La carabine Robinson Armament XCR-L Micro
Le système XCR (pour Xtreme Combat Rifle) a été développé par Alex Robinson en 2004 et mis sur le marché dès 2006. L’objectif initial était de concourir au projet SCAR de l’armée Américaine (Special Operations Combat Assault Rifle). Le XCR n’a au final pas été évalué par l’US Special Operations Command (SOCOM), vraisemblablement pour une raison purement logistique et administrative : les bouchons de tir à blanc n’auraient pas été fournis en temps et en heure à la commission d’évaluation ! Le système a continué à être développé et amélioré pendant une dizaine d’années, visant naturellement le marché civil américain, mais également certaines administrations ou unités spéciales. Ayant connue de nombreuses améliorations depuis 2006, l’arme ici testée est la version du millésime 2017. Elle est importée par l’armurerie BGM bien connue des tireurs sportifs français.
Lorsque l’on évoque une arme longue semi-automatique en .223 Remington / 5,56×45 ou .308 Winchester / 7,62×51 en provenance des États-Unis, le tireur lambda (mais initié !) pense immédiatement et presque exclusivement aux nombreux clones d’AR-15 et AR-10. Il faut dire que ce système détient le quasi-monopole des catalogues d’importateurs. Disons qu’une nouvelle arme et un « nouveau concept » apportent de la fraîcheur et à titre personnel beaucoup de satisfactions !
Le système XCR comporte de nombreux avantages. Dans sa conception, il n’est pas sans rappeler certains préceptes du Stoner 63 développé par Eugen Stoner chez Cadillac Gage au début des années 60. L’inventeur des AR-10 et AR-15 avait poursuivi la conception d’armes en tentant de corriger les défauts bien identifiés de l’AR-15, notamment la conduite des gaz de combustion à l’intérieur du transporteur. Ainsi, après avoir travaillé sur l’AR-16 (en 7,62×51 qui deviendra AR-18 en 5,56×45 dans les mains d’Arthur Miller) chez Armalite, il travaillera sur les concepts d’armes modulaires baptisées Stoner 62 (7,62×51) et 63 (5,56×45). Cette dernière, finalisée en Stoner 63A après le départ de E. Stoner et de son équipe chez Cadillac Gage est devenue mythique dans certains milieux. Cette série d’armes pouvait facilement être convertie en fusil, carabine et deux configurations de fusil-mitrailleur, en modifiant même le système de mise à feu et d’alimentation. L’arme fonctionnait sur le principe de l’emprunt de gaz à piston attelé, qui avait déjà fait ses preuves sur de nombreux FM mais aussi sur la célèbre famille d’armes mises au point par Mikhaïl Timofeïevitch Kalashnikov. Le XCR comporte donc une similitude avec la famille d’armes soviétiques : le piston est attelé au transporteur au moment du tir. Il s’agit d’un argument mis en avant par le constructeur pour promouvoir la fiabilité de son arme. Par ailleurs, signalons que Robinson Armament connaît bien le Stoner 63 : le M96 Expeditionary Rifle, arme produite de 1999 à 2005 n’est autre qu’une adaptation du Stoner 63, avec en prime une composante multi-calibre (5,56×45, 5,45×39 et 7,62×39). Au moment où nous écrivons ces lignes, la firme étudierait la possibilité de produire à nouveau cette arme. La série des XCR présente d’autres caractéristiques intéressantes parmi lesquelles:
- Commandes ambidextres. Notons à ce sujet que le levier d’armement présent sur le flanc gauche est réputé comme ambidextre par le fabricant : loin de nous l’idée de trancher le débat, chacun se fera une opinion. Reste que certaines armes possèdent des solutions pour chaque flanc de l’arme, soit de façon permanente (G36) soit par transposition de pièce (FN SCAR).
- Démontage et entretien simple.
- Peu de pièces constitutives.
- Construction du boîtier supérieur (« Upper », chez nos camarades anglo-saxons) et garde-main monolithique. Il s’agit d’un point parfois reproché à l‘architecture de l’AR-15.
- Éjecteur fixe
- Extraction primaire
- Canon facilement interchangeable.
- Compatibilité avec les magasins STANAG.
