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3 - Le pistolet-mitrailleur Italien FNAB-43

Le pistolet-mitrailleur occupe une place importante dans l’histoire de l’armement petit calibre Italien. Le Villar-Perosa est considéré par beaucoup comme l’arme précurseur de cette catégorie. Selon les sources, le concept de PM sera finalisé de la Première Guerre mondiale, soit par les descendants directs du Villar Perosa, les OVP M1918 et Beretta M1918, soit par le MP-18/I allemand…le titre se disputant à quelques mois près ! Pendant l’entre-deux-guerres, l’industrie italienne ne sera pas en reste en matière de créativité, notamment en matière de mitrailleuse, de fusil-mitrailleur, mais aussi de pistolet-mitrailleur, avec notamment, l’excellente (quoique finalement coûteuse et encombrante !) MAB Mod. 38.

État des lieux

L’industrie de l’armement portatif italienne est de longue date florissante, dans le domaine civil comme militaire. Son épicentre peut être situé autour des villes de Brescia et de Gardon-Val-Trompia, deux villes éloignées de seulement 20 km et faisant partie du centre industriel italien formé par l’axe Turin – Milan. Très dynamique, cette industrie est surtout caractérisée par une multitude d’entreprises d’envergures différentes.

Le pistolet-mitrailleur adopté par l’Italie Mussolinienne est le Moschetto Automatico Beretta Modello 38 (Mousquetons Automatique Beretta Modèle 38) aussi dénommé MAB Mod.38 décrit en détail dans le travail de Luc Guillou. Comme son nom italien l’indique, il s’agit dans sa conception plus d’une carabine automatique que d’une « Pistolet-mitrailleur » dans le sens où nous l’entendons aujourd’hui. Cette considération est sujette à débat, mais l’arme est lourde et encombrante : annoncée à 4,2 kg pour une longueur de 946 mm (près d’un mètre !) dont 315 mm de canon (pour du 9×19…peut-être un record de longueur avec le KP-31!). Les dimensions de l’engin sont proches d’un fusil d’assaut contemporain. Cependant, ce gabarit est courant avant le début de la Seconde Guerre mondiale, et finalement seulement remis en cause avec l’avènement du MAS-38 francais (plus compact et léger bien que dépourvu  de crosse pliante) mais surtout par le très « moderne » MP-38 allemand (une des premières armes réglementaires disposant d’une crosse pliante) …la même année que le MAB Mod.38 

Les méthodes de fabrication de l’arme de Beretta restent aussi dans les standards de l’époque : à sa mise en production, une majorité des pièces est réalisée par usinage. L’arme connaîtra de nombreuses variations, notamment dans le but d’en simplifier la production. Quoi qu’il en soit, l’arme reste fidèle à sa base, lourde et encombrante, notamment au regard de son emploi.

Le FNAB-43

C’est sans aucun doute possible en partant de ce constat que vit le jour le FNAB-43, « FNAB » pour « Fabbrica Nazionale d’Armi di Brescia », Fabrique Nationale d’Arme de Brescia, dans la langue de Dante Alighieri. Le prototype aurait vu le jour en 1942 à la Società Anonima Revelli Manifattura Armiguerra à Crémone pour une production par la FNAB généralement annoncée entre 1943 et 1944 à environ 5000 ou 7000 exemplaires selon les sources (Photos 01 et 02). Au même moment, Beretta proposait le « Modelo 1 », disposant de quelques caractéristiques similaires. L’arme présente en effet un aspect global plus proche de nos standards actuels : un canon de 20 cm, une crosse filaire pliante et un encombrement total (finesse de l’arme comprise) plus compatible avec l’utilisation qui sera faite de ce type d’arme : combat rapproché, arme de défense des équipages de véhicules et plus généralement arme de « défense » pour unité dont le combat d’infanterie n’est pas la vocation première. Plus curieux, surtout pour son époque, l’arme tire à culasse fermée et emploie une culasse non-calée avec artifice de démultiplication…mais nous reviendrons sur chacun de ces points. L’arme conserve tout de même quelque similitude avec sa devancière : elle est majoritairement réalisée en acier usiné et emploie le même calibre (9×19). Elle utilise les mêmes chargeurs droits à double colonnes et à présentation alternée.

Le choix des méthodes de fabrication, s’il peut paraître désuet au moment où l’arme voit le jour, est sans doute un choix pragmatique au regard de la situation de l’Italie Fasciste au milieu de la Seconde Guerre mondiale. De prime abord, l’utilisation de la tôle emboutie (comme en Allemagne, en URSS, mais aussi peu plus tardivement aux États-Unis d’Amérique qui n’utiliseront au final que peu cette méthode de fabrication pour leurs armes portatives) paraît plus dans l’air du temps. Mais en réalité, cette technologie alors relativement novatrice, ne s’improvise pas et face à un besoin urgent, le recourt à des méthodes de fabrication parfaitement maitrisées et disponibles n’est pas aberrant. C’est d’ailleurs le choix qui sera fait au début des années 1950 par les Soviétiques avec l’abandon de la fabrication de l’AK-47 Type 1, en tôle emboutie, pour fabriquer les Types 2 et 3, en acier forgé-usiné…du moins le temps de « peaufiner » leur modèle définitif en tôle, l’AKM en 1959. Ce choix est d’autant plus rationnel si les industriels ne rencontrent pas de problème d’approvisionnement en matières premières ou si la solution adoptée permet une réduction substantielle de la consommation de cette même matière première. Si les difficultés d’approvisionnement de matière première dans l’Italie du milieu de la guerre semblent évidentes, la comparaison entre le MAB Mod.38A et le FNAB-43 semble indiquer que le second est moins gourmand que le premier. Nous ne disposons pas de source chiffrée, cependant, le boîtier de culasse est plus court et plus fin, l’ensemble mobile plus léger…et l’arme finie finalement plus légère : sans chargeur, seulement 3,079 kg (à notre balance). Un poids un peu inférieur à celui annoncé pour les MAB Mod. 38/42 et 38/44 , eux-mêmes annoncés à environ 1 kg de moins que le MAB Mod.38A. Les dimensions sont aussi à l’avantage du FNAB-43 : les pièces étant globalement plus compactes et plus fines (l’arme n’est épaisse que de 33 mm au boîtier), les ébauches le sont nécessairement…donc elles sont moins gourmandes en matières premières et moins gourmandes en temps d’usinage.

