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World of Guns : un jeu qui nous concerne

Si je vous dis qu’il existe un jeu vidéo qui permet de démonter et remonter plus de 247 armes, de visualiser leurs fonctionnements, le tout en 3 dimensions et gratuitement, vous me direz sans doute : c’est impossible. Et pourtant, si, ce jeu existe depuis 2014. Il est disponible sur iOS, Android et PC. Faisons ensemble le tour de ce formidable outil que constitue pour nous le jeu de « Noble Empire ».

La genèse

Précisons avant de commencer que cet article n’est ni un « placement de produit », ni un « partenariat » : j’ai choisi de parler de ce jeu, car celui-ci, comme vous allez le voir, a eu une réelle influence sur mon instruction technique. L’article a été réalisé avec le regard bienveillant des créateurs du jeu, qui ont répondu à toutes mes questions et à qui j’ai adressé avant publication – par correction – l’épreuve de cet article. Et j’ai bien évidemment, pris en compte toutes leurs remarques. Cela dit, il s’agit d’un travail réalisé en toute liberté, à charge et à décharge : je ne l’aurais en aucun cas publié sous une quelconque contrainte…ce n’est pas mon genre ! De même, parlant de jeux vidéo, il va y avoir plusieurs anglicismes…je m’excuse par avance auprès des personnes à qui cela va écorcher les oreilles.

L’histoire commence en Ukraine en 2008. Il y a alors une crise économique qui conduit à la fermeture de beaucoup d’entreprises, dont des entreprises de développement de jeu vidéo. Ce sont des personnes issues d’une de ces entreprises fermées qui décidèrent d’étudier la possibilité de continuer leur activité de façon indépendante. Leur choix se porta sur la réalisation d’un jeu pour le système d’exploitation iOS, utilisé sur les très populaires Iphone et Ipad. Après différentes prospections, c’est à la faveur du visionnage d’une vidéo à vocation professionnelle du démontage d’un Glock,  que Valerii Z. et Viacheslav K. eurent l’idée de créer un jeu de démontage et de remontage sur les armes à feu. Et pourtant aucun des protagonistes de cette histoire n’avait la moindre base en arme à feu ! C’est donc uniquement armés d’Internet et sans aucune arme physiquement à disposition que cette aventure incroyable a commencé. À l’issue d’une somme colossale de travail en recherche et développement, est lancé « Gun Disassembly 3D » en 2009. En pleine hype sur Counter-Strike (pour les moins connaisseurs du secteur du jeu vidéo, un jeu qui a littéralement chamboulé le genre du jeu de tir à la première personne), 5 armes très populaires sont choisies pour ce premier lancement : le Colt 1911, le SIG P228, le Desert Eagle (évidemment !), le Beretta 92FS et le Glock 17…  Pour ceux qui se demandent à quoi ça ressemblait, voici un petit aperçu :

Sortirent ensuite l’AK-47 (second type, s’il vous plait !) et l’UZI. Le succès étant au rendez-vous, l’équipe décida d’investir les gains dans le développement du jeu. Le nombre de modèles augmenta donc…et avec cette augmentation, les difficultés qui vont de pair : plus de modèles, plus de subtilités techniques, plus d’apprentissages…et toujours plus de travail ! Et évidemment, avec l’apprentissage, la conscience des erreurs commises…et les correctifs qui vont avec : encore du travail ! Le succès grandissant permit de faire émerger le jeu sur PC . « World of Guns – Gun Disassembly » – WoG pour les intimes – sera lancé sur Steam (une des plus grandes plateformes de distribution de jeux vidéo dématérialisés) le 21 Mai 2014. Évidemment, le titre fait écho à d’autres succès majeurs du jeu vidéo tels que « World of Warcraft » (« WoW » pour les intimes) ou « World of Tank » (« WoT », pour les intimes) et clairement, l’idée marketing (car il en faut dans ce bas monde) était excellente ! Si les premiers retours sur cette version PC furent mitigés, un travail conséquent avec la communauté fut réalisé pour corriger les erreurs de jeunesse. À titre personnel, notons que c’est lors de cette phase de perfectionnement que nous avons pris contact avec l’équipe du jeu, plus particulièrement avec Valerii. Si nos premiers échanges se firent autour du « Gameplay » (et plus particulièrement pour ceux que ça intéresse, le 4 décembre 2014, par le biais du forum Steam du jeu, autour de « l’accélérateur »), nous avons rapidement mis à disposition de l’équipe notre savoir et nos ressources (matérielles, par le biais de photos et de films, et techniques par le biais de très nombreux échanges !) permettant de réaliser de nouveaux modèles. Nous avons ainsi contribué à la documentation permettant – entre autres ressources – la réalisation de quelques modèles comme les pistolets Bergmann-Bayard Model 1910 et PSM, le fusil d’Assaut Galil ARM, le fusils-mitrailleurs Ultimax 100 et PK, la clef-pistolet (dont l’article de Gilles Sigro est ici !)…et le FG-42 Type G. Le temps d’un séjour en France, nous avons même partagé ensemble une chouette séance de tir, au temps béni où ce type de partage n’était pas régi par la législation…autre temps, autres mœurs. Les attentats de 2015 n’avaient pas encore plongé notre pays dans une couche de noirceur supplémentaire.

