Retour vers le futur : les armes Gyrojet

Les armes « Gyrojet » font partie de ces armes « fantasmatiques », au sens littéral du terme…généralement jusqu’au moment où on en tient un exemplaire entre les mains. Ces armes ont un aspect très « factice » : perdu dans un coffre à jouets d’enfant, peu d’adultes prêteraient la moindre à attention à ce qui semble être un pistolet à fléchette ! Et pourtant, si ces armes n’ont pas connu de glorieuses destinées, celles-ci ne sont absolument pas dénuées d’intérêt !

Le contexte

L’objet de cet article n’est pas de faire une présentation historique, mais bien plus de se focaliser sur les tenants et les aboutissants de ce concept. Aussi, un peu de contextualisation historique contribuera grandement à appréhender l’esprit de l’époque qui vu naitre ces armes atypiques. La société MBAssociates (généralement dénommé MBA), créatrice et productrice des armes et munitions « Gyrojet » fût créée dans les années 1960 par Robert Mainhardt (le M) et Arthur Biehl (le B). Celle-ci était localisée à San Ramon en Californie, dans la baie de San Francisco. Ce qui nous intéresse ici est bien l’époque et le lieu. L’époque, c’est tout simplement celle de la conquête spatiale et des missions de la NASA qui conduiront les Américains à marcher sur la Lune. L’époque, c’est aussi celle des recherches en armement (par exemple pour le petit calibre, le programme SPIW et le projet Salvo) et celle d’un point culminant de la guerre froide, avec la crise des missiles soviétique à Cuba et bien sûr, la guerre du Vietnam. C’est cette même époque qui voit disparaître l’industrie de l’armement de petit calibre étatisée américaine avec la fermeture de la Springfield Armory (l’originale…) par le secrétaire d’État Robert McNamara. Le lieu, c’est l’épicentre aux États-Unis de ce que nous appelons aujourd’hui la « tech » : la côte ouest. À la même époque, et à peine plus au sud sur la côte pacifique, une autre entreprise allait faire date : c’était Armalite, où Eugene Stoner, Jim Sullivan et Bob Fremont développaient l’AR-15.

Pour l’industrie de l’armement privée et des nouvelles technologies, c’est le lieu et le moment de tous les possibles. Le tout sous le soleil de Californie dans une explosion culturelle et consumériste sans réel précédent. On peut comprendre dès lors, l’énergie, l’argent et l’enthousiasme engagés dans ce projet qui paraît quelques décennies plus tard comme « caduque ». Mais à ce moment là de l’espace et du temps, rien n’était moins sûr.