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Le prototype de carabine Mauser C96 Schnellfeuer V9000

Si la fin du XIXe avait connu un véritable bond technologique concernant l’armement petit calibre, l’entre-deux-guerres allait également s’avérer être une période d’expérimentation riche dans de nombreux pays. La poudre sans fumée et les améliorations significatives des moyens de production (métallurgie incluse !) apportées par la seconde révolution industrielle bien domestiquée, il fallait alors appliquer les retours d’expériences de la Première Guerre mondiale. Dans ce contexte, il n’est pas surprenant que cette carabine automatique – aussi étrange que sublime – ait vu le jour dans les usines Mauser.

Origine, destination et authenticité

Cette carabine est vraisemblablement née sur les bords du Neckar dans le complexe industriel Mauser dans les années 1930. Le contexte exact de son apparition et son historique jusqu’à nos jours ne nous sont pas connus. Son numéro de série, V9000, nous indique par son préfixe « V » (pour « VersuchsAbteilung » ou « V-Abt ») qu’il s’agit d’une arme issue du « département expérimental » du complexe industriel Mauser, donc un prototype. L’usage de ce préfixe est connu pour des prototypes développés à partir de la seconde moitié des années 1930 (en commencant – à priori – par le pistolet HSC, puis diverses armes). Nous ne savons pas à quoi le « 9000 » se réfère, mais il semble que l’usage établi fut de numéroter la série de prototype de chaque projet avec un début de millier, puis pendant la guerre, avec un début de centaine. Ainsi, la série des prototypes de Mauser HSC commence à « V1000 ». Le choix du chiffre neuf questionne :  c’est peut-être une référence au calibre 9 mm…ou simplement le hasard de l’incrémentation  ! Il est vraisemblable que cette arme fut ramenée en France, comme beaucoup d’autres armes issues des Usines Mauser, lors de la prise de contrôle du site par l’armée Française à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Cette carabine est basée sur la mécanique du pistolet C96 développé pour Mauser par les frères Fidel, Friedrich et Joseph Feederle (Photo 04). Sans revenir sur l’histoire du C96 (ce n’est pas l’objet du présent article), elle est plus particulièrement dérivée de la version « automatique » de l’arme : le Model 712 « Schnellfeuer » développé par l’ingénieur Karl Westinger (modèle ayant rapidement supplanté les travaux Josef Nickl sur cette même thématique). Cette version, proposée par Mauser à partir de 1932, convertit l’arme en pistolet-rafaleur. Elle dispose d’un sélecteur de tir disposé sur le côté gauche de la carcasse permettant de sélectionner le mode de tir, ainsi que d’un chargeur amovible.

Il faut dire que dans la pratique du tir en rafale, le C96 dispose à la base d’un atout : son étui-crosse. Celui-ci va bien évidemment rendre l’exercice beaucoup plus praticable et les résultats beaucoup plus intéressants d’un point de vue opérationnel. Cependant, l’arme ne dispose pas d’un garde-main et la préhension à l’avant de l’arme – sur le puits de chargeur pour un M712 – est peu pratique pour la maîtrise de la rafale. On paye ici en ergonomie ce qu’on gagne en encombrement (l’arme étant toujours transportée dans son étui-crosse). Pour ceux qui l’ont expérimenté (c’est le cas de votre serviteur), le tir en rafale au Schnellfeuer est difficile avec étui-crosse…et simplement inexploitable sans. On peut mentionner ici, que c’est peut-être ceci qui couta la vie au Ministre des Affaires Étrangères Louis Barthou à Marseille le 9 Octobre 1934. Celui-ci était assis dans la voiture à côté du roi de Yougoslavie Alexandre 1er lorsque Vlado Tchernozemski, un révolutionnaire Bulgare, ouvrit le feu à très courte distance sur le Roi avec son Schnellfeuer. Tirant à plusieurs reprises, il atteignit le Roi, mais également le chauffeur (dénommé Foissac), quelques personnes dans la foule venue voir le Roi et peut être le ministre. Si une balle de 8 mm 92 a été retrouvée dans la voiture à l’emplacement du ministre lors des investigations en 1935, certains récits de l’attentat laissent encore un doute sur l’origine de l’arme ayant produit la ou les blessures fatales. Il y aura en tout 15 personnes tuées ou blessées. Pour en revenir à notre M712, par rapport à plusieurs autres pistolets-rafaleurs qui suivront la route tracée par le Schnellfeuer, l’arme de chez Mauser a un inconvénient non négligeable : la puissance de la 7,63 mm Mauser devient ici un problème en comparaison de certaines munitions plus douces : outre une augmentation du recul, ceci augmentera également la cadence de tir de l’arme, autre point défavorable pour la maîtrise du tir en rafale (contrairement à une idée reçue…ceux qui s’intéressent au sujet peuvent lirenos réflexions sur le tir en rafale).