Avant de rentrer dans le détail de la production de l’arme, il est nécessaire de préciser que deux versions sont connues : nous les appellerons de manière informelle « Type 1 » (précoce) et « Type 2 » (tardive). Outre des différences de marquage, le Type 2 présente des simplifications de productions que nous détaillerons (Photos 03 à 05). De manière générale le Type 2 soulève quelques interrogations…mais chaque chose en son temps : tout ceci sera abordé plus loin dans l’article, après une présentation en bonne et due forme.

Dans le détail, sur le Type 1, le boîtier de culasse, le poignée pistolet et le puits de chargeur sont usinés dans des brutes de taille très raisonnables. Les gammes d’usinages semblent plutôt simples pour ces pièces : il n’y a que peu de formes « complexes » nécessitant des opérations d’usinage alambiquées. Si la poignée pistolet du Type 1, de forme arrondie, est intégralement usinée, celle du Type 2, de forme angulaire, est rapportée par rivetage et soudure par point sur son bâti (Photos 06 et 07). Elle est constituée de tôle pliée et soudée. De même, le puits de chargeur du Type 2 est une production simplifiée : il s’agit de l’assemblage par soudure de plusieurs pièces estampées et usinées de petite taille. Le couvre-culasse est en tôle, le cran de mire étant rapporté dessus par soudure. Le manchon de protection du canon est un tube fin extrudé sur lequel sont estampées des ouvertures cylindriques. Il se termine par un compensateur de relèvement / frein de bouche…dont la forme n’est pas sans nous rappeler celle du PPSh-41 ! (Photo 08) Les pièces du groupe « détente » sont majoritairement en tôle : de petites pièces, peu contraintes, « faciles à produire » (Photos 09 et 10). Celle du MAB Mod.38 et de ses dérivés étaient en acier usiné.

Un point souvent mis en avant sollicite notre curiosité : il est souvent affirmé que l’arme nécessite une fabrication « précise et soignée ». Soyons claire, pas plus qu’une autre…et peut-être moins que d’autres ! On pourrait citer ici l’ajustage inconsidéré (pour une arme de guerre) d’une MG 34 ou d’un P.08…ou même d’une Thompson ! Certes, ces armes sont un peu plus anciennes. Dans le FNAB-43 de Type 2 à notre disposition, l’ensemble mobile « nage » dans le boîtier et les finitions internes sont grossières (Photo 11). Les pièces du système de mise à feu, elles aussi, sont réalisées de façon assez grossière et leur conception, avec une « gâchette à tiroir » (nous y reviendrons), dispense d’usinage précis comme peuvent l’être certains crans d’armées. De même, le choix de l’emploi d’un mécanisme à artifice de démultiplication (nous y reviendrons aussi !) ne nous paraît pas être un choix incohérent d’un point de vue industriel. En effet, l’utilisation du levier amplificateur d’inertie n’impose pas de contraintes techniques insurmontables : il semble bien que ce soit d’ailleurs pour cette raison qu’il a été choisi en France au détriment des systèmes à galet, pourtant longuement étudiés après-guerre (avec par exemple l’AME 50). Attention ici à ne pas confondre « ajustage » et « espace vide » : l’arme se voulant compacte, il y a peu d’espace sans utilité mécanique.

Une mise en œuvre en rupture avec ces devancières

L’arme présente des différences considérables avec les PM de la firme de Gardonne-val-Trompia. Le vrai point commun reste le positionnement du crochet de chargeur à l’arrière du puits de chargeur. Il y a tout de même une différence ergonomique non négligeable : la commande est très « effacée » sur les Beretta, alors qu’ici elle présente un vrai gros bouton. On note d’ailleurs une différence de production entre le Type 1 et le Type 2 (Photos 12 et 13). L’introduction du chargeur se fait droite dans le puits qui présente le chargeur avec un léger angle par rapport au canon dans le but de faciliter l’alimentation. Comme sur une MAT-49 plus tardive, le puits de chargeur peut être rabattu (avec ou sans chargeur engagé) vers l’avant du canon pour faciliter le transport de l’arme (Photo 14). Le déverrouillage du puits de chargeur se fait par le biais d’une large commande située entre le pontet et le puits de chargeur (Photos 12 et 13…encore !). Le puits s’accroche alors sur le manchon de protection du canon au moyen d’un poussoir mû par un ressort (Photo 15). Lorsqu’il est déployé, le puits de chargeur sert de poignée avant. Comme évoqué, on note ici une différence de fabrication entre le Type 1 et le Type 2 : le premier est intégralement usiné, alors que le second est réalisé par assemblage de tôle soudée sur quelque pièces usinées (Photos 15 et 16).

La double détente des PM Beretta cède la place à une détente unique assujétie à deux leviers : une sûreté à l’avant et un sélecteur de tir à l’arrière (Photos 17 et 18). Si le choix de conserver le tir sélectif peut interroger, il permet de garder une maitrise considérable sur la consommation de munitions…une chose plutôt judicieuse à un moment où les munitions se font rares. De plus, comme déjà mentionné, le système de mise à feu, n’est pas d’une grande complexité. Bien évidemment, il est toujours plus complexe que les dispositions autorisées par un percuteur fixe dans la cuvette de tir, tir à culasse ouverte et tir automatique seulement. Mais le couple « tire à culasse fermée » et « coup par coup » est bien plus efficace !

