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12 - L’inspection

L’inspection est une des étapes fondamentales de l’entretien d’une arme. Cet aspect largement ignoré d’une grande partie des utilisateurs est pourtant fondamental. Si certaines opérations d’inspection ne peuvent être menées que par du personnel formé, une large partie peut en réalité être réalisée par l’utilisateur. Elle repose sur l’observation et la connaissance de son arme. Et la connaissance viendra notamment à force d’observation !

L’inspection doit être réalisée sur chaque élément de l’arme nettoyée et exempte de lubrifiant. En effet, si la présence de salissures peut masquer ou fausser l’inspection, la présence de lubrifiants peut fausser la vision d’un défaut, notamment les états de surfaces.

L’inspection de chaque élément d’une arme peut se réaliser sur 3 axes de recherche :

  1. USURE : on recherche les traces d’usure liées à une utilisation normale de l’arme. Ces traces d’usure sont généralement constituées par des tassements, des arrachements et des fissures. Si les blanchiments de surface de frottements sont bien des traces d’usure, elles sont à relativiser en matière d’importance.
  2. ANOMALIE : on recherche les altérations de l’arme qui sont liées à une interaction anormale de l’arme avec son environnement : chute, l’exposition à de fortes températures, mauvais traitement d’entretien…
  3. OXYDATION : on recherche les traces de l’altération du métal lié à la corrosion. Bien que l’oxydation face partie des anomalies nous lui accorderons une place particulière de par sa récurrence et ses effets.

En cas de doute sur un de ces points et les conséquences de l’altération découverte : n’hésitez pas à consulter un professionnel. Mieux vaut prévenir que guérir

Il est également nécessaire de comprendre ici, qu’à l’instar de la grande majorité de produits manufacturés, une arme possède une durée de vie. Celle-ci s’exprimera généralement en nombre de coups tirés. Elle peut être variable d’une fabrication d’une arme à l’autre, et parfois même au sein d’une même gamme, en fonction des prérequis d’un client, d’un modèle à l’autre. Pour exemple, les fusils G3 produits pour l’armée Norvégienne possèdent une durée de vie plus de deux fois supérieure à ceux produit pour l’armée allemande. Ici, la durée de vie a été conférée par l’amélioration de l’amortisseur de culasse. (Fig.01)

La durée de vie est également liée à la nature des munitions employées ainsi qu’à l’entretien appliqué. Ainsi, il n’est pas aberrant de tenir comptabilité du nombre de coups tirés. Enfin à l’instar d’une automobile, la vie d’une arme peut être ponctuée par des opérations de maintenance. Ces opérations de maintenance peuvent être programmées. Pour exemple, sur un P.A. SIG SAUER SP 2022, le remplacement du ressort récupérateur est préconisé tous les 5000 coups par le fabricant. (Fig.02)

Afin d’accompagner le lecteur dans son inspection, nous allons détailler ici matériels et points de contrôle pour chaque élément notable de l’arme, avec et sans outillage.

I. Le Matériel.

La réalisation de l’inspection peut nécessiter différents matériels. Nous allons en présenter un certain nombre ici et notamment certaines jauges (aussi dits “tampons” dans certaines institutions) de contrôle.