Ce prototype propose donc de corriger deux de ces aspects :il offre un garde-main praticable tout en proposant un calibre plus modéré, mais alors déjà bien implanté dans le paysage militaire, le 9×19 mm (Photo 05). Pour mémoire, dans les années 1930, les chargements disponibles en 7,63 mm Mauser sont généralement 10% plus puissants (en termes d’énergie) que les chargements en 9×19 mm, ce qui est considérable. Cette différence est ressentie en matière de recul, toute action entrainant une réaction (en physique, mais vraisemblablement pas en politique…). Sans doute fort de la constatation que l’arme ainsi créée ne peut plus être une arme de poing portée dans un étui-crosse, elle abandonne également au passage sa morphologie de pistolet pour se conformer aux spécificités d’une carabine. Elle dispose d’une crosse amovible, dont le système de fixation se retrouve sur d’autres carabines Mauser (Photo 06). Dans le même esprit « carabine », son canon se voit allongé à 310 mm : de quoi exploiter pleinement le potentiel de la 9×19 mm. Il est protégé dansson intégralité par un manchon ventilé dont le but est d’éviter le contact direct entre la main du tireur et le canon lorsque celui-ci est rendu brulant par les tirs successifs. Cette disposition est bien évidemment directement associée à la capacité de tir en rafale de l’arme. On la retrouvera sur bon nombre de pistolets-mitrailleurs de cette époque.

Cette présentation sommaire effectuée, on peut se questionner sur la destination de cette arme. Dans le contexte des années 1930, si le pistolet-mitrailleur est déjà bien présent dans le paysage armurier, il ne l’est pas nécessairement dans les forces armées. La généralisation de son emploi se fera plutôt à la fin des années 1930, voire au début des années 1940. Il y a donc toujours une place pour une arme plus compacte et plus maniable qu’un fusil ou une carabine d’infanterie, mais plus efficace qu’une arme de poing, et ce dans les armées comme dans les services de police…et pourquoi pas auprès des civils ! Précisons cependant que comparativement à une autre carabine Schnellfeuer connue dite de « chasse », documentée dans le livre W D. Weaver, J. Speed et W. Schmid « Mauser Pistolen » aux éditions Collector Grade, celle-ci présente des atours résolument militaires : manchon de protection du canon etattache de la bretelle sur le côté à la façon d’une « Karabiner ». L’arme propose donc une carabine légère, aisément transportable, avec une capacité de tir en rafale plutôt inédite sur une arme individuelle de cette époque. Le tout sur une base déjà éprouvée : le C96. De notre point de vue, il est rationnel que cette piste ait été envisagée…c’est l’inverse qui nous aurait paru plus surprenant.

Une autre idée qui vient à l’esprit à la prise en main de l’arme est que nous sommes en face d’une arme « de prestige », unique, destinée à être offerte à un notable. Si cette idée est confortée par un niveau de finition supérieur (externe et interne), en réalité, l’arme ne comporte pas de signe de prestige particulier : pas de matériaux précieux, pas de gravure. Elle est même finalement sobre. Alors comment expliquer le niveau de finition ? Et bien tout d’abord, les armes de production courante qui sortent des usines Mauser d’Oberndorf am Neckar à cette période sont généralement d’un niveau de finition « supérieur ». L’examen d’une carabine « Standardmodell » de 1934 en convaincra quiconque ! Enfin, s’agissant d’un prototype, il est parfaitement normal que celui-ci, fabriqué de façon semi-artisanale, reçoive une finition supérieure. Et pour cause, il va potentiellement être présenté aux dirigeants de l’usine, sans doute à des autorités, à des clients importants… Donc tout ceci nous parait, une fois de plus, plutôt logique.