Pour cet essai, nous avons choisi le modèle le plus court du catalogue : le XCR L Micro avec un canon de 7,5 pouces (19,05 cm). Nous pensons que le .223 Remington (et par extension le 5,56×45 mm) est « uniquement » pertinent dans des canons de 20 pouces (50,8 cm) voire 16 pouces (40,64 cm). Si cette réflexion reste vraie d’un point de vue balistique, le concept d’une arme compacte à la limite du PDW (Personnal Defense Weapon) nous a intéressé ici. Aussi, il nous semble nécessaire de remettre en question nos acquis (voir, nos préjugés !) et d’avoir à minima une curiosité pour tout type de matériel.
La gamme 2017 était en grande partie disponible en France au moment de la rédaction de cet article. Elle est classée en France au moment où nous écrivons ces lignes en catégorie B-4 ou B-2. Elle nécessite donc une autorisation de détention délivrée par la préfecture du lieu de résidence, qui sera accordée uniquement à des tireurs sportifs répondant à certains critères que nous n’exposerons pas ici.
La gamme XCR est disponible :
- En version « M »pour les calibres .243 Winchester, .260 Remington et 6,5 Creedmoor et .308 Wincherster avec des canons de 9,5 à 20 pouces (24,13 à 50,8 cm)
- En version « L » pour les calibres .223 Remington, .300 AAC Blackout, 7,62×39, 6,8 SPC, .224 Valkyrie et 6,5 Grendel avec des canons de 7,5 à 18,6 pouces (19,05 à 47,24 cm).
Les deux variantes se déclinent autour de 4 longueurs de boitier : standard, compétition, mini et micro, dont les garde-mains peuvent être au standard M-Lock ou KeyMod. Le tout est proposé avec différents types de crosse et deux types d’emprunt de gaz : à piston attelé dénommé Gas Block 3 ou GB3 et à piston non attelé dénommé GB2. Nous reviendrons sur les emprunts de gaz ultérieurement dans ce même article. En tout cas, nous sommes sans aucun doute en face d’une solution « modulaire » dans toute sa définition. On peut souligner ici que pour le marché états-unien, le site de Robinson Armament dispose d’un configurateur d’arme des plus complets : un coup d’œil vaut le détour !
Des solutions opérationnelles et industrielles adéquates
Notre exemplaire est extrêmement compact et léger : 61 cm pour 2,5 kg. Le boîtier supérieur qui officie comme boîtier de culasse est globalement de forme rectangulaire. Il est usiné sur un brut d’aluminium extrudé de qualité « aéronautique » de type 7075T6. On peut noter ici que la construction de l’arme en aluminium s’éloigne de prime abord de celle du Stoner 63, dont la carcasse est construite en tôle emboutie (ainsi que le boîtier du groupe détente). Si la solution de la tôle emboutie est résolument économique pour une production de masse, la chose est très différente pour une production plus confidentielle. Aussi, à l’heure de la machine à commande numérique (CNC), le choix de l’aluminium paraît judicieux. Enfin, le choix de réaliser le boitier supérieur à partir d’un brut d’aluminium extrudé (choix également réalisé sur le FN SCAR) et non forgé est en réalité une solution industrielle que l’on pourrait situer à mi-chemin entre la tôle emboutie et le forgé / usiné. Une solution somme toute astucieuse, dont l’esprit n’est finalement peut-être pas si éloigné de celui du Stoner 63. Comme déjà mentionné, le garde-main fait partie intégrante de ce boîtier. Sur la partie supérieure, un rail Picatinny permet le montage d’optiques ou d’accessoires. Les flancs et la partie inférieure sont au standard KeyMod sur notre exemplaire. La finition extérieure est noir mat, les pièces étant traitées avec une anodisation dure (OAD). De nombreuses options de finition sont disponibles. Sur chaque flanc, des ouvertures sont pratiquées pour permettre une ventilation du canon et du tube d’emprunt des gaz : pour cette version « Micro » on compte 30 ouvertures en incluant les emplacements KeyMod. Le tube d’emprunt de gaz en acier est inséré dans le boîtier (Photo 4). Il permet de guider le piston et de canaliser les gaz prélevés à la frette. Sa partie inférieure comporte 4 larges évents destinés à évacuer les gaz prélevés après impulsion du piston. La frette des gaz (GB3 sur notre exemplaire) s’y intègre (Photo 5). Une vis hexagonale solidarise le canon au boîtier supérieur (Photo6). Elle est positionnée à l’avant de la charnière permettant l’assujettissement au boîtier inférieur (« Lower » chez nos amis Anglo-saxons).