  • Les loupes : elles permettent l’observation en détail et notamment la recherche des fissures. Elles peuvent être de différentes formes. Nous en noterons deux particulièrement digne d’intérêt : la loupe d’horloger et la loupe sur pied. (Fig.03 et 04).
  • Les lampes d’inspection et autres dispositifs d’illumination : de différentes formes, il s’agit ici de favoriser les dispositifs diffusant un faisceau homogène et dont l’intensité est si possible modulable. Une illumination trop intense peut fausser les observations.  (Fig.05 à 07)
  • L’endoscope : il s’agit d’un appareil optique ou optronique qui permet de visualiser l’intérieur du canon. Il est très pratique pour évaluer l’état précis du canon (rayures, prise de rayure, usure des évents d’emprunt de gaz, etc.). Nous reviendrons sur son emploi plus loin. Précisons ici que l’usage d’un endoscope met toujours en évidence des imperfections au sein du canon. Les seules détériorations significatives sont celles qui induisent une panne ou une dégradation de performances (précision et fiabilité). Aussi, il faut savoir raison garder et rester pragmatique sur les observations réalisées en concluant toujours par cette question « le canon est-il sûr à employer et conforme aux prérequis de sa mission (précision et fiabilité) ? ». Si la réponse est oui, ne prenez pas à cœur les autres altérations mineures observées. Enfin, notons qu’il existe industriellement des endoscopes qui permettent différents angles de vue : ceux qui nous intéressent principalement ici sont ceux qui réalisent une inspection perpendiculaire par rapport à l’axe du canon. (Fig.08)
  • Les instruments de métrologie : de diverses formes (pied à coulisse, palmer…) ils sont utiles pour relever et comparer des informations dimensionnelles. Attention à l’état et à l’étalonnage de ces outils ! Concernant l’interprétation faite de ces mesures, ces dernières doivent soit être solidement documentées (documentation du constructeur) soit être solidement comparées! (Fig.09 et 10)
  • Jauges de feuillures : en armement, la feuillure est la distance qui, lorsque les éléments de fermeture sont en positions fermés, sépare la surface d’appui avant de la munition (dans la chambre) de la surface d’appui arrière de la munition (sur la culasse ou la carcasse). Les jauges de feuillures permettent de contrôler ces distances et d’établir des limites basses et des limites hautes (on parle souvent de “go” et “no-go”). Attention, ces distances sont établies en fonction des normes de référence, et comme nous l’avons vu, il existe plusieurs normes. Une jauge de norme CIP sera différente d’une à la norme SAAMI qui sera différente d’une jauge OTAN. De fait, il est nécessaire comme pour toute comparaison métrologique de se référer aux indications du constructeur pour la variante d’arme en inspection. (Fig.11)
  • Jauges de diamètre d’âme : elles permettent d’évaluer le diamètre du canon en plat de rayure. Ici aussi, comme pour la jauge de feuillure il est nécessaire de se référer aux normes du fabricant. Aussi, ces jauges ne sont pas d’excellentes conseillères : elles ne font qu’évaluer le diamètre en plat de rayure et ne qualifient par ce biais ni la précision ni l’état général du canon ! Un examen visuel, potentiellement assisté d’un endoscope et surtout le tir (si le canon est apte d’un point de vue sécuritaire) est le meilleur conseiller en la matière. La réelle utilité de ce type de jauge est d’enregistrer l’usure d’un canon dont on connaît les normes et l’historique (i.e., le nombre de coups tirés et les diamètres mesurés à des étapes précédentes). Enfin, pour le fonctionnement des armes à réarmement automatique, le diamètre d’âme en plat de rayure n’est pas aussi important que celui en fond de rayure… (Fig.12)
  • Jauges autres : elles peuvent être nombreuses ! Contrôle de l’espacement sous extracteur, espacement des lèvres du chargeur, sailli du percuteur, retrait du percuteur, etc. Ces jauges sont normalement dédiées à une seule variante d’arme et sont généralement destinées à un public de professionnels formés à leurs emplois. Si ceci n’est certainement pas de nature à restreindre le public les utilisant, il est important de garder ceci en considération afin de ne pas se méprendre sur les interprétations que l’on peut faire. (Fig.13 à 15)

I. Les éléments à inspecter.

I-a). Canon

Le canon constitue le premier élément à contrôler.

On peut avoir recours à un miroir de visite, une lampe d’inspection, de la fibre optique ou un endoscope. Les trois premiers dispositifs ont pour but d’introduire de la lumière dans le canon. Il convient de se méfier des dispositifs introduisant une quantité de lumière trop importante dans le canon : il fausse la perception des défauts (Fig.16).