Le levier d’armement est solidaire de l’ensemble mobile : de la masse additionnelle pour être plus précis, une chose logique pour ce type de mécanisme…sinon on amplifie l’effort à fournir pour armer ! Il fait saillie sur le côté droit de l’arme (Photo 19). Il est donc mobile lors du tir. Le chemin du levier d’armement ne possède pas de dispositif d’obturation…la crasse est donc libre d’entrer dans l’arme…une chose qui nous paraît peu pragmatique compte tenu des dispositions mécaniques internes, sans espace (on paye ici la compacité de l’arme…). L’arme est dotée d’une crosse pliante : elle pivote par le bas de l’arme. Elle se manipule par traction de sa tige hors du pivot, de façon assez aisée. Sa plaque de couche pivote sans verrouillage (Photo 20). On retrouve enfin une « vraie » poignée pistolet.

Les battants de grenadière sont disposés sur le côté gauche de l’arme, à l’avant sur le support du guidon, à l’arrière sur le boîtier, avec l’étrange possibilité de pivoter à 360° ! Il y a peut-être quelque chose qui nous échappe, mais nous ne voyons pas l’utilité de cette dernière disposition…elle relève peut-être simplement d’une simplification de fabrication.

Les organes de visée sont constitués d’un ensemble cran de mire / guidon en forme de « V » qui ne possède aucune disposition de réglage (Photo 21). Si le guidon est monté sur une queue d’aronde, il est évident sur notre exemplaire de Type 2 qu’il s’agit d’une disposition de construction, et non d’une possibilité de réglage comme on peut le voir sur la photo 22. Lorsqu’on est habitué à régler proprement son arme pour le tir, l’absence de cette possibilité se fait ressentir cruellement : on est obligé de contre-viser en permanence…mais nous en reparlerons lors du tir. Remarquons que cette « rusticité » est assez courante sur les PM (et parfois même les FM !) de cette période…sauf en URSS ! Autre point perturbant, les organes de visée, bien que « massifs », ne disposent d’aucune protection.

Une mécanique, elle aussi en rupture

L’arme utilise donc un système de culasse non-calée avec artifice de démultiplication (souvent appelé « avec retard à l’ouverture…cf. Chapitre 6 du PGA pour des explications détaillés !). Ici, l’artifice de démultiplication est un Levier Amplificateur d’Inertie, comme sur les armes de Pál Király, ou les AA-52 et FAMAS Français d’après-guerre. Appelons ce levier… « LAI » ! On retrouve donc une culasse, un levier composé de deux bras indépendants de part et d’autre de la culasse et une masse additionnelle qui est amplifiée par le dispositif (Photo 23). Le levier prend appui sur un pivot rapporté dans le boîtier de culasse, nettement arrondi. Cette disposition permet évidemment de cibler précisement l’endroit de la carcasse où un acier très dur est nécessaire (Photo 24). On note ici que le marquage des FNAB-43 Type 1 porte la mention « Brevetto Scalori » (Brevet Scalori) : nous n’avons pas trouvé d’informations précises sur ce sujet, mais il ne serait pas surprenant que cela concerne ce système de fermeture, alors seulement utilisé (à notre connaissance) par les armes conçues par l’ingénieur Hongrois Pál Király. On note que contrairement à beaucoup d’armes employant une culasse non-calée avec artifice de démultiplication, la chambre du FNAB-43 n’est pas cannelée.

Si l’emploi de ce système en particulier est nouveau en Italie, il faut noter que le Villar Perosa et sa descendance emploie également un artifice (décrit dans l’article de M. Heidler sur ce même site) destiné à « soulager » la culasse afin de diminuer sa masse. Car oui, c’est bien le but ici, faire un système de fermeture moins lourd : 430 g seulement pour l’ensemble mobile du FNAB-43 contre 627 g pour une culasse de STEN Mk.II (avec son levier d’armement). Soit environ 31,4% de moins pour la l’ensemble mobile du FNAB-43…considérable ! La contrepartie de ce système est généralement une accélération de la vitesse de déplacement de la culasse (l’énergie, ne disparaît pas par magie, elle est transformée !) … et donc une vitesse de cycle généralement importante, notamment en l’absence de dispositif de ralentissement de cadence. Comme sur le MAB Mod.38 on retrouve un ressort récupérateur de faible diamètre, mais cette fois-ci captif du boîtier de culasse et non télescopé dans la culasse (visible sur la photo 11). Il est à noter ici que ce ressort est à section plate, et non ronde comme sur la plupart des ressorts de cette époque! Mais rappelons aussi ici que ce type de ressort, largement utilisé sur les armes contemporaines (notamment sur les armes de poing), est connu et utilisé depuis le début du XXe siècle (avec le pistolet Roth-Krnka M.7 par exemple !).