Le levier d’armement est positionné sur le flanc gauche du boîtier supérieur : il est n’est pas solidaire de l’ensemble mobile et ne bouge pas par conséquent pendant les tirs. Le bouton d’armement est bien proportionné, cylindrique et gainé de caoutchouc. Ce levier peut être utilisé comme aide à la fermeture de culasse en appuyant sur le bouton vers l’intérieur de l’arme et en poussant vers l’avant. L’éjecteur fixe en acier est boulonné dans le boîtier : cette méthode d’implantation est rendue nécessaire par l’utilisation de l’aluminium pour la construction du boîtier de culasse (Photo 7). Par ailleurs, cela constitue une simplification de production et de maintenance bienvenue. L’utilisation d’un éjecteur fixe constitue une des évolutions également introduites sur les Stoner 62 et 63. Lorsque ce type d’éjecteur est correctement intégré à l’arme, il présente un gain significatif en matière de fiabilité en comparaison d’un éjecteur mobile, mû par un ressort. En effet, la puissance de l’éjection est ici liée à la vitesse de cycle de l’arme et non à la puissance du ressort. Par conséquent, un sur-cycle entraine ici une éjection plus forte là où dans une arme à éjecteur mobile, le sur-cycle limite le temps alloué à la sortie de la douille de l’arme, pouvant produire des enrayages de type « stovepipe ». Pour rappel, un « stovepipe » est un enrayage qui implique le blocage de l’étui entre l’ensemble mobile et la carcasse à la fermeture. Enfin, ce choix de conception met à l’abri des problèmes liés à l’affaiblissement du ressort d’éjecteur. Ceux-ci ne sont pas aussi rares que l’on pourrait le croire sur une arme à vocation professionnelle à usage intensif…Complétons ce propos par l’évocation de problème de sous-cycle : quelle que soit la méthode d’éjection retenue, un sous-cycle aboutit généralement à un enrayage de type « échec d’alimentation ». L’ensemble mobile ne recule généralement pas assez loin pour prendre en compte correctement une nouvelle munition. Inutile donc de se soucier de l’éjection dans ce cas-là…
Le déflecteur d’étui en matière synthétique est rapporté à l’arrière de la fenêtre d’éjection (Photo 8). Cette dernière est relativement étroite et, à l’instar du FN SCAR ou du HK G36, est dépourvue de volet de protection. Sur ces armes, le volet n’est pas utile : « l’étanchéité » face au corps étranger est assurée par la fermeture de l’ensemble mobile qui assure une excellente obturation de la fenêtre d’éjection. Est-il nécessaire de préciser que cela n’est pas le cas de l’AR-15…ou d’un StGw-44 ? (Photo 9 et 10). Le profil du boîtier supérieur comporte deux rails de guidage latéraux permettant la circulation de l’ensemble mobile (Photo 11). Sur la partie arrière du flanc gauche de ce même boîtier, une ouverture rectangulaire est usinée : elle accueille l’extrémité arrière de l’ensemble récupérateur (Photo 12). Cette extrémité, qui comporte un curseur qui fait sailli hors du boîtier, verrouille le boîtier supérieur sur le boîtier inférieur. Ces deux boîtiers sont articulés sur leur partie avant par une goupille captive du boîtier inférieur. On retrouve une utilisation similaire de l’extrémité arrière de l’ensemble récupérateur sur l’Ultimax-100 de la firme singapourienne CIS. La chose n’est pas si étrange, les deux armes ayant clairement une filiation « Stonerienne » commune… À noter que l’assemblage des boîtiers supérieur et inférieur du XCR ne laisse aucun jeu.