Voici une liste non exhaustive de points à contrôler :

  • Absence de trace d’oxydation : la présence d’oxydation dans la chambre est particulièrement problématique. Elle nuit à l’extraction de l’étui tiré et peut être la cause de dysfonctionnement, notamment dans une arme à réarmement automatique. La présence d’oxydations légères sur les autres parties du canon (y compris dans l’âme) peut être tolérée dans la mesure où celle-ci ne modifie pas le bon fonctionnement de l’arme (précision comprise). En effet, l’oxydation dans l’âme du canon peut accentuer la fuite de gaz autour du projectile et modifier ainsi défavorablement la balistique interne du canon et le fonctionnement de l’arme (Fig.17).
  • Absence de trace de détérioration (choc ou ovalisation) : notamment sur la bouche et sur la tranche arrière du canon. Comme déjà évoqué, une détérioration de la bouche peut avoir de graves conséquences en matière de précision. Un dommage sur la tranche arrière du canon peut nuire à l’introduction et à l’extraction d’une munition ou d’un étui tiré. Ce n’est pas rare sur les armes à percussion annulaire ayant connu un grand nombre de tirs à sec. Ce type de dommage est généralement réparable par un armurier. Un enfoncement sur la portion centrale du canon (toujours possible, et notamment sur une arme à canon lisse ou une arme dont les parois du canon sont fines) est plus problématique à réparer, mais c’est parfois possible par un armurier correctement outillé. Il convient dans tous les cas de ne pas tirer avec une arme endommagée de la sorte.
  • Certains canons comportent des portées de verrouillage (notamment les pistolets automatiques), il faut par conséquent contrôler ces portées. Ce contrôle doit être réalisé de façon concomitante avec celui de la ou des portées de verrouillage de la culasse. Elle doit laisser apparaître une portée de verrouillage plane franche. Une légère bavure dans les angles peut être considérée comme acceptable. Certaines armes comportent des extensions de verrouillage liées au canon qui, si elles sont en réalité, plutôt assimilables à une carcasse qu’à un canon, seront inspectées ici.
  • Absence de bague de surpression. La présence de bague est rédhibitoire au maintien en service d’une arme opérationnelle. Ce type de détérioration intervient lors d’un tir avec la présence de corps étrangers dans le canon (notamment, eau, huile, projectile resté bloqué…). Plusieurs théories peuvent être rencontrées sur le phénomène exact qui peut aboutir à la création de cette bague. Celle qui nous paraît la plus cohérente stipule que la brutale décélération du projectile génère un reflux vers l’arrière des gaz qui se heurte au flux de gaz issu de la chambre. La rencontre de ces deux flux, de directions opposées, sera la cause d’un pic de suppression localisé d’où découlerait la déformation du canon. Il en résulte une “bague de surpression”. Sur certaines armes, lorsque cette bague est située très proche de la bouche, un réalésage (voire une recoupe) du canon peut être envisagé par un professionnel (Fig.18 et 19).
  • Déformation du canon : un canon peut se voiler, cette inspection se réalise par visualisation des reflets à l’intérieur du canon en l’exposant à une source lumineuse non directe. Si les reflets sont rectilignes, alors le canon n’est pas voilé. Si les reflets comportent une courbure, le canon est voilé. Dans certains cas, le canon peut être rectifié par un professionnel correctement outillé. Soulignons ici que ce type de problématique est extrêmement rare sur des matériels de fabrication actuelle.
  • Évent d’emprunt de gaz : Comme nous l’avons vu au chapitre 6, dans une arme à emprunt de gaz, le canon est généralement percé par un ou plusieurs évents. L’usure de ces évents peut être responsable de fuite gazeuse à la prise des gaz qui aura pour conséquence d’affaiblir l’impulsion de réarmement. On constate cette usure avec un endoscope et ses conséquences se valident par un tir d’essai non-épaulé dit “tireur faible”. Ce test se fait après avoir écarté tout autre facteur de dysfonctionnement et notamment par l’usage de munitions totalement en adéquation avec l’arme et un état de chambre irréprochable. (Fig.20)
  • Feuillure : nous détaillerons ce processus lors du contrôle des mécanismes de fermeture,  car ce contrôle se fait en associant le mécanisme de fermeture et le canon, avec en fonction des mécaniques, une implication de la carcasse.
  • Conformité de la chambre : indépendamment d’un contrôle feuillure valide, la chambre peut comporter des dimensions non-conformes. Cela peut être un diamètre trop large par endroits, voire même des parois qui ne soutiennent pas la douille sur une longueur suffisante.

