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Le Valmet M76 en calibre .223 Rem

L’histoire se montre parfois facétieuse : si le Suomi KP-31 Finlandais servit indéniablement d’inspiration au développement des pistolets-mitrailleurs Soviétiques d’avant-guerre, c’est bien l’AK-47 Russe qui servira de base au développement du fusil d’assaut Finlandais.

La Kalashnikov au pays du Père Noël

Au cours du XXe siècle, les relations entre la Finlande et la Russie (en son temps Soviétique) furent pour le moins complexes. Après deux guerres les opposant, la Finlande signait une paix séparée avec l’URSS en 1944. Par la suite, le traité de paix de 1947 et le traité d’assistance mutuelle entre la Finlande et l’URSS de 1948 devait initier une neutralité quelque peu étrange en ce début de guerre froide. Neutralité étrange, car si la Finlande n’intégra alors ni l’OTAN, ni le pacte de Varsovie, elle conserva néanmoins des liens proches avec son voisin Soviétique. Ces liens seront visibles dans de nombreux domaines et notamment dans le choix du matériel militaire.

Ainsi, au moment de choisir un remplaçant au vénérable Mosin-Nagant, maintes et maintes fois reconstruit par les Finlandais en différentes variantes qui font aujourd’hui la joie des collectionneurs, la Finlande se tourna vers une solution proche des Soviétiques. Après l’achat pour évaluation d’AK-47 auprès des pays du Pacte de Varsovie (en Russie ou en Pologne selon les sources), l’arme adoptée et fabriquée localement fut le RK 62 en calibre 7,62×39. Si cette arme, produite par VALMET et SAKO, dérive directement de l’AK-47, elle comporte tout de même un certain nombre de différences. Bon nombre d’entre elles se retrouveront sur le M76 sujet de cet article.

Le RK 62, arme rare dans les collections privées, possède un boîtier en acier forgé et usiné. Comme pour les autres pays fabricants de variantes de l’AK-47, ceci sera très certainement (du moins pour un temps) perçu comme un problème productique face à des besoins potentiellement massifs. Il faut appréhender ici que le spectre de la Seconde Guerre mondiale était encore présent dans tous les esprits, notamment des dirigeants : hommes et matériel y avaient été consommés massivement. Ainsi, sa substitution par un boîtier en tôle emboutie sera considérée (pendant un temps du moins) comme une solution. Mais à l’instar des Chinois, mais pour d’autres raisons, la Finlande ne se tournera pas vers une fabrication locale de l’AKM. Elle produira sa propre variante de tôle emboutie, très proche du RK 62 sur le reste de ses spécificités. Il s’agit donc, comme pour les Type-56 Chinoises en tôle emboutie, d’une arme plus proche d’un AK-47 que d’un AKM. Pour une raison qui nous est inconnue, lorsque qu’une nouvelle version sera produite pour les besoins militaires Finlandais au lendemain de la Guerre Froide (du moins, la pause qu’elle connut dans les années 1990…), c’est un boîtier forgé et usiné d’un nouveau dessin qui sera retenu avec le SAKO M95 en calibre 7,62×39 (toujours en dotation en Finlande au moment où nous écrivons ces lignes). Ce choix réside peut-être simplement dans le fait que les volumes de production ne suffisaient peut-être pas à justifier la mise en place d’une chaine de tôle emboutie. Celles-ci sont rentables uniquement pour de très grandes séries de par l’usage de machines spécifiques dont l’investissement initial est important. D’autre part, la volonté de tirer des grenades à fusil avec cette nouvelle arme réglementaire ne fut peut-être pas étrangère à cette décision.

Si le RK 62 connut quelques ventes à l’export, une variante plus particulièrement destinée à cet effet vit le jour en 1976. Cette variante, baptisée “M76”, fut proposée en 5,56×45, 7,62×39 et même en 7,62×51. L’arme ne connut qu’un faible succès militaire, et un succès relatif pour les productions destinées au marché civil. Une variante “Bullpup” fut également proposée, nommé M82. Elle ne connut qu’une diffusion limitée, mais passera à la postérité par sa présence dans les scènes futuristes du film “The Terminator” de 1984. Cette version tirant des lasers ne fût pas commercialisée à notre connaissance!

On notera ici que malgré le fait de posséder une industrie armurière en capacité de fabriquer des armes de qualité pour les besoins de son armée, la Finlande ne semble pas avoir hésité à acheter des variantes étrangères de Kalashnikov notamment pour équiper ses réservistes. On compte parmi ces achats des productions Est-Allemandes, mais aussi Chinoises avec un achat conséquent de Type 56-2. Ces achats réalisés dans les années 1990 découlent vraisemblablement d’opportunités économiques intéressantes, permettant de remplir les réserves à faible frais. Enfin, il est nécessaire de préciser ici qu’outre les modèles destinés à l’export, la Finlande fut largement impliquée dans la mise en production du Galil en Israël. On retrouve d’ailleurs dans l’arme Israélienne certaines spécificités de l’arme Finlandaise (Photo 02).

Une “Finlandisation” positive de l’AK-47

L’arme reprend donc le principe moteur de l’AK-47 : un piston attelé à la pièce de manœuvre associé à une culasse rotative à deux tenons en tête. Si le dessin de la culasse est très proche de l’AK-47 (mais pas de l’AK-74), on note cependant que la goupille du percuteur n’est pas positionnée de façon identique (Photo 03). En effet, sur l’arme Russe, celle-ci sécurise la goupille d’extracteur tout en étant positionnée au sommet de la came de manœuvre, rendant une sortie impossible dans une arme montée (la came se trouvant au fond du chemin de came du transporteur de culasse – Photo 04). Ici, rien de tel : chaque goupille est dans un logement indépendant…et comble du mauvais goût (du moins, à notre sens), se voit pointée pour éviter une sortie accidentelle. Cette disposition nous paraît peu compréhensible…mais elle doit néanmoins avoir une raison !

Le système de mise à feu est lui aussi copié de l’AK-47 : constitué de 11 pièces, goupilles et ressorts compris (Photo 05). Il comporte néanmoins un petit raffinement présent uniquement à partir de l’AK-74 pour les productions Soviétiques : le séparateur possède une butée sur la carcasse, disposition supprimant le fameux “AK-Slap” (Photo 06). Le « AK-Slap » est un violent retour de la détente dans le doigt du tireur lors du tir qui est lié à la brutale mise en mouvement du séparateur par le mouvement du chien refoulé par l’ensemble mobile. Quand il est dépourvu de butée sur la carcasse, il peut refouler la détente vers l’avant. Il serait intéressant de vérifier si cette disposition est présente sur le RK 62 ou s’il s’agit d’une spécificité introduite avec le M76. Le canon reste à une longueur optimisée pour le 7,62×39 : 418 mm. Il aurait été souhaitable d’avoir un canon plus proche des 500 mm pour exploiter pleinement le potentiel balistique du 5,56×45, mais cela se ferait au dépend de l’encombrement total.

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    Arnaud Lamothe

    Expert près la Cour d'Appel de Limoges, ancien contrôleur des services techniques du ministère de l'Intérieur, cofondateur du site LAI Publication, Arnaud est un spécialiste des armes de guerre de petit calibre. Auteur d'articles, il désire au travers de ce site partager sa passion et ses connaissances pour ces sujets.

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