d’ailleurs), le Valmet M76 nous paraît bien plus agréable à tirer en rafale que le M16A1. Et d’ailleurs, il y a fort à parier que votre serviteur, ayant déjà expérimenté les deux armes y soit allé plus « à la cool » sur le Valmet M76 que sur le M16A1. La différence de ressenti est à notre sens liée à la cadence de tir qui est bien plus faible avec un comportement « unitaire » (i.e. produit à chaque tir) quasiment identique. Et du coup le corps apprécie ce surplus de temps.

Sur cette comparaison :

Une comparaison qui a du sens…même époque, même munition, mais une architecture assez différente.

7. M16A1 & FAMAS

Cadence de tir mesurée sur la séquence :

  • M16A1 : 20 coups en 1,54 seconde, soit 778 cpm.
  • FAMAS : 20 coups en 1,11 seconde, soit 1086 cpm.

Ce qui est visible sur la vidéo :

Les premiers tirs paraissent similaires, mais le FAMAS se montre rapidement plus baladeur que le M16A1…une fois de plus, à notre sens, la faute à une cadence de tir bien trop élevé ! Ce n’est pas parce que je suis Français que je ne dois pas critiquer le matériel Français. En fin de tir, si le piqué du nez des deux armes est assez similaire, le retour vers l’avant du FAMAS F1 est bien plus ample que celui du M16A1. Ici aussi, on paye une cadence de tir trop élevé : le corps n’a pas le temps de repartir vers l’avant entre chaque tir…

Ce qui n’est pas visible sur la vidéo :

Comme le HK33, le FAMAS F1 nécessite une préhension bien plus ferme que le M16A1. Comme évoqué, la cadence de tir « impressionnante » du FAMAS F1 n’est pas un avantage : c’est une contre-partie de son principe moteur et de sa compacité ! Par ailleurs, être impressionné par les grands chiffres ne nous parait pas être fondamentalement un signe d’intelligence ! L’efficacité n’est pas dans les grands chiffres, mais dans l’accomplissement du bon objectif.

Sur cette comparaison :

Elle est parfaitement rationnelle d’un point de vue historique et particulièrement intéressante d’un point de vue technique. Le M16A1 et FAMAS F1, tout en partageant leur calibre (et même des munitions énergétiquement très proches, la M193 et la F1A) sont très différents d’un point de vue moteur et ergonomique :

  • Le M16A1 est construit de façon « classique », avec le canon en ligne avec la partie haute de la crosse. Il fonctionne à culasse calée en utilisant un emprunt de gaz avec un verrouillage rotatif. L’amortissement de l’ensemble mobile est assuré par un tampon en matière synthétique. Le poids de l’arme est de 3,416 Kg avec un chargeur aluminium de 20 coups vide.
  • Le FAMAS F1 est construit en bullpup avec un canon ligne avec le milieu de la crosse. Il fonctionne par culasse non-calée avec mécanisme amplifié par levier. L’amortissement de l’ensemble mobile est assuré par un ressort via un levier (Photo 22). Le poids de l’arme est de 3,780 Kg avec son chargeur acier de 25 coups vide.

Donc, des choix de conception très différents…pour ne pas dire opposés ! Ainsi, malgré les différences, les comportements au tir semblent principalement impactés par la cadence de tir. Mais ici, plus qu’une réponse, ceci évoque en nous une question : quid d’un M16A1 avec une cadence de FAMAS F1 et vice et versa ? Dans le monde merveilleux du « tout est possible », nous avons une conviction : à cadence de tir équivalente, le FAMAS F1 serait bien plus maitrisable que le M16A1. Mais cela demeure…une conviction ! Chacun doit se faire sa propre idée.

8. HK33 & FAMAS

Cadence de tir mesurée sur la séquence :

  • HK33 : 20 coups en 1,31 seconde, soit 914 cpm.
  • FAMAS : 20 coups en 1,11 seconde, soit 1086 cpm.

Ce qui est visible sur la vidéo :

Le comportement des deux armes sur les premiers tirs est très proche malgré une différence de cadence de tir non négligeable. Avec les tirs, le HK33 se montre un peu plus « baladeur » que le FAMAS F1. En fin de tir, le comportement est identique.

Ce qui n’est pas visible sur la vidéo :

Comme évoqué précédemment, des armes en 5,56×45 mm du présent panel, ce sont les deux qui nécessitent la plus forte préhension. C’est sans doute corrélé au fait que ce sont les deux armes dotées de la cadence de tir la plus élevée. Mais malgré sa cadence de tir plus faible, le HK33 est à notre sens le plus complexe à prendre en main, et cela sans doute pour deux raisons :

  • L’ensemble mobile du FAMAS F1, proche du corps, génère un effet de levier moindre sur la crosse que celui du HK33, plus en avant.
  • La différence d’alignement du canon joue également en faveur du FAMAS F1 : le canon est dans l’alignement du milieu de la crosse (donc le milieu du point de contact avec le tireur) et non sur sa partie supérieure comme le HK33 ou le M16A1.