Un boîtier inférieur repensé
Le boîtier inférieur est également en aluminium et reçoit la même finition que le boîtier de culasse. Il est compatible avec les poignées d’AR-15, un modèle A2 classique équipant notre modèle. L’ensemble des commandes présentes sur le boîtier inférieur sont ambidextres, un point suffisamment rare pour être souligné. Le levier de sureté est à hauteur du pouce de la main forte. En position basse il permet le tir. Sa rotation est d’à peine 30° permettant une action rapide. Comme souvent sur les armes américaines, la sureté ne peut être engagée que si les mécanismes de mise à feu sont à l’armée. Le levier de droite peut être démonté facilement si souhaité par l’utilisateur. Sur les versions militarisées, ce sélecteur comporte en prime une position rafale libre, placé en avant de la position semi-automatique. Le poussoir du verrou de chargeur sur la droite du boîtier s’inspire de celui de l’AR-15. Il est doublé d’une commande sur la gauche permettant de l’activer. Pour ce faire, un levier a été placé sur l’arrière du verrou : il permet en l’activant de tracter le verrou de chargeur par la gauche. L’arrêtoir de culasse est présent à la base du puits de chargeur, deux oreilles latérales permettent de l’abaisser pour libérer l’ensemble mobile ou de l’élever pour bloquer l’ensemble mobile à l’arrière (Photo 13). Comme à l’habitude, l’arrêtoir de culasse est commandé automatiquement en fin de chargeur par la planchette élévatrice. Le pontet est large, permettant le tir ganté sans qu’il soit nécessaire de déposer sa base comme sur le système AR-15. La détente est d’excellente facture sans grattage ou course molle (Photo 14). À double bossette, elle permet de sentir parfaitement le point dur précédant le lâcher. Elle dispose d’un point de réinitialisation (ou « reset » en Anglais) particulièrement court permettant des tirs rapides. Le système de détente ne comporte pas de pièces communes avec ceux de type AR-15, ce qui permet au fabricant une plus grande souplesse dans ses choix de conception.
Le canon est donc facilement démontable via la vis hexagonale positionnée sous le boîtier supérieur. L’indexation du canon est réalisée via cette vis et par le boitier à l’emprunt des gaz. Sa partie arrière est prolongée par la noix de verrouillage qui est vraisemblablement visée sur le canon (Photo 15). L’avantage majeur de cette disposition est de pouvoir changer rapidement de configuration et de longueur de canon, voir de calibre. L’entretien se trouve également facilité. Le canon de notre exemplaire est réalisé en acier inoxydable 416R. Il reçoit une finition mate, vraisemblablement obtenue par microbillage. Robinson Armament propose aussi des canons en acier 4140 ou 4150 dont les âmes et chambres sont chromées. Tous les canons de la firme sont réalisés par olivage. Ici aussi, il est nécessaire de comprendre que la réalisation de canon par martelage à froid n’est rentable que sur de très grandes séries.
Le cache-flamme de notre exemplaire et de type A2. Le filetage de 1/2”x28tpi permet de remplacer cet accessoire par un autre dispositif de bouche. Le site du constructeur propose d’ailleurs au moment de la rédaction de cet article leur remplacement par deux variantes de frein de bouche. Notons au passage que sur une version dotée d’un canon aussi court, le choix du réducteur de son doit se faire avec soin au risque de voir le dispositif être rapidement dégradé..voir détruit (Photo 16)! L’adoption d’un réducteur d’effet de souffle peut également constituer une alternative cohérente…mais compte tenu de l’allongement de la longueur de l’arme et de l’augmentation du poids, n’aurait t’il pas mieux valu investir directement dans un canon plus long ? Chacun se fera une idée, mais de notre point de vue, l’intérêt d’une arme aussi courte réside précisément dans ses dimensions. Le canon dispose de 6 rayures droitières au pas de 7 pouces (177,8 mm) permettant de stabiliser les projectiles lourds de 62 voire 77 grains. D’autres pas de rayures sont disponibles. La frette des gaz est positionnée sur le tiers avant du canon. De type Gas Glock 3 elle dispose de 8 positions de réglages (de 0 à 7) permettant d’adapter le flux à l’usage de munitions spécifiques ou d’un modérateur de son. Le réglage peut être réalisé avec une pointe de munitions si l’on s’en réfère au manuel. La régulation des gaz est réalisée en admission. D’ailleurs si vous souhaitez animer les discussions entre tireurs, demandez si l’usage d’un modérateur de son implique d’augmenter ou de limiter le flux des gaz…La réponse est simple : l’adjonction d’un modérateur équivaut à « rallonger » le canon. À munitions équivalentes, il convient donc de réduire l’impulsion pour éviter les phénomènes de sur-cycle, notamment induits par la poussée gazeuse directe sur l’étui après déverrouillage. Ce phénomène de sur-cycle est aisément constaté par l’augmentation de la cadence de tir sur une arme tirant en rafale : couramment, l’arme prend jusqu’à 20% de vitesse de cycle.