Et notre participation n’en est qu’une parmi tant d’autres…mais surtout qu’une part infime du travail accompli ! C’est fort de ce travail et des évolutions qui en découlent qu’au moment où nous écrivons ces lignes, le jeu totalise environ 18 000 évaluations (dont la mienne) sur la plate-forme Steam, avec une évaluation globale « très positive » : 83% d’avis positifs. Plus de 100 000 joueurs se connectent chaque semaine.  Il est donc disponible sur iOS, Android et PC, avec actuellement, 247 armes disponibles, 16 modèles « Premium » et 10 Stands de tir (Photo 01) ! Nous allons détailler tout ceci.

Un puzzle game, encyclopédique et compétitif

Le jeu est un « puzzle game », au sens où le démontage et le remontage d’une arme, surtout sur un support numérique qui s’affranchit de l’outillage et de la dextérité nécessaire, peut s’apparenter à un puzzle. Il contient – pour ceux que cela intéresse – une notion de compétition entre les joueurs : les opérations démontage / remontage sont chronométrées, et des tableaux affichent les meilleurs scores. Une « vibe » finalement très « old school », qui n’est pas sans rappeler les salles d’arcade pour les plus séniles d’entre nous… Mais le « scoring » n’est en rien un aspect impératif du jeu : chacun peut y jouer comme bon lui semble. Chaque arme est découverte au moyen d’un « tutoriel » de démontage / remontage sommaire, puis avancé, et enfin au travers de la mise en œuvre de l’arme (Photos 02 à 05). Pour nous ce dernier mode, dénommée « Opération » est clairement la partie chef-d’œuvre du jeu, et ce sans dévaluer le reste : nous avons beaucoup joué sur ce qui constitue le cœur du jeu, c’est-à-dire les opérations de démontage / remontage. Mais dans le mode « Opération », vous pouvez voir le fonctionnement de l’arme, en cachant les pièces que vous désirez, en vous dotant d’une vue « Rayon X » et parfois d’une vue en coupe et en faisant défiler le temps à votre gré (Photos 06 à 10). À la découverte de ce mode, pour moi, c’était un rêve de gamin (oui …j’ai vraiment rêvé de ça durant mon adolescence…c’est grave docteur ?) qui venait de s’accomplir…La même émotion que le jour où j’ai tirée à la PPS-43 pour la première fois (c’était mon ultime licorne !) ! Il est à noter que ce mode fut, selon les créateurs du jeu, le plus difficile à créer : absent des premières versions de « Gun Disassembly 3D », il fut créé à la demande des joueurs. Comme déjà évoqué, l’équipe s’est toujours montrée très attentive aux demandes de sa communauté.

Une fois cette partie apprentissage passée, le jeu peut se prolonger : dans le vrai mode « puzzle » (Photo 11). Donc, on démonte et on remonte, sans aide, des tas d’armes. Pour casser la monotonie du démontage / remontage basique (moi, dans la vraie vie, je ne m’en lasse jamais mais bon…), la formule se décline sous trois modes :

  • Le mode normal, baptisé « Jeu » : les actions de démontage / remontage suivent un ordre (parfois par sous-ensemble). Afin de gagner plus de points, il est possible d’obtenir des bonus : aucune erreur dans la sélection chronologique, action menée dans le calme (comme dans la vraie vie !), rapidité, bonus d’accélération, classement journalier. À la fin, le score est calculé en fonction de la vitesse globale et des bonus obtenus.
  • Le mode « Jeu Super » : il reprend globalement la même formule que le mode « Jeu » mais à un tout petit détail près : vous n’avez pas le droit à la moindre erreur ! Toute erreur de choix chronologique entraine immédiatement la fin de la partie.
  • Le mode « Hardcore » : il reprend toujours la formule du mode « Jeu », mais là aussi, une différence : il est possible de démonter plusieurs pièces / ensembles de façon simultanée ! Le jeu est donc beaucoup plus rapide.

Chaque mode comporte ses propres tableaux de scores. Mieux que des écrits, vous trouverez en fin d’article des liens pour essayer le mode “Opération”, sans même installer quoi que ce soit sur votre support, ordinateur ou téléphone !