Sur cette comparaison :

Encore une comparaison qui a du sens et qui est riche en enseignement : les deux armes utilisent un système moteur proche, mais diffèrent sur leur construction « conventionnelle » / « bullpup ». La différence de cadence de tir s’explique en partie par une différence de la course des ensembles mobiles : 96 mm pour le HK33 et 88 mm pour le FAMAS F1.

9. AKM & FAMAS

Cadence de tir mesurée sur la séquence :

  • AKM : 20 coups en 1,81 seconde, soit 665 cpm.
  • FAMAS : 20 coups en 1,11 seconde, soit 1086 cpm.

Ce qui est visible sur la vidéo :

Si les premiers tirs montrent une différence nette entre le canon de l’AKM (qui descend) et celui du FAMAS F1 (qui monte), l’amplitude d’oscillation des deux armes devient similaire au gré des tirs, mais avec un AKM qui tend à descendre à chaque tir et un FAMAS F1 qui tend à monter à chaque tir. La chose produit finalement une contrainte assez similaire sur le corps, au point d’avoir un comportement quasi identique en fin de tir ! Et ceci, malgré toutes les différences existantes entre les deux armes, à commencer par leur calibre. Pour rappel 2040 Joules pour la 7,62×39 mm M43 dans un AKM, 1613 Joules pour la 5,56×45 mm F1A dans le FAMAS F1 (V0 de 960 m/s pour une balle de 3,5 g dixit le TTA 150).

Ce qui n’est pas visible sur la vidéo :

Idem que pour le M16A1 : malgré les apparences et la différence de puissance à l’avantage de la 5,56×45 mm, l’AKM (qui descend) demande moins d’efforts dans cet exercice que le FAMAS F1 (qui monte).

Sur cette comparaison :

Nous avons choisi cette comparaison car nous sommes sur les deux extrêmes en matière de cadence de tir…et parce que nous voulions un peu pousser la comparaison avec le FAMAS F1 !

10. AK-74 & FAMAS

Cadence de tir mesurée sur la séquence :

  • AK-74 : 20 coups en 1,73 seconde, soit 696 cpm.
  • FAMAS : 20 coups en 1,11 seconde, soit 1086 cpm.

Ce qui est visible sur la vidéo :

Ici, c’est le temps de stabilisation des armes qui est particulièrement intéressant : le FAMAS F1 se balade sur les 7 premiers coups (il monte, puis redescend), là où l’AK-74 est stable…de but en blanc. La chose est confirmée par la fin de tir, l’AK-74 se « figeant », là où le FAMAS F1 pique du nez : le corps n’a presque pas eu besoin de compenser le mouvement de l’AK-74.

Ce qui n’est pas visible sur la vidéo :

Bon, à force de redite, on enfonce ici une porte ouverte : l’AK-74 est bien plus aisée à maitriser que le FAMAS F1.

Sur cette comparaison :

Si elle est toujours intéressante (par curiosité) et d’un point de vue technique et historique, elle est en réalité – au sein de ce travail – peu intéressante de par les constats déjà établis jusqu’à présent ! Les comparaisons précédentes permettaient de largement anticiper ce qui est observable ici. Mais bon, la chose reste plaisante à visualiser !

11. M16A1 & SAR-80

Cadence de tir mesurée sur la séquence :

  • M16A1 : 20 coups en 1,54 seconde, soit 778 cpm.
  • SAR-80 : 20 coups en 1,69 seconde, soit 711 cpm.

Ce qui est visible sur la vidéo :

Si le comportement des deux premiers tirs est quasiment identique, dès le troisième tir le SAR-80 est renvoyé plus rapidement (en fait, plus facilement) vers le bas. Au cœur de la rafale, les deux armes ont un comportement assez similaire, le SAR-80 ayant sans doute une amplitude un peu plus grande dans son oscillation. En fin de tir, si le mouvement est assez identique, on note un rebond dans la stabilisation du M16A1, qu’on ne voit pas sur le SAR-80.

Ce qui n’est pas visible sur la vidéo :

Si les deux armes présentent effectivement un comportement similaire, ma perception en tant que tireur « blanchi sous le harnais » en la matière est que le SAR-80 est un peu plus aisé à stabiliser, ce qui est confirmé par la fin de tir. Ceci est peut-être dû au 67 cpm de différence…ou un biais cognitif de la part de votre serviteur. Au niveau de la différence de poids :

  • Le M16A1 pèse avec un chargeur 20 coups aluminium : 3,415 Kg
  • Le SAR-80 avec son chargeur aluminium de 30 coups : 3,649 Kg

Soit 234 g de différence à l’avantage du M16A1. Si cette différence de poids est importante au quotidien pour un soldat, elle est en réalité peu significative sur le comportement de l’arme.