Enfin, il est naturel de questionner ici l’authenticité d’une pareille pièce. Clairement, à l’annonce de l’existence de cette carabine, notre première réaction a été le scepticisme. Mais le fait que l’annonce de cette « découverte » soit portée par Gilles Sigro, un armurier particulièrement érudit et notamment passionné de C96 nous a rassuré. Enfin, une fois l’arme en main, les derniers questionnements ont personnellement disparu : si c’est l’œuvre d’un faussaire, alors nous sommes en face de l’œuvre d’un génie qui a dépensé une quantité de travail proprement insensé pour réaliser une arme difficilement vendable sur le marché Français…mais pas ailleurs ! Elle peut être exportée…vers un pays frontalier et montagneux par exemple ? Que souhaiter de mieux à cette relique que de se retrouver dans un pays qui ne détruit pas les armes? Pour en revenir à l’authenticité de l’arme, si elle ne fait que peu de doute à notre sens, nous livrons ici notre opinion sur la question. Il est motivé et documenté par l’examen détaillé qui suit, mais bien évidemment, chacun est en droit de se faire un avis propre !

Une pièce exceptionnelle

L’arme a donc un niveau de finition qui la classerait aisément dans la catégorie « arme de luxe ». Au niveau mécanique, elle reprend les « standards » du Model 712 « Schnelfeuer » : un fonctionnement par court recul du canon et verrouillage par verrou mobile, associé à une platine autorisant le tir au coup par coup et en rafale. Elle comporte des spécificités notables dont nous allons tenter de dresser ici, une liste aussi exhaustive que possible…mais sans prétendre l’être :