Il existe enfin un mode « Peinture », qui permet aux plus créatifs de customiser les armes d’un point de vue graphique…et de jouer en utilisant le fruit de cette création (Photos 12 et 13). Si ce mode n’a clairement pas notre faveur (…je ne suis pas vraiment un artiste…), nous ne sommes clairement pas représentatifs de l’ensemble de la population et l’engouement autour des « Skins » dans les jeux vidéo (mais aussi des customs dans la vraie vie en fait…) est là pour nous confirmer que ce mode est plébiscité par nombreux de joueurs. Le « Hub » de la communauté Steam sur ce jeu n’est pas pour nous faire mentir à ce sujet ! Enfin, il est aussi nécessaire de mentionner ici que les créateurs du jeu mettent à disposition des joueurs de bien beaux « artworks » pour bon nombre de modèles jouables (Photos 14 et 18).

Pour diversifier l’expérience, l’équipe a aussi proposé des modèles « Premium » : des véhicules, civils comme militaires, mais aussi…des squelettes (Photos 19 à 23) ! À titre personnel, nous rêvons d’une gamme de moteurs thermiques fonctionnels…mais nous sommes peut-être un peu gourmands ! Dans le même esprit, 10 stands de tir permettent la mise en œuvre de certaines armes : nous allons revenir sur ce sujet en fin d’article.

Le format économique du jeu est un « free-to-play », c’est-à-dire un jeu gratuit à jouer, mais sur lequel il est possible d’acheter un certain nombre de chose. Ainsi, si la progression « normale » du jeu (c’est-à-dire, le déblocage de nouveaux modèles dans l’arbre de progression) se fait par le gain de « points d’expérience » et de « crédits » à chaque partie sans dépenser le moindre copeck, il est possible de débloquer les modèles instantanément par des achats. Plusieurs offres sont existantes. On ne saurait d’ailleurs que recommander l’achat du « Guns Full Access », qui débloque tous les modèles d’armes actuellement au catalogue mais également ceux à venir… Car oui, l’équipe n’a pas abandonné le jeu depuis son lancement et très régulièrement, de nouveaux modèles sont publiés. Il existe aussi une offre « cosmétique », bien connue des joueurs de jeux vidéo, qui permet d’augmenter sa palette, dans le mode « Peinture ».

Alors, un jeu vidéo, vraiment ?

Oui, c’est un jeu, mais surtout, clairement une des sources documentaires sur la technique des armes les plus complètes et les plus efficaces que nous connaissions, si ce n’est la plus efficace. Ses créateurs désignent d’ailleurs leur jeu comme « l’ultime encyclopédie 3D sur les armes dans un jeu compétitif. À titre personnel, nous parlons de ce jeu après l’avoir « poncé » : nous sommes à presque 100% de progression…ne bloquant réellement que sur un modèle « Premium » …vous découvrirez lequel en parcourant les photos de cet article !

Cette source est-elle parfaite ? Aucune ne l’est ! Même le site LAI Publications ne l’est pas (c’est dire…évidemment, c’est du second degré !). Y a-t-il des erreurs ? Évidemment, comme sur n’importe quel support, surtout aussi riche en références (pour rappel 247 armes au moment où nous écrivons ces lignes). Plus il y a de contenu, plus les probabilités de la présence d’erreurs sont grandes. Quels types d’erreurs ? Certains se plaindront  d’une pièce à l’envers sur le G3 (le support de levier d’armement)…d’autres d’une chronologie imparfaite sur certaines animations (oui…votre serviteur par exemple) : mais ce n’est que du chipotage. La base de données est tout simplement exceptionnelle. Pour éviter d’être trompé par ces erreurs, comment procéder ? Comme toujours : en recroisant les données ! Comme déjà mentionné toutes les sources sont potentiellement sujettes à erreur : même un des spécialistes les plus en vue de la toile laisse passer des « coquilles » (et je suis gentil…) dans ses publications les plus ronflantes…Sérieusement, mettre la culasse et le LAI du FAMAS à l’envers sur une photo d’un livre spécialisé sur les armes Françaises…vraiment ? Mais revenons à nos moutons : tout le monde fait des erreurs ! Dès lors, il faut chercher à les corriger…quand c’est possible de le faire. Car ici, aussi, il faut bien comprendre que si le format numérique donne le sentiment au profane que « tout est faisable », eh bien il n’en est rien ! Les développeurs sont parfois prisonniers de moteur employé (ici Unity) ou de choix de développement précoces (mais sans lesquels, rien ne se crée), voire même de la communauté ! Sur ce dernier point, certaines armes (notamment les modèles les plus anciens, dont l’AK-47 Type 2 qui est la première arme d’épaule publiée) mériteraient clairement d’être « rafraichies » : mais cela implique beaucoup de travail, de ré-initialiser des tas de scores, et notamment des joueurs les plus pointus du jeu, ayant parfois passé des heures à perfectionner leurs performances. Si certaines armes ont pu bénéficier de ce rafraichissement (par exemple le UZI), il faut bien prendre conscience de la masse de travail que cela représente. Donc, il faut savoir être ici raisonnable et profiter de l’outil merveilleux que constitue WoG, même s’il reste perfectible ! De toute façon, vous ne pourrez jamais vous passez de recouper les sources si vous désirez acquérir un savoir pointu et fiable, et ce dans n’importe quel domaine. L’avantage avec WoG, c’est que la source est très riche, globalement très pertinente…en plus d’être ludique !