Un ensemble mobile atypique
Comme sur quelques armes à piston attelé (i.e. au moment du tir) et contrairement au Stoner 63, le piston se désolidarise du transporteur de culasse au démontage de l’arme (Photo 17). Ce piston est composé de deux pièces. Sa tête comporte une cavité (Photo 18). La base de sa partie arrière comporte deux tenons qui viennent assurer la connexion avec le transporteur de culasse. Les deux éléments sont juste emboités et maintenus en position dans le boîtier (Photo 19). La partie arrière du piston est creuse afin de recevoir l’ensemble récupérateur. L’extrémité arrière de ce dernier dispose du curseur précédemment évoqué permettant l’assemblage / désassemblage de l’arme.
Le transporteur de culasse est cylindrique, son flanc gauche est usiné pour permettre le passage de l’éjecteur fixe (Photo 20). Le percuteur y est fixé par une goupille. Ce dernier reste sous tension d’un ressort captif de sa douille arrière (Photo 21). Ainsi, il ne rentre pas au contact de l’amorce par inertie à la fermeture de l’ensemble mobile : ceci met donc théoriquement l’arme à l’abri des « slam-fire ». Notons qu’à l’instar d’un AR-15, le percuteur est attelé au transporteur et non à la culasse comme sur une AK. Ainsi, celui-ci ne peut faire saillie dans la cuvette de tirLa cuvette de tir est la partie de la culasse qui accueille ... More que lorsque la culasse est en position verrouillée. Un amortisseur (« buffer » chez nos amis Anglo-saxons) est clipsé à l’arrière : il amortit le contact entre le transporteur et la partie arrière du boîtier inférieur.
La culasse est insérée dans le transporteur. Une rampe pratiquée dans ce dernier lui assure via une came la rotation d’environ 30° permettant sa mise en oeuvre dans l’extension de verrouillage du canon (Photo 22). Cylindrique, la culasse présente 3 larges tenons en tête (Photo 23). On s’éloigne ici positivement de la culasse « multi-tenons » originellement dessinée par Melvin Johnson et reprise par Eugene Stoner sur ses armes, Stoner 63 compris. Pour mémoire, l’unique avantage de ce dessin de culasse est d’ordre productique. Un des tenons intègre un large extracteur, qui a la particularité de se mouvoir de façon strictement perpendiculaire (par coulissement) à la cartouche, disposition plutôt rare sur une arme semi-automatique. Le flanc gauche de la culasse est également usiné pour permettre le passage de l’éjecteur. On remarque à l’avant du tenon de gauche une rampe usinée : elle permet d’assurer une extraction primaire lors du mouvement de déverrouillage en prenant appui sur une rampe usinée dans la noix de verrouillage (Photo 24). L’extraction primaire permet un meilleur décollage de l’étui des parois de la chambre en associant un mouvement de rotation à celui de traction. Il s’agit d’une vraie plus-value dans le cadre d’un usage professionnel. Le fabricant met par ailleurs en avant la possibilité de tirer des étuis acier dans son arme, notoirement plus prompte au collage que les étuis laitons.
La crosse (de type « Fast 2 » sur notre exemplaire) est originellement repliable sur le flanc droit : on soulève la crosse et on la pivote de façon analogue à une crosse de type FAL Para (Photo 25). Cependant, la réglementation française actuelle interdit la détention d’arme d’épaule d’une longueur totale inférieure à 60 cm. Il est donc nécessaire pour cette longueur de canon de la bloquer en position déployée afin de conserver une longueur totale suffisante. L’action sur deux poussoirs latéraux permet l’extension de la crosse sur une des 6 positions.Une molette permet de rigidifier ce réglage par vissage (Photo 26). La plaque de couche est en plastique avec des nervures moulées, l’appui-joue est réglable avec 2 positions. Malgré des dimensions compactes, un tireur de taille moyenne trouve de bons contacts à l’épaulement et l’absence de jeu dans la crosse est un réel confort.
