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2 - Les pistolets-mitrailleurs Italien Beretta Modèle 38

Au cours des deux guerres mondiales, les soldats italiens furent souvent équipés d’armes bien fabriquées mais certaines étaient cependant peu pratiques et parfois peu fiables. Au milieu de ces armes médiocres, le pistolet-mitrailleur Beretta Modèle 38 se distingue par sa simplicité d’emploi et son efficacité. À ce titre, il représente sans doute l’une des armes le plus réussies de l’arsenal italien jusqu’en 1945. Sans doute cette réussite trouve-t-elle sa source dans son développement effectué en milieu privé, qui lui permit de voir le jour sans souffrir des pesanteurs tatillonnes de cahiers de charges militaires mal rédigés.

La genèse

En adoptant en 1915 la mitrailleuse jumelée ultra-légère Villar Perosa, l’Italie avait fait un premier pas vers l’adoption d’un pistolet-mitrailleur (Photo 01). Le Villar Perosa, tirant une version légèrement sous-chargée de la 9 mm Parabellum – le 9 mm Glisenti – ne possédait guère d’efficacité tant dans le rôle d’arme d’appui que dans celui de mitrailleuse d’aviation qu’on aurait souhaité lui faire tenir. Par contre, par ses dimensions réduites et sa relative légèreté, il répondait au besoin qu’éprouvaient les combattants de première ligne et les Arditi des corps francs d’une arme automatique mobile, capable de délivrer rapidement un grand volume de feu dans une zone critique du front, auquel l’adoption du MP 18/I allemand allait apporter une réponse quelque temps plus tard sur le front français.

De tentatives furent réalisées pour rendre le Villar Perosa transportable et utilisable par un combattant en déplacement. Ces recherches aboutirent très vite à la dissociation du jumelage et au montage de chacun des ensembles canons/ boîtier de culasse sur une crosse équipée d’un mécanisme de détente du type carabine. Ces modifications sont présentées plus en détail dans l’article de Michael Heidler disponible sur ce même site. C’est ainsi qu’au lendemain de la Première Guerre mondiale apparut toute une gamme de pistolets-mitrailleurs dérivés du Villa Perosa, dont la plupart furent réalisés par les usines Beretta sous l’autorité de l’ingénieur Tullio Marengoni (Photo 02).

Comme les autres PM fabriqués à cette époque, ces armes ne trouvèrent guère d’acquéreurs, car l’expérience de l’emploi du Bergmann MP 18/I allemand avait été oubliée et la plupart des armées du monde étaient à cette époque surtout préoccupées par l’adoption d’un fusil-mitrailleur réellement performant. Beretta commercialisa une carabine très proche de ses PM mais dépourvue de capacité de tir par rafales : la Beretta modèle 18/30. Cette arme fut employée par certaines forces de police italiennes (Photo 03) mais aussi par la police argentine et l’on en retrouva en 1938 dans les stocks d’armes dissimulées en France par le mouvement social révolutionnaire plus connu sous le nom de « la cagoule ». En dépit de cet unique succès commercial de l’entre-deux guerres, Tullio Marengoni poursuivit ses travaux en vue de la mise au point d’un PM performant.

Le « Moschetto Automatico Beretta Modelo 38 »

L’incertitude qui persistait au sein des états-majors sur l’emploi tactique du pistolet-mitrailleur conduisit Tullio Marengoni à proposer un nouveau type d’arme : le mousqueton automatique ou « Moschetto automatico » en italien. (Photos 04 à 08). Fonctionnant à culasse non calée, il tirait à culasse ouverte une nouvelle munition très proche de la 9 mm Parabellum, mais à charge renforcée : la 9 mm M.38 (Photo 09). Cette munition vint augmenter la puissance de la 9 mm Glisenti alors employée par l’Italie dans ses armes de poings (Glisenti modèle 1910, Brixia modèle 1912 et Beretta modèle 1915) ainsi que de la Villar Perosa et ses dérivés. L’emploi de la 9 mm M.38 est d’ailleurs à proscrire dans ces pistolets, encore partiellement en service dans l’armée italienne pendant la seconde guerre mondiale (Photo 10). Afin d’éviter toute confusion, l’étui de cartouches M.38 est identifié par une cannelure imprimée à sa partie médiane. Ces munitions étaient livrées montées sur des lames-chargeurs de 10 cartouches analogues à celles utilisées dans les pistolets Mauser modèle 1896 (Photo 11).