Ici, une information généralement apportée sur la documentation concernant cette arme nous interroge : comment, compte tenu de sa mécanique, peut-on penser que la cadence de tir ne serait que de 400 coups par minute ? C’est extrêmement bas pour une arme automatique pour ceux qui en douterait… Pas de ralentisseur de cadence, une course de culasse « normale » (considération sujette à débat, mais elle n’est pas particulièrement longue pour une arme de ce type : environ 100 mm quand celle de la STEN est d’environ 145 mm), un LAI, une munition puissante (la 9 mm M.38 italienne) … tous les ingrédients d’une cadence de tir élevée sont normalement là…et de fait, nos mesures sur la séquence vidéo disponible dans cet article annoncent 837 coups par minutes ! Oui, deux fois plus que les 400 cpm annoncés… On pourrait penser que le mystère réside justement dans l’emploi de notre cartouche d’essai, sans doute plus faible qu’une 9 mm M.38 : il est possible qu’une munition plus puissante entraine un recul de l’ensemble mobile plus grand (mais aussi plus rapide) et donc, un cycle un peu différent. Cette précaution énoncée, relativisons : il paraît invraisemblable que ce simple facteur puisse être à l’origine d’une division par deux de la cadence de tir…surtout que sur notre vidéo, on voit bien que, la plus part du temps, l’ensemble mobile n’est pas loin de la mise en butée. Non, la réalité semble, comme souvent, simplement être l’effet « perroquet » : répéter une information sans l’analyser ni la vérifier. Ici, quelqu’un a « pondu » un jour, sans doute sans jamais avoir tiré avec l’arme, que compte tenu de l’architecture du bousin, alors la cadence devait être faible…et tout le monde reprend en chœur. Attention à ne pas juger de façon trop hâtive (jeune hobbit) ), par moments, nous sommes tous sujets à ce phénomène ne serait-ce que pour les données techniques des armes que nous n’avons pas sous la main…Aussi, ami lecteur, restez critique, y compris de notre propre travail : faites-vous votre propre opinion ! De notre côté, cela nous pousse, dans la mesure du possible, à tout remesurer et tout re-vérifier. Et bien évidemment, nous ne sommes pas à l’abri d’une erreur !

En fin de course arrière, l’ensemble mobile rencontre un amortisseur riveté sur une plaque de tôle elle-même vissée sur la carcasse (Photo 25). Vraisemblablement en cuir, il n’est pas sans nous rappeler celui du PPS-43, mais qui est lui solidaire de l’ensemble récupérateur. Cependant, gardons-nous bien d’en tirer une quelconque conclusion : nous voyons tous ce que nous connaissons déjà…un autre biais cognitif ! Prudence toujours ! Par ailleurs, les deux armes étant extrêmement contemporaines (toutes deux conçues en 1942 pour une production en 1943), il est peu vraisemblable que l’arme Soviétique ait influencé l’arme Fasciste.

Contrairement aux autres PM Italien de la période (et même, la majorité des PM mondiaux d’avant guerre), l’arme tire à culasse fermée, un plus pour la précision, car supprimant le « balourd » de la culasse avant le départ du coup. On retrouve peut-être ici une réminiscence du concept de « Mousqueton Automatique », qui privilégie un emploi précis de l’arme. Et cela ne nous paraît pas idiot : le HK MP5, peut-être le PM le plus apprécié de l’après-guerre, lui aussi, tire à culasse fermée et est encensé entre autres choses pour cela. La comparaison avec le MP5 ne s’arrêtera pas là, mais nous y reviendrons quand nous parlerons du tir.

La mise à feu, elle-même est assurée par un percuteur lancé contenu dans l’ensemble mobile. Son armement est réalisé sur le mouvement arrière de l’ensemble mobile : plus précisement par la séparation de la culasse et la masse additionnelle (donc par l’action du LAI – Photo 26). Son « déclenchement commandé » (i.e. lorsque la détente est pressée) est assuré par une gâchette « à tiroir » portée par la culasse et non par la masse additionnelle : ainsi, la connexion entre les éléments de la détente et la culasse ne sont pas tributaires de la complète fermeture dans l’ensemble mobile (Photos 27 à 31). Cette disposition de prime abord peu sécuritaire est assujettie à un autre dispositif, au sommet de l’ensemble mobile. Il s’agit d’un levier qui verrouille le percuteur à l’armée tant que la masse additionnelle ne vient pas « en contact » avec la culasse : c’est la commande de tir automatique (Photo 32). Nous positionnons « en contact » entre guillemets, car dans les règles de l’art, dans un système à artifice de démultiplication, la culasse et la masse additionnelle ne doivent pas être en contact direct lors du tir : si tel est le cas, alors une partie de l’impulsion du tir est transmise de façon directe à la masse additionnelle sans passer par le dispositif, qui de fait « by-pass » le dispositif. La gâchette automatique agit, comme souvent, comme une sécurité à la fermeture pour les tirs autres que ceux conduits en rafale. Dans ce rôle, elle comporte un défaut majeur : une fois activée, un retrait partiel de la masse additionnelle ne permet pas de la ré-initialiser. Il donc possible déclencher un tir commandé avec une masse additionnelle en retrait. Quelles sont les risques ? En réalité, ils se résument à un raté de percussions : en effet, pour que le percuteur face saillie dans la cuvette de tir, la masse additionnelle, qui porte la noix du percuteur, doit être en position avant. Donc, si cette dernière est à l’arrière lors du déclenchement du tir, alors le percuteur plaque la masse additionnelle vers l’avant, mais non sans consommer une partie de l’énergie disponible pour la percussion.

Enfin, l’arme reste classique sur un aspect tout de même très important en matière de fiabilité : le couple extracteur / éjecteur est classique. L’extracteur est de type « lame ressort » et l’éjecteur, central, est solidaire du boîtier de culasse. Contrairement au MAB Mod.38, l’éjection se fait à droite par une fenêtre dans le boîtier. On note d’ailleurs que le sommet de l’éjecteur est mis en forme dans le but d’orienter l’éjection (visible sur la photo 35).

Pour les gourmands de cinématique seulement…les autres, vous pouvez passer au paragraphe suivant !

Le chargeur approvisionné est engagé, une cartouche est dans la chambre du canon et la culasse en position de fermeture avec les mécanismes de percussion à l’armée. La sûreté est ôtée, le sélecteur sur la position « semi-automatique ».

