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Le Pistolet Tribuzio

Il s’agit d’un des nombreux modèles de pistolets à répétition manuelle conçus à la fin du XIX ème siècle, dans la lignée des Gaulois, Ronchouse et Brun-Latrige.

Une histoire mal connue

La documentation disponible mentionne assez rarement le Tribuzio, si ce n’est de façon très évasive. Seul le répertoire Støckel (répertoire international et biographique des constructeurs d’armes à feu de 1400 à 1920) mentionne à sa page 1299 qu’un brevet fut attribué en 1899 pour un pistolet à répétition à un dénommé Catello Tribuzio de Turin. Même l’orthographe du nom de l’inventeur semble mal connue, puisque l’on voit parfois aussi orthographié son nom avec deux “z” !

Si l’on en juge par le marché de la collection, le Tribuzio se rencontre beaucoup moins fréquemment que d’autres pistolets à répétition manuelle comme les Gaulois ou les Trubiaux (concepteur du « Protector »). Cette constatation permet de supposer que l’arme n’a été produite qu’en quantités assez modestes.

La munition de calibre 8 mm employée par cette arme est mentionnée dans la plupart des ouvrages de référence sous l’appellation de « 8mm Tribuzio » ou de « 8 mm Lampo » ou enfin de « 8 mm éclair ». Il s’agit d’une cartouche à percussion centrale dont la balle plomb est montée sur un étui à bourrelet en laiton de 9 mm de longueur. Elle est chargée à la poudre noire, tout du moins pour l’exemplaire examiné. Les dimensions de cette munition sont analogues à celles de la cartouche de 8 mm employée par le pistolet “Le Gaulois”.

L’arme est dotée d’un canon rayé d’abord octogonal puis cylindrique dégagé, dont les parois sont très minces. La carcasse extrêmement plate a été étudiée pour s’adapter judicieusement à l’ergonomie de la main du tireur.

Elle comporte à l’avant un magasin vertical pouvant contenir cinq cartouches sur une seule pile. Le côté gauche du magasin est fermé par une plaque perforée de trois orifices, permettant le contrôle du remplissage. En tournant, puis en retirant vers la gauche le verrou placé à l’avant de cette plaque, on peut la déverrouiller et l’extraire de la carcasse pour accéder à l’intérieur du magasin.

À l’avant de la carcasse est placé un piston prolongé d’un anneau (tenant lieu de « détente ») actionné par le majeur du tireur. Cette disposition paraît moins commode que celle que l’on trouve sur le « Gaulois » et sur les pistolets « Ronchouse et Merveilleux » où le tireur dispose de la force de trois doigts pour actionner le mécanisme. En comprimant ce piston, le tireur fait avancer la culasse. Dans un premier temps, celle-ci écarte sur son passage les « lèvres » du magasin placées de part et d’autre du boîtier qui libèrent la cartouche à mesure que la culasse avance. Lors de ce même mouvement de la culasse, le percuteur lancé est armé : il est maintenu à l’armée par le sommet de l’éjecteur qui fait ici office de gâchette. En fin de course, le levier commande l’abaissement de l’éjecteur, qui, libérant le percuteur, entraîne le départ du coup. Lors du tir, le verrouillage de la culasse est assuré par l’appui du levier de commande sur la carcasse…sur un principe finalement assez similaire à celui des premières armes à levier de sous-garde (Henry 1860, Winchester 1866 et 1873…)

À l’arrière de la carcasse, du côté gauche, se trouve un levier de démontage. En dévissant ce levier, on libère en effet la plaque de recouvrement placée du côté droit de la carcasse, qui donne accès au mécanisme de percussion.

Le Tribuzio est soigneusement réalisé. La plupart des exemplaires bénéficient d’une finition nickelée, appliquée sur un fond de placage laiton. Le canon, la plaque de recouvrement de la carcasse, celle du magasin, le bouchon arrière de la culasse sont bleuis.

Sur l’exemplaire présenté dans cet article, on trouve le marquage “MADE IN ITALY” du côté gauche de la carcasse alors que les numéros 06 et “.24” sont apposés sur le canon. Le marquage “.24” se retrouvant à l’intérieur de la plaque de recouvrement du magasin et du mécanisme représente très probablement le numéro de série de l’arme.

CONCLUSION

Comme les autres armes à cartouches courtes de la même génération, le Tribuzio ne devait posséder qu’un effet vulnérant très limité et possédait de plus une capacité de chargeur réduite. En contrepartie, il était plat et léger, ce qui permettait de le porter discrètement en habit. Il offrait l’énorme intérêt de rassurer son porteur et pouvait éventuellement lui offrir une dissuasion salvatrice en cas de mauvaise rencontre. Antérieur à 1900, l’arme est aujourd’hui classée en catégorie D-e de la législation en vigueur en France. Son acquisition et sa détention sont donc libres sous condition de majorité. Le port, lui, reste interdit : autres temps, autres mœurs !

Luc Guillou

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CARACTERISTIQUES

Calibre : 8 mm
Munition 8×9 R aussi appelée : “8 mm Tribuzio”, “8 mm Lampo” ou “8 mm Eclair”.
Capacité du chargeur ; 5 cartouches
Longueur totale : 127 mm
Longueur du canon : 50 mm
Épaisseur maximale : 17 mm
Hauteur : 70 mm
Poids à vide : 280 g

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    Luc Guillou

    Luc Guillou, 67 ans, a servi jusqu’en 2011 comme médecin dans la marine nationale française où il était spécialisé dans la médecine de la plongée. Aujourd’hui en retraite, il est l’auteur de nombreux ouvrages et articles principalement consacrés aux armes des deux guerres mondiales. Il pratique régulièrement le  tir sportif aux armes anciennes et a été le vice-président de l’union française des amateurs d’armes (UFA) jusqu’en 2020.

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