Le levier d’armement est positionné sur le côté droit et possède un volet cache-poussière usiné (Photo 12). L’arme est dotée de deux queues de détente : une à l’avant qui commande le tir coup par coup et l’autre à l’arrière le tir par rafales, cette dernière est striée pour une identification tactile aisée (Photo 13). La présence sur l’arme d’un dispositif de blocage permettant à volonté de neutraliser la fonction tir par rafales confirme la vocation prioritaire de carabine semi-automatique (Photo 14). Un levier de sûreté bloquant les détentes est placé du côté gauche du boîtier (Photo 15). Pour le transport de l’arme chargeur enlevé, le logement de chargeur comporte un volet destiné à éviter l’entrée de corps étrangers dans le mécanisme (Photo 16). Une solide crosse en bois à poignée demi-pistolet, une hausse graduée jusqu’à 500 m et un canon de longueur respectable (31,5 cm contre 20 cm pour la plupart des PM), pouvant être prolongé d’une baïonnette à lame repliable complétaient le caractère de carabine semi-automatique de cette arme (Photo 17 à 21). L’armée italienne l’adopta en 1938 sous l’appellation de « Moschetto Automatico Beretta Modelo 38 » (en abrégé MAB Mod.38). Elle entra également en service au sein de la milice des volontaires de sécurité nationale (MVSN) et de la police coloniale.

L’arme est équipée d’une culasse dont le ressort récupérateur de faible diamètre est logé dans un tube télescopique, selon le principe mis en vigueur quelques années plus tôt par l’Allemand Heinrich Vollmer (Photo 22). Le ressort ainsi captif, cette disposition permettait un démontage très facile, dans lequel culasse et ressort récupérateur sont retirés de l’arme en un seul mouvement (Le démontage est présenté sur les photos 23 à 30). Cette disposition évite également l’action de corps étrangers sur le ressort et prévenait les torsions de ce dernier, fréquentes avec les ressorts de faible diamètre non maintenu par une tige-guide (comme sur les MP 18/1 et les PM français STA). La culasse est munie d’un percuteur mobile actionné par un levier positionné sur la face inférieure de la culasse. Ce levier fait saillir le percuteur lorsque la culasse, en fin de mouvement avant, heurte le support de l’éjecteur (Photo 31). On retrouve cette disposition sur les PM Thompson 1921 et 1928. La partie arrière du tube de protection du ressort faisait saillie au centre du bouchon de culasse, ce qui avait pour effet de centrer le ressort et d’exercer sur le bouchon une pression permanente empêchant son démontage accidentel (Photo 32).

Sur les premières versions, le canon du MAB 38 est protégé par un manchon perforé, constitué d’un tube usiné percé de trous oblongs. Sur les versions suivantes les orifices sont circulaires. À l’avant du guidon est installé un compensateur de relèvement, fonctionnant sur le même principe que le compensateur « Cutts » des PM Thompson : il s’agit d’une pièce cylindrique percée de deux larges fenêtres orientées vers le haut qui canalisent une partie des gaz à la sortie du canon dans cette direction et limitent le relèvement de l’arme. Sur les modèles de fabrication plus tardive, les deux fenêtres seront remplacées par quatre fentes rappelant de très près celles de compensateurs « Cutts » de série (Photo 33).

La plaque de couche comporte une trappe relevable qui donne accès à un logement usiné dans la crosse dans lequel viennent prendre place deux tronçons de baguette (les baguettes du mousqueton Carcano) et un écouvillon de 9 mm pour le nettoyage du canon. (Photo 34)

L’introduction du chargeur se fait droite dans l’arme. Il est verrouillé par un levier dont la commande est située à l’arrière du puits de chargeur. On peut noter ici que le chargeur n’est pas positionné dans l’arme de façon strictement perpendiculaire au canon, mais avec un léger angle, une disposition plus propice à une meilleure alimentation.