Les chargeurs sont au standard Nato Stanag 4179. Dans la pratique, les chargeurs d’AR-15 (ou d’AR-10 suivant la munition) seront en majorité compatibles. Il s’agit d’un point à aborder avec des pincettes sans mettre en accusation ici un quelconque fabricant : nous avons déjà constaté cette prétendue interchangeabilité être contredite par les faits. Le standard n’est vraisemblablement pas suffisamment « standard »…
Les XCR sont équipés de visées métalliques repliables qui semblent être propriétaires (Photo 27). Si certains les qualifient de visées de « secours », force est de constater que leur qualité en fait des éléments parfaitement exploitables comme éléments de visée principale. Le guidon et l’œilleton sont protégés par des oreilles latérales. Le guidon se règle en hauteur avec l’outil ad hoc destiné au M16A2. L’œilleton se dérive latéralement via une molette. Il présente deux ouvertures : une large pour le tir à des distances rapprochées (0-200 m dixit l’inscription) et par basse condition de visibilité et l’une étroite pour un tir de précision. Montés sur le rail picatinny, ces accessoires sont en acier et de première qualité.
Un fonctionnement s’éloignant de l’AR-15
L’arme fonctionne donc à culasse calée avec emprunt de gaz à piston attelé pour notre exemplaire, mais aussi pour les modèles employant les frettes d’emprunt de gaz « GB0 » et « GB1 » précédemment commercialisés par la firme de Salt Lake City. L’action des gaz permettant via le piston d’assurer le déverrouillage de la tête de culasse. Sous l’action des gaz, le piston est impulsé vers l’arrière, entraînant le transporteur de culasse. Lors de ce recul, le transporteur imprime via une rampe la rotation anti-horaire de 30° de la tête de culasse. Ceci assure le déverrouillage de l’extension de canon, mais aussi l’extraction primaire précédemment citée. Ainsi impulsé, l’ensemble continue son recul, finalisant l’extraction puis produisant l’éjection de l’étui au moment où celui-ci rencontre l’éjecteur fixe. L’ensemble récupérateur renvoie vers l’avant l’ensemble mobile générant, prélèvement de la munition du chargeur, son chambrage et, finalement verrouillage de la culasse. Sur la version GB2 également proposée en option, le piston « non-attelé » reste captif de la frette d’emprunt de gaz comme sur un M14. Le bénéfice de cette disposition est une meilleure contingence des gaz, et donc un encrassement plus faible de l’arme. La contrepartie est une poussée qui est stoppée net à la fin de la course du piston, ce qui lui vaut le qualificatif de « short stroke » chez certains auteurs. La chose est en réalité très dépendante de l’intégration du dispositif au sein de chaque arme : pour plus de détails vous pouvez vous reporter au chapitre 8 du Petit Guide d’Armement en ligne sur ce site. À noter également pour les puristes que canon et culasse font référence à la munition militaire de 5,56, seul le transporteur est marqué pour le .223 Remington civil…(Photo 28). Selon le fabricant, quel que soit le marquage de ses armes, celles-ci sont capables de mettre au feu indifféremment les deux types de munitions.
Le XCR est particulièrement simple au démontage et à l’entretien (Photo 29). Après s’être assuré que l’arme n’est ni chargée ni approvisionnée, ramener l’ensemble mobile en avant. Pousser le curseur présent à l’arrière gauche du boîtier supérieur vers l’avant et faire pivoter le boîtier supérieur sur l’axe. L’ensemble mobile est extrait par l’arrière. Attention à « assurer » les différentes pièces lors de l’extraction de l’ensemble, elles ne possèdent pas de rétention mécanique et leur cohérence est uniquement assurée par leur intégration au sein du boîtier de culasse. Le ressort récupérateur est séparé du piston, qui se sépare lui-même du transporteur. La tête de culasse est retirée par l’avant du transporteur après avoir retiré le piston. Après avoir ôté la goupille présente à l’arrière du transporteur, l’amortisseur et le percuteur sont libres. Le boîtier supérieur se sépare du boîtier inférieur via la goupille captive présente à l’avant du boîtier inférieur. On peut ensuite déposer le canon comme précédemment indiqué. Une fois le canon démonté, le manuel de l’arme nous indique que le tube d’emprunt de gaz peut-être retiré par l’avant à l’aide d’une pince : nous n’avons pas ressenti le besoin de réaliser cette opération pour les opérations de maintenance courante. L’éjecteur et le déflecteur peuvent être déposés de même que la vis de réglage de l’emprunt des gaz, néanmoins dans un usage courant cette procédure n’est pas nécessaire.