Le doigt du tireur actionne la détente. Celle-ci pousse, par le biais de la barre de transmission, le connecteur de tir semi-automatique. Ce dernier agit sur  «l’ensemble poussoir de la gâchette ». Porté par le support de l’éjecteur, cet ensemble est constitué d’un levier soulevant le poussoir à proprement parler qui est assujetti à deux ressorts de rappel. Ainsi actionné, l’ensemble poussoir de gâchette, soulève la gâchette à l’intérieur de la culasse. Le percuteur ayant préalablement été libéré de la commande de tir automatique à la fermeture, il est donc libre de s’abattre sur l’amorce.

Le coup part.

Au moment où la balle avance dans le canon, la douille pousse la culasse qui porte le LAI. Le LAI est alors en contact avec le pivot du boîtier de culasse en bas et avec la masse additionnelle à l’arrière : pour basculer vers l’arrière par-dessus le pivot, le LAI doit pousser la masse additionnelle. Mais cette dernière voit son inertie (liée à sa masse) être amplifiée par un coefficient lié aux dispositions géométriques du  LAI.

Donc au lieu de pousser la masse physique de l’ensemble mobile de 430 g, (267g de culasse + 163 g de masse additionnelle et sa clavette, elle pousse une masse de :

 267 + (163 x Coef. du LAI)

Le coefficient d’amplification du LAI ne nous est pas connu dans le cas du FNAB-43, mais si (et seulement si) l’on raisonne par analogie avec le FAMAS, dont le levier amplifie de 3,6 fois l’inertie de la masse additionnelle, alors on obtiendrait :

267 + (163 x 3,6) = 853 g

On comprend bien ici l’intérêt du dispositif. À titre indicatif, pour avoir une inertie équivalente à celle d’une culasse de STEN (627 g), il suffirait d’amplifier d’environ 2,21 fois. En contrepartie de cette amplification, qui ralentit la culasse le temps de la mise en œuvre du LAI, la masse additionnelle est « accélérée » par rapport à la culasse elle-même : donc, au final, la vitesse de cycle est également amplifiée.

Ajoutons à ceci que pendant la mise en œuvre du LAI, le percuteur est ré-armé : encore une source de consommation énergétique. Enfin, on ne doit pas oublier qu’une partie du recul (sans doute faible) de la culasse est transféré au boîtier de culasse via le pivot sous forme de recul.

Une fois l’amplification opérée et le basculement du LAI achevé, l’ensemble mobile continu sa course sur son inertie.

L’extracteur maintient la douille dans la cuvette de tir jusqu’à ce que cette dernière rencontre l’éjecteur : elle est alors violemment poussée au travers de la fenêtre d’éjection en pivotant autour de l’extracteur.

L’ensemble mobile continue son recul sur son inertie, comprimant le ressort récupérateur.

Lors du mouvement arrière de l’ensemble mobile, celui-ci rencontre l’extrémité arrière du connecteur de tir semi-automatique qui fait saillie dans le boîtier de culasse (visible sur la photo 11). En appuyant dessus, le connecteur pivote et se voit séparé de l’ensemble poussoir de gâchette.

En fonction de la puissance de la munition, l’ensemble mobile finit sa course, soit en consommant son énergie par la compression du ressort récupérateur, soit en heurtant l’amortisseur de culasse solidaire du boîtier de culasse. Le ressort récupérateur se décompresse alors et renvoie l’ensemble mobile vers l’avant.

Sur son mouvement avant, la culasse prélève, sur une des lèvres du chargeur, une munition qu’elle introduit dans la chambre.

Lorsque la culasse finit sa course vers l’avant, la masse additionnelle continue sa course en entraînant le basculement du LAI. En fin de course avant, la masse additionnelle efface la commande de tir automatique sur la culasse.

Le percuteur est alors retenu par la gâchette. Pour tirer à nouveau, il est donc nécessaire de relâcher le doigt de la détente pour re-créer la connexion entre le connecteur de tir semi-automatique et l’ensemble poussoir de gâchette. L’arme a effectué un cycle « semi-automatique ».

Pour le tir automatique, la cinématique est proche, sauf que le connecteur de tir automatique est basculé par le sélecteur pour entrer en contact avec l’ensemble poussoir de gâchette. Contrairement au connecteur de tir semi-automatique (positionné à gauche), celui de tir automatique (positionné à droite) ne fait pas saillie dans le boîtier de culasse et n’est donc pas débrayer par la course de l’ensemble mobile. Il n’est pas donc « déconnecté » à chaque cycle. Ainsi, tant que le doigt du tireur appuie sur la détente (et tant qu’il y a des cartouches dans le chargeur), un départ de coup est commandé par le déclenchement de la commande de tir automatique à chaque fermeture.

On note que le sélecteur n’a aucune action sur le connecteur de tir semi-automatique : lors du déclenchement du tir en rafale, ce connecteur travaille normalement et se retrouve, après le premier cycle, débrayé pour le reste de la rafale.

La sûreté, quant à elle, débraille de façon permanente les deux connecteurs tout en s’insérant dans un logement du connecteur de tir automatique : ainsi l’action de la détente n’est plus possible (elle est immobilisée) et les connecteurs ne sont plus en contact avec l’ensemble poussoir de gâchette.

Versions et marquages

Comme souvent pour les armes produites en faible quantité, les informations disponibles sont finalement peu nombreuses…et vite sujettes à phantasmes ! Les marquages d’identification du Type 1 sont sur le flanc gauche du boîtier (Photo 33):

Pist. Mitr. FNA Brescia Mod.43
 Brevetto Scalori
N. 0000

« N. 0000 » désigne bien évidemment, l’emplacement du numéro de série qui est composé de 4 chiffres. Les marquages du sélecteur de tir affiche «Raffica » (rafale) et « Colpo » (1 coup). Le marquage de la sûreté : « S » en haut, et « F » en bas.