À l’origine, trois types de chargeurs étaient disponibles : 10, 20 et 40 coups. Les cartouches y sont stockées sur deux colonnes imbriquées et se présentent alternativement sur la lèvre droite puis sur la lèvre gauche (Photo 35). Ce principe de fonctionnement les rend faciles à garnir à la main (au contraire des chargeurs de type « Schmeisser », dont les cartouches se représentent en position centrale). Il existait toutefois un petit guide (souvent dénommée « chargette » par les collectionneurs), destiné à permettre de les garnir avec des lames-chargeurs de 10 cartouches. Ce guide était souvent porté suspendu à l’équipement par un mousqueton. Les cartouches pour PM sont ainsi livrées sur ces lames-chargeurs qui permettent le remplissage rapide des chargeurs (Photos 36 et 37).

À une époque indéterminée furent également mis en service des chargeurs de 30 cartouches qui étaient extérieurement identiques à ceux de 40, mais dont la plaque de fond comportait une cale limitant l’enfoncement de la planchette élévatrice et la capacité à 30 cartouches (Photos 38 et 39). Il existe également des chargeurs de 30 cartouches d’une taille intermédiaire entre les chargeurs de 20 et de 40 coups, mais il semble qu’il s’agisse de fabrications postérieures à la Seconde Guerre mondiale. Les chargeurs sont bronzés et portent sur leur face arrière des chiffres de 10 en 10 repérant les trous de contrôle de remplissage. Certains chargeurs portent un marquage de fabricant mais la majorité sont anonymes (Photo 40). Le chargeur du PM Beretta modèle 38 se révélera tellement réussi, qu’il sera adopté sur l’ensemble des PM italiens : de la seconde guerre mondiale (TZ-45, FNAB-43), mais aussi sur des armes d’après-guerre comme le Franchi LF-57 et le Beretta modèle 12 S en service dans de nombreuses forces de police. Ce dernier fut en service dans la Police Nationale française, avec le PM 12SD, et sera remplacé seulement dans les années 2010 !

La version définitivement adoptée par l’armée italienne sera le « modèle 38A » dont la fenêtre d’éjection, jusque-là placée au sommet du boîtier est légèrement décalée sur la gauche du boîtier, afin que l’éjection des étuis ne perturbe pas la visée (Photos 41 à 43).

Évolution en cours de guerre

Au cours des années de guerre, le modèle 38 de série correspondant au type 3 décrit ci-dessus, c’est-à-dire doté d’un manchon à trous circulaires et d’un compensateur de relèvement à 4 fentes bénéficia de plusieurs simplifications destinées à réduire son coût de production et à en accélérer la fabrication (Photo 44 à 46):

  • le manchon de protection du canon, initialement usiné dans la masse fut remplacé par des manchons réalisés à partir de tubes étirés puis à partir d’ébauches rectangulaires enroulées et soudées sur sa partie inférieure,
  • au lieu d’être usiné dans la masse, le boîtier fut réalisé par enroulement et soudure d’une ébauche rectangulaire,
  • le poussoir de blocage du tir automatique, totalement inutile sur une arme de guerre fut supprimé,
  • le levier d’armement fut lui aussi simplifié et son volet usiné coulissant dans un rail, fut remplacé par une simple pièce de tôle emboutie couvrant la rainure d’armement,
  • le dispositif pour la fixation d’une baïonnette repliable fut supprimé,
  • peu à peu, le superbe noyer utilisé pour réaliser les crosses cessa de recevoir le poli d’antan pour prendre un aspect mat et mal fini puis il laissa la place à des bois plus simples d’aspect plus clair, exigeant moins de temps de séchage. Sur ces modèles de milieu de guerre le fût est légèrement raccourci à l’avant et se termine désormais un peu en avant du bracelet de grenadière.

Ces simplifications mineures restèrent toutefois insuffisantes pour répondre aux restrictions drastiques d’économie qu’imposait l’économie de guerre et les usines Beretta durent adopter en milieu de guerre des versions très simplifiées du modèle 38.

Les versions simplifiées de fin de guerre : les modèles 38/42 et 38/44.

En 1941, alors que l’armée italienne est engagée au côté de l’Afrika Korps dans les combats d’Afrique du Nord, l’État-major italien prend en compte le souhait de ses paras et de ses unités motorisées de disposer d’une arme courte à l’image de la MP 38 allemande (Photo 47).