  • Ce modèle de chien non percé d’un œil n’est connu – à notre connaissance – que sur la carabine « Schnellfeuer » dite « de chasse », documentée dans le livre W D. Weaver, J. Speed et W. Schmid.  (Photo 07).
  • La hausse – dérivée des carabines .22 LR de la marque – est graduée de 30 à 200 m par bonds de 20, 25 ou 30 m (Photo 08) ! Oui, les bonds ne sont pas réguliers. Si la hausse est ainsi graduée, évidemment, la courbe tangentielle usinée sur la carcasse supérieure est également différente de celles des pistolets C96, dont les hausses, originellement pour le 7,63 mm Mauser, sont graduées de 50 à 1000 m par bonds de 50 puis de 100 m. On notera aussi que celles d’autres carabines Mauser que nous avons pu observer sont graduées de 50 à 500 m, par bonds de 50 m. Ici aussi, l’usage de cette hausse 200 m est rapporté dans le livre de W D. Weaver, J. Speed et W. Schmid sur la même carabine « Schnellfeuer » dite de chasse.
  • La partie supérieure avant du boîtier de culasse abandonne les classiques facettes pour un profil arrondi qui épouse les formes du manchon du canon (Photo 09). On note à cet égard que le tonnerre arrondi de cet exemplaire est d’un diamètre supérieur à celui d’un boîtier de culasse « ordinaire » à pans. M. Sigro, nous faisait d’ailleurs remarquer qu’il est peu vraisemblable qu’un faussaire ait pris la peine de réaliser un tour de force technique tel que la refabrication hors masse d’un ensemble boîtier de culasse / canon. Il aurait plutôt utilisé un boîtier de culasse de pistolet au tonnerre court à pans comme le font les Chinois avec les fausses carabines C 96. Si un ajout de matière à postériori est toujours réalisable par un soudeur de génie, la chose laisse généralement des traces (même infimes) et ne résiste pas à un examen radiographique : or ici, aucune trace. Une fois encore, deux autres exemples sont recensés dans le livre de W D. Weaver, J. Speed et W. Schmid : il s’agit donc encore une fois d’une variation connue, même si marginale. Sur cette partie est gravé le logo « Mauser », vraisemblablement à la main, dans une exécution similaire à ce qu’on retrouve sur d’autres prototypes de ces années.
  • Le support de garde-main, fixé sur la partie avant de la carcasse inférieure, reprend les recettes classiques des autres carabines C96, mais celui-ci est donc complété par un manchonajouré par des ouvertures linéaires sur l’intégralité de la longueur du canon. Ce manchon est rapporté par soudure. La partie supérieure de ce manchon, juste en arrière du guidon, donc dans l’axe de visée, est quadrillée dans le but d’éviter les reflets du soleil (Photo 10). Lors du tir, le canon recule librement dans ce manchon, guidé par une bague usinée dans la  partie avant du manchon. La chose est bien visible sur la vidéo de tir disponible plus bas…car oui, nous avons tiré la bête ! Ce manchon est, à notre connaissance, totalement spécifique à l’arme.
  • Si le mode de fixation de la crosse, sur un rail usiné dans la carcasse inférieure avec le verrou sur la ferrure de la crosse, n’est pas original, la ferrure de crosse l’est : elle comporte un large retour (Photo 11). Ce dernier protège la main du tireur des mouvements du chien et des pincements de verrou de démontage…tant redouté par les mains charnues comme celles de votre serviteur. Si la disposition est bienvenue, pour ma part, elle n’a pas empêché les désagréments liés au mouvement du chien…nous en reparlerons à la section tir. Cette disposition est, ici aussi, à notre connaissance totalement spécifique à l’arme.
  • Le sélecteur de tir comporte des différences dans son dessin par rapport à la plupart des sélecteurs M712 tardifs, notamment sur sa forme inférieure qui n’est pas arrondie (Photos 12 et 13). On note cependant qu’il est déjà « simplifié » en comparaison de ceux réalisés en début de production.
  • La plaque de couche de la crosse est…en aluminium (Photo 14) ! Si la chose nous paraît – à titre personnel – relever de la faute de goût, il faut tout de même convenir que l’emploi de ce métal était pour le moins avant-gardiste pour cette époque. L’utilité de ce choix ? Un gain de poids, évidemment, mais aussi sans doute une volonté d’afficher cette arme comme quelque chose de résolument « moderne ». Enfin pour un usage « opérationnel », l’aluminium reste plus solide que les fines plaques de couche en plastique rencontrées sur les autres carabines C96. En se laissant aller ici à quelques pensées déraisonnables car sans fondement véritable, ce détail et les caractéristiques globales de l’arme nous questionnent sur une prétention à être utilisée comme arme de surviepar la « Luftwaffe ». Pourquoi cette pensée ? Par certains désirs et certaines commandes loufoques d’un personnage fort excentrique mais tout puissant à la tête du ministère de l’air Allemand : Herman Göring. Mais revenons sur un terrain plus rationnel : la technique.
  • L’arme peut être équipée d’une bretelle sur son côté gauche, dans un esprit très « Karabiner » militaire. Dans ce but, le manchon dispose d’un passant sur la gauche de sa partie avant, et la crosse d’un passant qui la traverse et d’un clou de fixation.
  • Le chargeur de dix coups reçoit une cale sur sa partie avant afin de compenser la différence de longueur entre la 7,63 mm Mauser et la 9×19 mm (Photo 15).

La majorité des pièces externes, dont les carcasses inférieure et supérieure (et donc le canon), sont bronzées. Quelques pièces sont colorées par revenu contrôlé après polissage : la détente, la butée de culasse et l’extracteur sont « bleu gorge de pigeon », le verrou d’assemblage, « jaune paille ». La majorité des pièces internes, comme le corps de platine sont laissées en blanc à l’issu d’une trempe grise. Quelques-unes présentent une finition poli glace sur les surfaces sujettes à friction. Le poussoir du ressort de chien est bronzé.

À titre personnel, l’examen de l’arme nous fait penser qu’elle a probablement été fabriquée entre 1936 et 1939 : sa nature même, ses finitions, et le type de numéro de série nous invitent à cette conclusion.

Au tir

Alors, disons-le immédiatement : nous n’étions pas spécialement partant pour faire parler la poudre avec cette pièce d’exception. Concernant les pièces exceptionnelles, deux philosophies s’opposent généralement :

  • Celle qui fait prévaloir que l’intérêt d’une telle pièce est d’être conservée en l’état sans aucun risque de dégradation…et donc aucun tir, mais aussi, aucun démontage. Si vous commencez à me connaitre, vous aurez compris que ce deuxième point me pose plus problème : comment analyser et comprendre un mécanisme sans le démonter ?
  • Celle qui fait prévaloir que, comme une voiture de collection, celle-ci n’a d’intérêt que si elle peut être utilisée. Évidemment, avec toutes les précautions d’usage.