Les (re)marquages d’identification du Type 2 sont au même endroit, mais apposés dans un fraisage grossier peu profond bien évidemment postérieur à la fabrication de l’arme (Photo 34):

MASCHINE-PISTOLE P.M.43
Cal. 9mm

En complément de ce re-marquage rudimentaire mais propre, les marquages sur sélecteur de tir sont effacés par fraisage. Les marquages de la sûreté, eux, sont inchangés.

Il s’agit du troisième exemplaire que nous avons eu l’occasion d’examiner en main propre, et le premier en état de tir que nous pouvons examiner en détail. Tous étaient du Type 2. Les photos du Type 1 disponibles dans cette article nous ont été gracieusement fourni par l’IRCGN, mais nous n’en n’avons pas eu un en main…pour le moment ! On note qu’en dessous du re-marquage du Type 2, là où jadis se tenait (peut-être ?) le numéro de série apposé à la fabrication, le marquage a été « gratté » : un curieux détail qui apparaît sur la totalité des exemplaires du Type 2 examinés (en mains propre ou en photo) et non re-bronzés ou re-phosphatés! Certaines sources affirment que les numéros de série ont préalablement été rechargés à la soudure. C’est possible, mais la chose nous paraît peu vraisemblable à l’examen : pas de trace de chauffe d’aucun coté, pas de variation dans la nature du métal et en cas de re-traitement (certains exemplaires vus ont été re-bronzés et même re-phosphatés), pas de nuance dans la couleur. Par ailleurs, on peut se demander si cette pratique (dans le principe, pas dans la technique) n’est pas anachronique…

On peut s’interroger ici sur la nature de ce re-marquage…et, finalement, sur la nature même de la production des FNAB-43 Type 2. Le marquage mêle appellation « pseudo-allemande » (« Maschine-Pistole », là où devrait être écrit « Maschinenpistole ») et italienne (P.M. soit Pistola Mitragliatrice), tout en précisant le calibre de l’arme (mais avec « Cal. » et non « Kal. » comme parfois rencontré sur les armes à destination de l’Allemagne), choses qui n’apparaissent pas sur le marquage d’origine. Deux hypothèses peuvent être envisagées ici :

  • Une mauvaise germanisation de la production de l’arme, faite dans des circonstances très particulières d’un moment où l’Italie vient de tomber sous contrôle Allemand, sur une production légèrement simplifiée déjà en stock, mais non distribuée…et peut-être d’un nombre d’armes finalement faible. On peut noter que cela ne serait pas la seule germanisation de marquage : VIS-35, CZ-27 et autres FEMARU M37 nous rappellent, en autres, que c’était une pratique courante du 3e Reich dans les zones occupées…ce qui est bien le cas de l’Italie dans cette période !
  • Un maquillage réalisé après-guerre sur un faible stock subsistant, soit sur une « nouvelle production » (peut-être un simple assemblage de pièces détachées) réalisée pour alimenter un trafic d’armes…et donc, le grand banditisme, le terrorisme ou des guérillas.

Cette deuxième hypothèse nous interroge vraiment : dans ce cas, nous n’arrivons pas à comprendre son but ! D’autant que l’appellation de l’arme « P.M. 43 » est bien présente…ce qui pour un maquillage, parait bien stupide ! De même, quitte à maquiller l’arme, pourquoi ne pas re-usiner le numéro de série par la même occasion ?

La faute d’allemand, il s’agit vraisemblablement d’une simple méconnaissance de la langue. Quelle soit le fruit d’un ouvrier Italien dans des circonstances bien critiques ou celle d’un trafiquant…chacun se fera une opinion. Pour notre part, ne pouvant trancher sans plus d’éléments : les deux nous paraissent possibles.

Quant au « maquillage » du numéro de série, celui-ci est plus troublant, car semblant postérieur à la première modification et beaucoup plus brouillon. Cependant, celui-ci est récurrent sur plusieurs armes observées en différents endroits : donc, il a dû être réalisé par une structure à minima organisée disposant d’un certain nombre d’armes… difficile, voire impossible de savoir qui.

Quant à l’affirmation que l’ensemble de ce maquillage est spécifiquement destiné à équiper le FLN pendant la guerre d’Algérie…faites-vous votre propre idée, mais à titre personnel, nous ne comprenons pas très bien le but de cette opération, qui serait spécifique au FNAB-43, alors que tant d’autres armes seront expédiées au FLN sans ce luxe de précautions, y compris des PM luxembourgeois Sola Super alors fraîchement produits. Bien évidemment, nous ne remettons pas en cause l’utilisation du FNAB-43 par le FLN : le schéma d’approvisionnement en armes est toujours le même ! Une nouvelle zone de conflit absorbe toujours les armes disponibles d’un conflit précédent…il n’y a pas de raison que la guerre d’Algérie fasse exception ! Et ce n’est d’ailleurs pas près de changer…

Enfin, le fait que la majorité des exemplaires rencontrés, en France, soit du Type 2 interroge. S’agit-il de trophée rapporté d’Algérie ou bien ces armes n’ont-elles jamais quitté le continent. Là aussi, mystère…

On note que dans les deux variantes de marquage rencontrées, le concept de « Pistola Mitragliatrice » (« Pist. Mitr. » sur le Type 1 ou « P.M. » sur le Type 2) a pris le pas sur celui de « Moschetto Automatico ». Et effectivement cette arme n’a plus de raison de s’appeler « Mousequeton Automatique »: elle s’est définitivement éloignée des canons de MAB Mod. 1918 et MAB Mod.38 pour adopter ceux d’un PM contemporain.