La satisfaction de cette demande est confiée une fois de plus à Tullio Marengoni, qui créa le « Modèle 1» : une arme qui conservait le mécanisme de base du MAB 38 mais était dotée d’une crosse repliable inspirée de celle de la MP 38 allemande, d’une poignée-pistolet en aluminium et dont le fût s’arrêtait à hauteur du logement de chargeur (Photos 48 et 49). Ce dernier était profilé en forme de poignée. Le canon du Modèle 1 était dépourvu de manchon de protection, en revanche il était épais, afin de retarder son échauffement et rainuré de cannelures longitudinales destinées à augmenter sa surface de contact avec le milieu ambiant afin d’améliorer son refroidissement. Deux fentes usinées à hauteur de la bouche, perpendiculairement à l’axe du canon faisaient office de compensateur. L’arme était dotée d’une culasse à percuteur fixe, légèrement plus courte que celle du modèle 38. Cette version est parfois désignée par certains auteurs sous l’appellation de « Modèle 38/43 ». Il existe d’ailleurs une certaine confusion dans les appellations des PM Beretta. Nous avons pour notre part choisi de nous en tenir à la nomenclature « Modèle 1 » figurant dans le superbe historique de la firme publié par R.L. Wilson en 2001 aux éditions Proxima. Malgré cette ergonomie très améliorée, le « Modèle 1 » ne sera jamais fabriqué en série, sans doute du fait de son prix de revient trop élevé.

À cette époque, l’effort de guerre allemand commence à s’enliser en Russie : 1942 est l’année de Stalingrad et la campagne d’Afrique commence à prendre des airs de défaite. L’entrée en Guerre des États-Unis l’année précédente apporte aux alliés le secours d’un formidable potentiel industriel, au moment où la pénurie en matières premières s’installe dans les pays de l’Axe et que les premiers effets des bombardements stratégiques alliés commencent à peser sur l’économie du troisième Reich. Fin 1942, le ministre de l’armement, Albert Speer, incorpore purement et simplement l’industrie d’armement italienne aux sources d’approvisionnement normal de l‘armée allemande. Les usines du Nord de l’Italie sont peu à peu intégrées à l’appareil de production du troisième Reich. À la même époque, l’armée roumaine ne parvenant pas à obtenir suffisamment de PM Orita de la fabrique nationale de Cugir, opte également pour l’achat à son allié italien de PM MAB Mod. 38A et de MP 41 à l‘Allemagne (Photos 50 et 51).

Le troisième Reich ayant décidé fin 1943 d’abandonner la fabrication des MP 40 au profit de celle des MP 43 et 44, décide que les besoins en pistolets-mitrailleurs des troupes du Reich seront désormais satisfaits par des PM Beretta, qui prennent dans la nomenclature allemande l’appellation de « MP 739 (i) » (Photos 52 à 57). Il résulte de toutes ces évolutions une augmentation des commandes de « Moschetto Automatico » chez Beretta, qui se trouve contraint d’envisager une simplification du modèle d’origine afin de produire plus et à moindre coût.

En 1942, Tullio Marengoni, propose à l’armée italienne une arme plus compacte qui reprend le mécanisme du Modèle 1 avec une monture en bois à crosse fixe. Le boîtier n’est plus usiné ou en acier extrudé mais réalisé à l’aide d’une ébauche de métal emboutie, roulée et soudée. Le canon cannelé du modèle 1 avec deux fentes servant de compensateur à l’extrémité est conservé encore que certaines fabrications précoces soient dotées d‘un canon épais quasiment cylindrique et dépourvu de rainures. La hausse tangentielle des modèles précédents laisse la place à une hausse à deux feuillets pour les distances 100 et 200 mètres. La culasse est à percuteur fixe, en saille permanente dans la cuvette de tir. Cette version appelée « Modèle 38/42 »  sera abondamment fabriquée tant pour les forces italiennes que pour l’armée allemande (Photos 58 à 65).

Dans son ouvrage « The world’s Submachine guns and Machine pistols », Thomas B. Nelson indique que fin 1943, la production mensuelle de Beretta Modèle 38/42 avoisinait les 20 000 exemplaires, ce qui est tout à fait respectable pour une arme de conception assez traditionnelle, fabriquée dans un contexte de difficultés de ravitaillement en matière première.