Nous ne sommes pas là pour distribuer des points : chaque point de vue peut se défendre. À la faveur du second point de vue, dans le cas des armes à feu, on peut ajouter que malheureusement (pour les amateurs d’armes), une législation de plus en plus restrictive tend à destiner certaines armes à la destruction ou dans le meilleurs des cas, à la neutralisation. Donc étant dans un cadre légal permettant cet essai, pourquoi s’en priver ?Surtout si cette expérimentation peut, comme ici, se relayer par une publication, faisant ainsi profiter au plus grand nombre de notre expérience personnelle.

Pour conclure ce préambule (je suis pénible hein ?), et rendre à César, ce qui est à César, c’est notre ami Gilles Sigro qui a fait office de juge de paix : « Essaye-la, et fais de belles vidéos !» m’a-t-il dit ! Qui suis-je pour contrarier une telle demande ?

Nous avons donc expérimenté le tir avec cette arme, un total de 150 coups ayant été tiré aussi bien en coup par coup qu’en rafale. Le choix des munitions s’est porté sur des cartouches manufacturées avec projectile FMJ de 124 grs et amorçage au styphnate de plomb. Nous précisions la nature de l’amorçage (non corrosif, mais pas « non toxique » comme les amorçages au « 2-diazo-4,6-dinitrophénol » dit « Diazole »), car nous avons pu constater au cours de notre carrière que les munitions dites « non-toxiques » au diazole peuvent s’avérer destructrices pour les armes (pour ceux que le sujet intéresse, Chapitre 4 de notre livre « Petit Guide de l’Armement »). Pas d’enrayage, mais un retour de détente un peu faible sur les premiers tirs qui nous obligeait par deux fois à complétement ôter le doigt de la détente pour reconnecter le mécanisme en coup par coup. Il fallait réveiller la bête ! Précisons ici que l’arme avait été préalablement inspectée puis lubrifiée sans démontage, et ce pour éviter la répétition des opérations de démontage : on marche toujours sur des œufs avec une pièce d’exception… Notons au passage que le canon présente d’ailleurs à cet égard un état – environ 90 ans plus tard – très correct avec de belles rayures et un peu d’oxydation (Photo 16). Pourquoi faire le démontage après le tir ? Et bien la chose est obligatoire pour un nettoyage décent. La vidéo de démontage a ainsi été réalisée après la vidéo de tir…les coulisses de l’article ! Dans les règles de l’art, le démontage avancé de l’arme aurait été souhaitable avant le tir…mais sur une arme de cette nature, nous avons priorisé les choses différemment : nos choix, nos engagements.

Au coup par coup l’arme est bien évidemment très confortable. Si le recul est très faible, notre main droite s’est quand même vue heurtée par le mouvement du chien lors du premier tir, nous contraignant à légèrement déchausser la crosse. Nul doute que ce désagrément ne concernera que les mains «charnues ». Le cran de mire est – comme à l’accoutumée sur les armes Allemandes de cette époque – en V. Cette forme n’a clairement pas notre faveur…mais nous ferons avec (Photo 17) ! En cible, les résultats à 100 m (tir en position couché sur appui, pouvant être vus en fin de vidéo) sont « raisonnables » : le H + L est environ de 30 + 30 cm, le tir étant un peu bas avec la hausse 100, mais parfaitement centré en direction. Nul doute qu’un meilleur tireur et une plus grande pratique de l’arme permettent une amélioration de ce résultat…mais ne nous y trompons pas : il ne s’agit pas d’une arme de match, et ce résultat est d’ores et déjà compatible avec un usage opérationnel.