Nous n’avons pas pour habitude de montrer ou de parler de numéro de série, la chose étant souvent peu pertinente…mais ici, nous sommes en face d’un cas très particulier avec le Type 2 à notre disposition. De nombreuses pièces, incluant le boîtier de culasse, le manchon de protection du canon, le puits de chargeur et la poignée pistolet ne porte qu’un seul chiffre : « 1 ». Ces pièces devraient normalement porter les deux derniers chiffres du numéro de série. Attention, nous ne prétendons pas que l’arme serait l’arme « numéro 1 » ! La chose nous paraît d’ailleurs invérifiable et peu vraisemblable, notamment car il s’agit d’une arme de Type 2 et que son numéro de série semble avoir été effacé. Nous constatons simplement qu’il n’y a pas d’autres numéros visibles sur ces pièces et que ces numéros visibles sont visiblement ceux apposés à la fabrication de l’arme et en aucune façon un maquillage. D’autres numéros sont visibles sur quelques pièces. Compte tenu de la particularité du numéro « 1 » précédemment énoncé, nous allons détailler tous les numéros rencontrés sur l’arme (Photos 35 à 40 en complément des numéros déjà vus sur les autres photos du Type 2) :

  • Boîtier de culasse, côté droit, visible après démontage de la poignée pistolet : « 1 »
  • Poignée pistolet, face inférieure de la poignée : « 1 »
  • Puits de chargeur, face avant : « 1 »
  • Manchon de protection du canon, extrémité arrière, sur le dessous : « 1 »
  • Éjecteur, dans le puits de chargeur : « 1 »
  • Couvre culasse, face interne : « 1 »
  • Détente : « 1 »
  • Barre de transmission de détente : « 1 »
  • Connecteur de tir semi-automatique : « 1 »
  • Connecteur de tir automatique : « 1 »
  • Levier du poussoir de gâchette : « 1 »
  • Poussoir de gâchette : « 1 »
  • Plaquette de la poignée pistolet, au crayon sur les faces internes, « 1 »
  • Masse additionnelle, face arrière : « 32 »
  • Clavette de la masse additionnelle : « 32 »
  • Pivot de la crosse : « 46 »
  • Pivot de plaque de couche : « 46 »
  • Plaque de couche : « 46 »

Que penser de tout ceci ? Nous avouons être perplexe…mais il semblerait bien que nous soyons en face d’une arme dont le numéro de série est ou contient comme dernier chiffre « 1 » et dont la crosse a été remplacée par (ou assemblée à l’usine avec) la crosse d’une arme dont le numéro de série finit par « 46 » et dont au moins la masse additionnelle et sa clavette ont été remplacées (ou assemblées à l’usine avec) par celles d’une arme dont le numéro de série finit par 32. Je n’en tirerai pas plus de conclusions, surtout pour une arme du Type 2 dont les origines sont tout sauf certaines. En absence de documentation adéquate, cela nous semblerait présomptueux.

Au tir

La prise en main de l’arme est « normale » pour  sa catégorie, c’est-à-dire un PM à crosse filaire pliante et dépourvue de véritable garde-main. C’est à ce moment-là qu’on regrette une encombrante crosse en bois… Cependant, rien de rédhibitoire, surtout pour une arme dont le recul peut être qualifié sans hésitation de « faible » voire « insignifiant ». La tête du tireur ne trouve donc aucun appui et la main faible a, certes, une prise sur le puits de chargeur, mais celle-ci n’est pas des plus confortable…bref, c’est une arme de guerre. Les organes de visée sont bien dessinés, mais clairement pas à notre gout : les formes du cran de mire (en V) et du guidon (épais) n’ont pas notre faveur, lui préférant les crans de mire en « U » avec des guidons fins (Photo 41). Les gouts et les couleurs ! Nous qualifierons le départ de « filant », mais « raté » : il n’oppose pas de véritables points durs, mais gratte de façon irrégulière sur  sa longueur. Un départ « filant » et « réussi » se fait sans point dur, sur la longueur et sans gratter. Mais ici aussi, rien de rédhibitoire, c’est une arme de guerre.

À 100 m, la cible réglementaire SC-2 (une silhouette à genoux) est facilement atteinte avec 100% des coups au but, bien qu’il nous faille faire une contre visée considérable : il nous faut viser à la base de cible et une cible à gauche ! Là aussi, nous avons lu, çà et là, que la précision de l’arme ne serait pas au rendez-vous : très clairement elle est conforme à la majorité des PM de cette période que nous avons essayé. Le tir en rafale est bien évidemment totalement maitrisable, mais une fois encore un PM d’environ 3 kg en 9×19 qui ne sera pas maitrisable relèverait du prodige ! L’arme se montre particulièrement peu remuante : le choix du LAI y est sans doute pour quelque chose, la masse mobile étant relativement faible. Le dispositif de bouche, bien évidemment, influe aussi positivement de ce point de vue. La vidéo qui suit vous permettra de vous faire une idée.

Au tir, la surprise vient d’une comparaison qui nous est immédiatement venue à l’esprit : on a l’impression de tirer avec un MP5 : la cadence est rapide, le faible recul finalement très linéaire (malgré une pente de crosse peu favorable, mais sans doute compensée par le dispositif de bouche). Nous précisons que nous avons lu par la suite des comparaisons entre les deux armes qui ne nous étaient pas connues lors de l’essai. Mais ces comparaisons portaient sur des choix techniques et non sur le tir. De notre point de vue, la comparaison est fondée pour la sensation de tir et pour certains choix techniques : les deux armes tirent à culasse fermée et emploient des mécanismes de fermeture dotés d’une amplification, à galet sur le MP5 et à levier sur le FNAB-43. Par contre, elle est complétement déraisonnable d’un point de vue industriel, une chose que nous avons pu lire ! Le FNAB-43 répond peut-être à des impératifs de production circonstantiels, mais il ne peut pas, à aucun moment, être considéré comme une arme de production de masse. Le MP5, lui, est clairement une arme de production de masse !