Les difficiles conditions de derniers mois de guerre où le Sud de l’Italie est aux mains des Alliés et a signé un armistice avec ces derniers, alors que les troupes allemandes et leurs alliés fascistes de la République Sociale Italienne (RSI) occupent le Nord de l’Italie se traduisent dans le domaine industriel par une simplification accrue des fabrications. Fin 1943, le principe du ressort récupérateur dit « télescopique », si caractéristique du modèle 38 est abandonné au profit d’une culasse de type STEN composée d’une simple masse percutante à percuteur fixe prenant appui sur un ressort récupérateur de fort diamètre (Photo 66). Sur ce modèle, le bouchon de culasse ne comporte plus l’orifice central servant à centrer la partie postérieure du logement de ressort récupérateur, qui existait sur les modèles précédents et assurait le blocage du bouchon de culasse (Photos 67 et 68). Désormais pour démonter l‘arme, il n‘est plus nécessaire de comprimer l‘arrière du logement du ressort récupérateur pour permettre la rotation du bouchon de culasse : il suffit d‘effacer un poussoir de verrouillage placé à l‘arrière de la carcasse, qui assure ainsi le bouchon de culasse. Le canon perd définitivement son flutage (Photos 69 et 70). La plaque de couche voit également sa trappe être supprimée (Photo 71). Cette version simplifiée, baptisée Modèle 38/44 entrera en production en février 1944, au moment où les forces de l’axe évacuent l’Italie du Nord sous la pression des alliés.

La Libération du Nord de l’Italie, pas plus que le bombardement qu’elle subit le 3 avril 1945, n’interrompent les activités la firme Beretta qui poursuit ses fabrications pour armer les forces de l’ordre du nouveau gouvernement italien et qui ne tardera pas à rencontrer de très beaux succès à l’exportation vers le Moyen-Orient et l’Amérique du Sud où les PM Beretta seront abondamment employés (Photos 73 à 75). Les Beretta resteront en service très longtemps dans l’armée et la police italienne où ils ne seront détrônés que très progressivement à partir de la fin des années 70 par des PM de troisième génération comme le Franchi LF-57 et le Beretta Modèle 12. Le PM Beretta sera également adopté après-guerre par la police de frontières (BundesGrenzSchutz = BGS) Ouest-allemande lors de sa création précédant de peu celle d‘une nouvelle armée allemande : la Bundeswehr. Cette version du Beretta 38/42 est dotée d’un bouton-poussoir de sécurité traversant le fût (Photos 76 et 77). Une rumeur non confirmée assure que les Beretta et les PA Astra 600 livrés à l’Allemagne dans les années 50 constituaient la finalisation de commandes passées sous le troisième Reich et non livrées après que la libération par les Alliés des territoires frontaliers du Reich l’ait coupé de ses sources d’approvisionnement.

Dans les années cinquante, le retour d’expérience des accidents survenus avec des PM entraînera chez tous les constructeurs l’adoption de dispositifs automatiques empêchant le recul accidentel de la culasse suivi de son retour en avant avec chambrage d‘une cartouche et du départ intempestif d’un ou plusieurs coups de feu. On verra alors apparaître des poussoirs et des « pédales » de sûreté installés dans le fût des PM Beretta. La présence d’un dispositif de ce type indique sans ambiguïté au collectionneur qu’il a affaire à une arme d’après-guerre, ce qui n’est pas forcément inintéressant mais reste bien moins désirable qu’un modèle d‘avant 1945 (Photos 78 et 79).

Accessoires

Les PM Beretta n’étaient dotés que d’un nombre réduit d’accessoires par rapport à certains de leurs homologues étrangers. Ces accessoires aujourd’hui fort recherchés par les collectionneurs méritent d’être présenté ici.