En rafale…1600 coups minutes mesurés au logiciel de montage vidéo sur la séquence au ralenti ! Et nous avons effectué plusieurs vérifications (notamment sur le calcul et le lissage consécutif à la longueur de la rafale) pour nous assurer que nous ne commettions pas d’erreur. Mais non, cette valeur est bien la bonne ! Autant dire de suite, avec 10 coups partis en 0,38 seconde, vous n’avez pas le temps de réagir. Si le recul est – comme déjà mentionné – très faible, l’effet « marteau piqueur » très rapide tend à relever le tir, d’autant plus que le canon n’est pas dans l’axe de la crosse, mais bien au-dessus. Il convient donc de bien se positionner, contraindre l’arme préalablement…et alea jacta est. La séquence que nous diffusons est la troisième rafale de 10 coups tirée. Les deux premières – également filmées, mais non diffusées – relèvent notablement plus, mais sans tomber dans le ridicule. Pourquoi ne pas les diffuser : nous évaluons ici le comportement de l’arme, pas l’habileté du tireur ! Ainsi, il aurait été injuste de diffuser des images défavorables pour l’image de l’arme, qui seraient liées à une mauvaise maitrise du tireur…et on peut toujours mieux faire ! Précisons que ces essais sont faits à une distance rapprochée dans une butte de tir suffisamment dimensionnée pour éviter tout vagabondage de projectile ! Notre verdict : la rafale est ici inutile et totalement inutilisable de façon pratique. Mais le démonstrateur technologique fait ici son travail : il prouve qu’il ne faut pas persévérer dans cette voie ! («Errare humanum est, sed perseverare diabolicum » comme on dit !) Et l’arme n’ayant pas dépassé le stade du prototype, c’est sans doute la constatation réalisée en Allemagne à l’époque.

Alors comment expliquer cette cadence de tir ? On peut mettre ici en lumière 3 facteurs décisifs:

  • L’impulsion de réarmement est longue de par un canon long.
  • La course de la culasse du C96 est particulièrement courte.
  • La culasse du C96 est très légère.

En conséquence, et sans dispositif permettant de ralentir la cadence (et il semble bien que cette piste fût également étudiée vu certaines photos récemment dévoilées), il n’y a aucune raison que la cadence ne soit pas très élevée…mais tout de même, 1600 cpm…c’était inattendu. Il s’agit sans doute de l’arme la plus rapide en rafale que nous ayant eu le loisir d’essayer. La seule arme potentiellement plus rapide que nous avons expérimentée – toujours dans un cadre légal et professionnel – est une carabine Gevarm en .22 LR modifiée en rafale dont la vingtaine de coups étaient particulièrement vite délivrée… Mais n’ayant pas fait de mesure à l’époque, cela demeurera un mystère ! Allez…en exclusivité LAI Publications : la vidéo !

Démontage

Le démontage ne présente pas de différence notable avec le M712 « Standard ». Cependant, cet exemplaire était particulièrement ajusté et le retrait de la platine de la carcasse inférieure a nécessité l’assistance d’un jet en matière synthétique. Sur les autres C96 que nous avons eu le loisir de démonter, cette partie du démontage se fait sans outils. Nous ne rentrons pas dans le détail écrit du démontage de cette arme d’exception…mais vous proposons la visualisation de son film et des photos 18 à 21 ! Abonnez-vous, mettez un pouce bleu, bla-bla-bla…

En conclusion

Alors que dire en conclusion devant un tel témoignage historique ? Une fois n’est pas coutume, comme le dirait le professeur Henry Jones Junior : « Sa place est dans un musée » ! Ou tout du moins dans une collection soignée qui assurera sa conservation et sa transmission aux générations futures. Pour notre part, nous espérons que ce partage aurait été agréable et instructif pour tous…comme toujours !

Arnaud Lamothe

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Remerciement particulier à Gilles Sigro, de l’armurerie « Atelier Saint-Étienne », qui a mis cette carabine exceptionnelle à notre disposition pour cet article et qui en a assuré la relecture éclairée !

https://ateliersaintetienne31.fr/

Bibliographie :« Mauser Pistolen », par W Darin Weaver, Jon Speed et Walther Schmid, édition Collector Grade.

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    Arnaud Lamothe

    Expert près la Cour d'Appel de Limoges, ancien contrôleur des services techniques du ministère de l'Intérieur, cofondateur du site LAI Publication, Arnaud est un spécialiste des armes de guerre de petit calibre. Auteur d'articles, il désire au travers de ce site partager sa passion et ses connaissances pour ces sujets.

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