Enfin, il est nécessaire de rappeler ici que dans le panel…il s’agit des deux seules armes dotées d’un arrêtoir de culasse en fin de chargeur ! Ce qui nécessairement, a une influence sur la fin du tir…mais dans quelles proportions ? À titre personnel, nous les pensons marginales, mais il faudrait des moyens actuellement hors de notre portée pour le vérifier. Ce questionnement rejoint celui de l’importance des masses mobiles en mouvement évoqué plus haut.

Sur cette comparaison :

Pour rappel, le SAR-80 nous sert de substitut à l’AR-18. La comparaison est donc particulièrement intéressante, car les deux armes trouvent finalement leur source au même endroit, en Californie. Il n’y a donc pas ici de conflit de nationalité ou d’idéologie…chose dont nul n’est réellement départi ! Et ici, clairement, un des avantages du M16A1 prétenduement lié à son principe moteur sans piston – sa qualité de tir – tombe : avec une mécanique largement revue et corrigée par ses propres concepteurs et avec un piston, la mécanique de l’AR-18 n’est pas moins performante en matière de comportement au tir…et peut-être un peu meilleure ! Les deux étant, rappelons-le, moins aptes à l’exercice qu’une AK-74 ! Sans être parfait, l’AR-18 présentait à nos yeux un vrai palliatif au militairement médiocre AR-15. Pourquoi médiocre ? L’explication viendra prochainement dans un article, mais il est clair que les choix de conceptions mécaniques de l’arme n’étaient en rien compatibles avec un emploi militaire, et même ses concepteurs…le savaient ! Ce qui expliquera l’avènement des AR-16, AR-18 et aussi du Stoner 63. Quant à la prétendue précision supérieure de l’arme…et bien nos différents essais depuis près de 20 ans de carrière dans la spécialité nous prouvent qu’il n’en est rien ! On obtient aisément des résultats en cible similaires (et pas qu’a 100 m) avec le Valmet M76, le FAMAS F1, le HK33 etc. Mais ceci est une autre histoire…

12. M16A1 & FNC

Cadence de tir mesurée sur la séquence :

  • M16A1 : 20 coups en 1,54 seconde, soit 778 cpm.
  • FNC : 20 coups en 1,65 seconde, soit 727 cpm.

Ce qui est visible sur la vidéo :

Ici aussi, le comportement des deux armes est globalement similaire, et ce malgré la différence de munition et de mécanique !

Ce qui n’est pas visible sur la vidéo :

Un peu comme sur la vidéo, il est difficile de différencier le comportement de ces deux armes en tant que tireur. Beaucoup de choses nous plaisent sur le FNC, mais clairement le tir en rafale n’est pas particulièrement meilleur que sur d’autres fusils en 5,56×45 mm. Ni pire d’ailleurs. Comme le M16A1, l’arme demande une certaine préhension et a envie de « s’envoler ».

Sur cette comparaison :

Comme mentionné préalablement, il eut été plus convenable de comparer le M16A3 au FNC : mais faute de grive, on mange des merles ! La comparaison n’en demeure pas moins pertinente : il s’agit bien de deux fusils d’assaut en 5,56×45 mm, mais qui sont dévolus à des munitions différentes. Il s’agit par ailleurs de deux fusils qui ont servi de référence pendant de nombreuses années : le premier de manière informelle car ayant été l’arme de l’armée Américaine, le second de manière consciencieuse dans les officines de l’OTAN, aux côtés des M16A2/A4, G36, L85A2 et Beretta AR70/90.

En conclusion

Au terme de ce second volume, une quantité non négligeable de matériel a été comparé. Étendre le champ à de nouveaux fusils d’assaut serait bien évidemment toujours intéressant, mais nous paraît dorénavant moins nécessaire. Par contre, ouvrir le champ de la comparaison avec des pistolets-mitrailleurs nous semble ici pertinent. De même, un travail sur le tir en rafale depuis une position couchée nous paraît intéressant à réaliser. Tellement de choses à faire…

Arnaud Lamothe

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    Arnaud Lamothe

    Expert près la Cour d'Appel de Limoges, ancien contrôleur des services techniques du ministère de l'Intérieur, cofondateur du site LAI Publication, Arnaud est un spécialiste des armes de guerre de petit calibre. Auteur d'articles, il désire au travers de ce site partager sa passion et ses connaissances pour ces sujets.

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