Le Fusil Gras de Cadet calibre 11 mm

Les armes du système Gras ont longtemps été délaissées par les tireurs Français. « French bashing » ? Même si par nature (culturelle) nous, Français, reconnaissons souvent plus de qualités et d’attrait à ce qui vient de l’étranger, c’est la réglementation qui a mis un frein à l’utilisation de ces armes. Le 11 mm Gras (chargé à poudre noire) est longtemps resté classé comme un calibre « de guerre » donc difficilement accessible pour une majorité de tireurs. Cette hérésie a été corrigée au début des années 1980, le passant en calibre de collection : mais le mal était fait, car de nombreux modèles avaient été entre-temps détruits ou dénaturés.

Un peu de contextualisation

En Juillet 1870, la France du Second Empire entre en guerre contre la Prusse. Cette guerre sera une guerre de transition, entre les charges de cavalerie issues du début du XIX ème siècle et l’emploi de l’artillerie de campagne, annonçant les nouvelles techniques de guerre du XX ème siècle. Le fantassin Français part en ligne avec son fusil Chassepot à cartouches combustibles. Cette arme emblématique par sa notoriété et ses capacités vantées, est sur le plan technique supérieure au Dreyse Germanique. Néanmoins, les faiblesses de l’emploi de cartouches papier et de mise à feu par aiguille vont mettre en évidence la nécessité de mettre en œuvre rapidement une munition à cartouche métallique.

Les différents belligérants ont pu voir à l’œuvre des armes à cartouches métalliques, provenant essentiellement des États-Unis de type Rolling Block ou Spencer. La supériorité de ces systèmes a interpellé les stratèges et les décisionnaires. Notre Chassepot montre ses réels défauts, l’encrassement lié à la poudre noire paralyse son action après quelques séries de tirs, les cartouches en papier sont fragiles et sensibles aux contraintes extérieures. Le système de percussion à aiguille pose également un certain nombre de problèmes, enclouage, fragilité de l’aiguille, problèmes de fiabilité de la mise à feu, etc. Notre adversaire Dreyse connaît à peu de choses près les mêmes affres (avec en sus une étanchéité défaillante). La réflexion sur l’adoption d’une cartouche métallique se pose donc dès la fin du conflit en 1871. Encore une fois le nouvel Empire Allemand fait preuve de pragmatisme et de réactivité, adoptant un premier fusil réglementaire à cartouches métalliques Mauser en 1871. Il devient donc urgent pour la France de trouver une alternative rapide ; des commissions d’armement se mettent en recherche et en études. L’industrie armurière Française continue à produire des fusils Chassepot jusqu’en 1874, afin de pallier aux armes capturées par l’ennemi, et pour renforcer le nombre d’armes disponible dans l’optique d’un nouveau conflit. Les différentes pistes étudiées pour l’adoption d’une nouvelle arme réglementaire sont à la fois un changement radical de modèle, la substitution d’un étui métallique à la cartouche papier et enfin la création d’une arme dérivée du modèle précédent. Dans les grandes lignes, le système Beaumont Hollandais a été testé mais non retenu. Des essais ont parallèlement été menés pour créer une munition métallique capable d’être tirée dans une chambre au profil Chassepot, mais sans résultat probant…