L’outil est tellement puissant que nous l’utilisons régulièrement au cours de formations techniques à destination de professionnels ainsi que pour nos publications (Photos 24 à 28). Alors que nous lui présentions le jeu, un formateur d’une grande marque d’arme à feu, nous disait – sur le ton de la plaisanterie certes – : « Tu veux nous mettre au chômage » ? (Ou plutôt « Tu feux nous mettre au chômache » ?) Derrière toute plaisanterie, il y a une part de vérité ! De même, certains Youtubeurs en font un usage conséquent dans leurs vidéos. Et ici aussi, à raison : du moment que les règles tacites du « Fair Use » (dans son acception morale et non légale) sont respectées…c’est-à-dire ici, rendre à César, ce qui est à César ! Ces images, ce sont celles de WoG ! Des gens ont travaillé dur pour les produire. En France, c’est même le sens du 3° de l’article L.122-5 du Code de propriété intellectuelle : là, nous sommes dans le légal.

Quel avenir ?

Nous avons évoqué précédemment l’existence de 10 « stands de tir » dans WoG. C’est en désirant approfondir cette expérience – appréciée par un grand nombre de joueurs qui trouvait le concept pas assez développé dans WoG – que l’idée émergea l’idée de World of Shooting (Photos 33 à 41). Il s’agit donc de proposer un stand de tir virtuel, permettant l’emploi d’une large palette d’armes, le tout dans un environnement de type « Practical Shooting » donc dynamique. On retrouve ici l’idée de compétition internationale par le biais de tableaux de scores et d’un système de progression par points d’expérience.

Le jeu est actuellement en « Beta fermée » (expérimentation avec un panel de joueurs sélectionnés, pour faire évoluer le jeu et corriger ses défauts). Nous avons l’honneur de participer à cette aventure : si la perspective de tirer sur du carton et des gongs nous semblait initialement moins ludique dans un jeu vidéo que celle de dégommer des zombis, des démons et autres militaires de tous bords, force de constater…et bien que ça marche. On a envie de progresser, de gagner des points, de débloquer du matériel et de « customiser » celui que nous avons. Comme WoG, le jeu est bon, sans l’ombre d’un doute.

L’équipe n’abandonne pas pour autant WoG : le développement de nouveaux modèles se poursuit en parallèle. Il est d’ailleurs intéressant de noter que les développements des deux jeux vont de pair : WoG constitue une merveilleuse base pour WoS.

En conclusion

C’est les vacances, il fait chaud, vous allez rester enfermés (au frais ?) …C’est le bon moment pour se lancer sur WoG ! Vous allez vous amuser et apprendre : qu’y a-t-il de mieux ? Il y a même à parier que ce jeu, comme tout ce qui sollicite la mémoire et les réflexes, a des aspects très positifs pour votre cerveau…mais nous sortons de notre domaine de compétence ! Enfin, il est coutume de donner une note quand on parle de jeu vidéo : 19/20. On n’atteint jamais la perfection, mais le produit fini est exceptionnel pour les amateurs d’armes que nous sommes…et dans l’absolu gratuit ! Néanmoins, n’hésitez pas à débourser quelques piécettes si vous appréciez le contenu : c’est comme pour LAI Publications, il y a des gens qui travaillent derrière, et qui méritent de pouvoir faire vivre leurs familles dignement.

Arnaud Lamothe

Remerciement : l’équipe de Noble Empire, bien évidemment !

Allez, chose promise, chose due, quelques liens pour tester la chose sans aucune contrainte :

http://m16demo.com/

http://www.ak47demo.com/

http://www.collierdemo.com/

https://stryk-b.ultimate-disassembly.com/

    Ne manquez plus rien, vous serez averti par mail de la sortie de nos articles !

    *Nous aussi nous détestons les spams

    Arnaud Lamothe

    Expert près la Cour d'Appel de Limoges, ancien contrôleur des services techniques du ministère de l'Intérieur, cofondateur du site LAI Publication, Arnaud est un spécialiste des armes de guerre de petit calibre. Auteur d'articles, il désire au travers de ce site partager sa passion et ses connaissances pour ces sujets.

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