Gardons enfin à l’esprit concernant le tir que nos essais ont été réalisés avec des munitions modernes de 8 grammes (124 grains) et non avec des 9 mm M.38 sans doute employées à la conception de l’arme. Il doit en découler certainement une différence, mais celle-ci, bien qu’existante, ne changera pas les choses du tout au tout.

Démontage et entretien

Ici encore, l’arme est nécessairement en rupture avec les armes de chez Beretta, et pour cause, le boîtier de culasse n’est plus cylindrique. Le démontage n’en demeure pas moins simple (comme visible sur la vidéo ci-après). Après avoir réalisé les vérifications d’usage de sécurité (pas de munition, ni dans l’arme, ni dans les chargeurs concernés par le démontage ou présents sur le plan de travail) :

  1. Retirer le chargeur de l’arme
  2. Basculer le puits de chargeur vers l’avant (la chose sera nécessaire par la suite, autant le faire quand l’arme est « simple » à manipuler…)
  3. Dévisser la vis d’assemblage située à l’arrière du boîtier (elle est moletée pour être manipulée à la main – Photo 42).
  4. Retirer la vis : elle vient avec le ressort récupérateur et son poussoir.
  5. Retirer le couvre culasse vers l’arrière.
  6. Tirer l’ensemble mobile vers l’arrière et le retirer du boitier (nous completerons son démontage après)
  7. Retirer la clavette d’assemblage de la poignée-pistolet. Pour ce faire, il faut insérer un outil (une douille de 6,5×52 Carcano fait l’affaire !) dans l’encoche prévue à cet effet (c’est pas faux !) et faire levier.
  8. Basculer la poignée pistolet (la chose n’est possible que si le puits de chargeur est rabattu vers l’avant).
  9. Retirer la goupille de détente (faisable à la main sur notre exemplaire).
  10. Retirer le groupe détente vers l’arrière : attention, la détente est simplement emmanchée sur la barre de transmission : elle sort donc aisément de son logement…mais se remet également aisément…pour le peu qu’on ait fait préalablement attention à son positionnement.

Le démontage de l’ensemble mobile se poursuit ainsi :

  1. Retirer la clavette d’assemblage de la masse additionnelle vers le bas.
  2. Retirer la masse additionnelle vers l’arrière.

Le démontage du ou des chargeurs se réalise ainsi :

  1. À l’aide d’un outil adéquat, refouler la plaque de verrouillage à l’intérieur du chargeur et le maintenir dans cette position
  2. Faire avancer le talon de chargeur : lorsqu’il est suffisamment avancé pour la plaque de verrouillage ne se ré-engage pas dans son orifice, retirer l’outil employé pour refouler la plaque
  3. Tout en opposant le pouce à la sortie du chargeur (pour éviter l’éjection du ressort et des autres pièces), retirer le talon de chargeur.
  4. Retirer le ressort de chargeur et la plaque de verrouillage qui est solidaire du ressort
  5. Faire glisser la planchette élévatrice hors du chargeur (si celle-ci ne sort pas avec le ressort).

Le démontage est véritablement aisé et le remontage, qui se fait en sens inverse, ne présente pas de difficulté (Photo 43).

L’accessibilité pour le nettoyage est globalement bonne : seule la zone autour du poussoir de gâchette et de l’éjecteur n’est pas aisée d’accès, et encore on connaît bien pire ! En comparaison du nettoyage d’arme à boîtier cylindrique, les opérations sont plus simples. Petit avis personnel : nous détestons la présence des éléments montés sur charnière sur une arme démontée (poignée-pistolet du Stg 44, couvre-culasse de l’AKS-74u…). Il s’agit de véritable « mange doigt » qui ne manque jamais de se refermer lors des opérations de nettoyage qui nécessitent de positionner les pièces dans tous les sens…et ici la poignée-pistolet ne fait pas exception !

En conclusion

Le FNAB-43 est une arme curieuse : au moment de sa production, elle paraît à la fois très moderne sur ces choix techniques et archaïque sur ces méthodes de fabrication. Annoncée comme ayant été fabriquée à environ 5000 ou 7000 exemplaires, la « Mitra Zerbino » (surnom attribué à l’arme et issu du nom du Ministre de l’Intérieur de la RSI) a connu les combats de la Seconde Guerre mondiale, mais aussi les actions terroristes et les guérillas de la guerre froide. Ainsi, deux FNAB-43 ont été employées par les membres des brigades rouges pour l’enlèvement de l’homme politique italien Aldo Moro. Un enlèvement qui se terminera, outre par la mort de ses 5 gardes du corps, par son exécution. Loin de toute morale, l’occasion nous est donnée de se souvenir qu’entre la fabrication d’une arme et l’usage qui en ait fait, les idéologies motivant chacun de ces actes sont parfois diamétralement opposées…à méditer (Photo 45).

Arnaud Lamothe

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Remerciements :

Gilles Sigro-Peyrousère (Atelier Saint-Étienne) pour la fourniture de l’arme, ses conseils et sa relecture.

Luc Guillou, pour ses articles dans « La Gazette des Armes » N°283 et N°409, pour ses conseils et sa relecture.

Le Département Balistique de l’Institut de Recherche Criminelle de la Gendarmerie Nationale (IRCGN) pour sa documentation photographique du Type 1.

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