Il semble que les forces italiennes utilisèrent deux types de porte-chargeurs pendant la Seconde Guerre mondiale :

  • des pochettes contenant des chargeurs placés verticalement. Il existait en début de guerre des pochettes en cuir gris-vert pour deux ou trois chargeurs. En fin de guerre apparurent des pochettes en toile vert olive, certaines dotées d‘une patte de fermeture en cuir par pochette comme les porte-chargeurs de MP 40 allemands, d‘autres dotées d‘un large rabat fermé par une seule patte maintenue par un cabillot en bois (Photo 80).
  • des chasubles sur lesquelles les chargeurs sont logés en position pectorale et dorsale dans sept poches horizontales. Ces accessoires aujourd’hui fort recherchés sont surnommés « Samouraï » par les collectionneurs, du fait de leur aspect atypique. Il semble qu’elles aient été surtout en dotation dans les unités parachutistes. Elles permettaient de porter près du corps un grand nombre de chargeurs, tout en constituant un gilet pare-balles ou pare-éclats de fortune (Photos 81 et 82). On peut noter ici que les chargeurs disposés dans le dos avait avant tout une vocation « collective », ne pouvant être prélevé aisément par le porteur de la chasuble.

Les photos de troupes allemandes utilisant des PM Beretta montrent rarement ces portes-chargeurs. On peut supposer que les troupes du Reich utilisèrent les porte-chargeurs de MP 40 ou d’autres PM allemands. Les paras allemands, grands utilisateurs de Beretta logèrent probablement les chargeurs de rechange dans les poches de leur blouse de saut (Photos 83 et 84).

Deux bretelles ont été en dotation pour les Beretta modèle 38. Une simple sangle de cuir dotée d’une boucle de réglage comme les bretelles françaises de MAS 36, mais le Beretta fut aussi souvent doté d’une bretelle en cuir brun réglable par un curseur assez proche des bretelles allemandes montées sur les carabines 98k et les PM MP 40. Ces bretelles sont aujourd’hui souvent proposées aux collectionneurs pour des bretelles allemandes, parfois après avoir été revêtues de faux poinçons nazis afin de les rendre plus convaincantes (Photo 85).

Une housse de transport en toile gris vert permettant de protéger l’arme en zone sablonneuse fut mise en dotation : outre l’arme, elle permettait de transporter des chargeurs et un guide pour lames-chargeurs.

Divers prototypes de PM Beretta furent dotés d’une lame de baïonnette cruciforme repliable montée à demeure sur l’arme, comme sur le mousqueton 38 TS. La plupart des Beretta modèle 38 de série étaient toutefois dépourvus de baïonnette sauf certains exemplaires sur lesquels venait se monter un poignard-baïonnette à lame repliable. Il semble que beaucoup de ces baïonnettes furent par la suite transformées en poignards de combat en immobilisant la lame en position dépliée. Nous avons également rencontré des PM Beretta 38/49 dotés de ce type de baïonnette, probablement ainsi agencés pour répondre à un contrat d’exportation que nous ne sommes pas parvenus à identifier.

Conclusion

Armes puissantes et précises, les Beretta modèle 38 et ses dérivés se révélèrent également très fiable sur le terrain ainsi que faciles à entretenir et à utiliser. Elles comptent sans doute parmi les meilleures armes individuelles dont sera dotée l’armée italienne et aussi parmi les prises de guerre les plus appréciées des soldats alliés qui s’empresseront de récupérer les armes laissées sur le terrain à l’issue des engagements qui les opposeront aux troupes italiennes. Le Beretta Modèle 38A séduira également l’armée allemande qui passera commande de ce modèle, que l’on voit souvent aux mains des Fallschirmjäger, qui semblent avoir particulièrement apprécié cette arme italienne polyvalente et efficace, qui grâce à sa munition puissante et à sa capacité de tir sélectif préfigure le fusil d‘assaut. Autre pays allié de l’Axe, la Roumanie adopta également le PM Beretta modèle 38 pour compléter les PM Orita que la manufacture de Cugir ne parvenait pas à produire en nombre suffisant pour faire face aux besoins engendrés par la guerre sur le front de l’Est .

Luc Guillou

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Caractéristiques techniques :

Calibre : 9 mm
Munition : 9 mm M.38 (version surchargée de la 9 mm Parabellum développant une V0 de 420 m/s)
Longueur totale : 930 mm
Longueur du canon : 315 mm
Masse à vide : 4,25 kg
Cadence de tir : environ 600 coups par minute
Alimentation : par chargeurs de 10, 20, 30 et 40 cartouches

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