Le XCR face à la cible
Nous avons effectué différents types de tir à la distance de 100 m, aussi bien sur appui que debout à l’épaulé. L’ensemble des manipulations sont simples et fiables. Nous avons apprécié le levier d’armement latéral bien plus pratique que celui de l’AR-15, ainsi que l’ensemble des commandes ambidextres. L’équilibre avec un chargeur approvisionné est positionné à l’avant du puits de chargeur. Le XCR monte naturellement en cible avec un pointage intuitif. La détente à double bossette permet d’excellents lâchers : sa courte réinitialisation permet des tirs rapides sur les silhouettes réactives. L’effet de souffle lié à l’onde de bouche (appelé familièrement « blast ») est important : les 7,5 pouces du canon nous paraissent réellement être en dessous du minimum pour ce calibre. Néanmoins, comme souvent en de pareilles circonstances, le tireur est somme toute plutôt épargné : ce sont les voisins sur le pas de tir qui en bénéficient le plus ! Il faut cependant bien prendre conscience que l’utilisateur professionnel peut se retrouver dans des endroits confinés au moment du tir, et ainsi « bénéficier », lui aussi, de toute la « production » de son arme…L’éjection est puissante et régulière, les étuis sont propulsés entre 3 et 4 m à 85° sur la droite, dans cette configuration il faut tout de même prendre en compte l’infrastructure du stand afin d’éviter « d’incommoder » un voisin trop proche…C’est un reproche que l’on peut souvent adresser aux armes d’épaule équipées d’un éjecteur fixe : leur éjection est généralement violente. Le sommet du problème est atteint à notre sens avec le fusil HK G3 en calibre 7,62×51 : la combinaison éjecteur « fixe » (même si escamotable) et ouverture retardée par galet produit des éjections qu’il ne faut surtout pas croiser…C’est sans doute la rançon de la fiabilité ! Pour en revenir à l’XCR, rappelons que la présence d’un déflecteur d’étui met à l’abri le tireur gaucher d’une éjection trop à l’arrière : l’arme se tire donc des deux épaules sans aucun risque.
Nous avons réalisé des tirs de précision à 100 m, l’arme équipée d’une lunette canadienne Elcan M145 dotée d’un grossissement 3,5 (Photo 31). Les groupements obtenus tiennent presque la minute d’angle, ce qui au vu de la longueur du canon est un résultat très honorable (Photo 32). Il s’agit par ailleurs des performances annoncées par le fabricant. Un point positif de plus, à l’issue des tirs l’arme est plutôt propre, culasse et transporteur ne sont pas aussi souillés par les résidus comme sur un AR-15. Le nettoyage en est grandement simplifié.
L’ensemble des tirs ont été réalisés avec des munitions lithuaniennes GGG de 4 g (62 grains) : ces munitions d’excellente facture sont au standard OTAN et utilisent un projectile bi-métal du type SS-109, aussi dénommé M855 par l’armée américaine.
Conclusion
Pour le tireur qui le désire, la gamme XCR de Robinson Armament permet de s’affranchir du « tout » AR, tant il est vrai que le choix est aujourd’hui limité à différentes versions du « black rifle » plutôt qu’à d’autres systèmes… La famille des XCR constitue une alternative réellement intéressante, offrant des performances et une ergonomie remarquable pour le prix d’un AR-15 haut de gamme. Le niveau de finition de l’arme correspond bien par ailleurs à celui d’une arme haut de gamme. Donc si votre budget vous le permet, nous ne voyons pas de raison de vous priver de cette vraie alternative américaine.
Julien Lucot & Arnaud Lamothe
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Les armes Robinson Armament sont importées en France par l’armurerie BGM :