I-b.) Mécanisme de fermeture.

Le mécanisme de fermeture constitue le second élément à contrôler. Nous évoquerons ici un certain nombre de points à contrôler, avec et sans outillage.

  • Pour les culasses calées : absence de fissure ou d’amorce de fissure sur les éléments de verrouillage. Pour les pistolets automatiques verrouillant dans la fenêtre d’éjection, absence de fissure ou d’amorce de fissure autour de ladite fenêtre d’éjection. La présence de la moindre fissure ou amorce de fissure autour de la fenêtre d’éjection est rédhibitoire au maintien en service de l’arme. La réparation de pareil élément ne s’entend que par remplacement de la pièce défectueuse. Économiquement parlant, il est souvent préférable de “réformer” l’arme et d’en acquérir une nouvelle. L’apparition de fissure sur les éléments de verrouillage peut être un signe de fin de vie de l’arme. (Fig.21 à 23)
  • Pour les culasses calées : usure acceptable de la ou des portées de verrouillage. Ce contrôle réalisé de façon concomitante avec celui de la ou des portées de verrouillage du canon ou du boîtier. Il doit laisser apparaître des portées de verrouillage planes franches. (Fig.24 et 25)
  • État correct de la surface de la cuvette de tir : elle doit être lisse et exempte d’oxydation. Sur les armes dont la munition monte le culot en contact avec  la cuvette de tir, celle-ci doit autoriser un bon glissement de la munition lors de la phase d’alimentation. (Fig.26)
  • Contrôle de la feuillure : une fois que le contrôle du canon et les points d’inspections évoqués plus haut concernant la culasse sont réalisés, on peut procéder au contrôle de la feuillure. Si la culasse se verrouille dans la carcasse, on réalisera en amont le contrôle de la carcasse et notamment des surfaces de verrouillage. Le processus de contrôle de feuillure se réalise comme suivant : on insère manuellement la jauge dans le canon, en s’assurant de la correcte prise en compte de l’extracteur (si la jauge le nécessite) et on raccompagne les mécanismes de fermeture. La jauge « go » doit autoriser la fermeture ou le verrouillage des mécanismes. La jauge « no-go » ne doit pas autoriser la fermeture ou le verrouillage des mécanismes. Attention : une jauge no-go désigne parfois une feuillure maximale admissible à la fabrication d’une arme et non une feuillure maximale admissible pour le calibre. En effet, il compréhensible que les fabricants prennent soin de ne pas commercialiser des armes dont la feuillure soit proche de la maximale établie par la norme employée. Comme toujours, ce type d’outils doit être employé de façon documentée. Aussi, il existe des jauges « rebut » ou « field » : celles-ci ne doivent surtout pas autoriser la fermeture ou le verrouillage. Une arme qui se ferme ou se verrouille sur ces dernières jauges est dangereuse au tir. Pour exemple, le jeu de jauge de feuillure pour le P.A. SP 2022 comprend, les jauges suivantes : GO (19,15 mm), NO-GO (19,45 mm) et enfin REBUT (19,62 mm). Une fois la vérification effectuée, on retire la jauge, en prenant soin de ne pas « l’éjecter » : ce type d’outil est fragile, et une déformation pourrait conduire à son inutilité.
  • Les différents dispositifs présents de façon périphérique à la cuvette de tir (notamment extracteur, éjecteur et indicateur de chargement) doivent être en bon état, posséder leurs latitudes de mouvement et leurs forces de retours originales. L’appréciation de la normalité des forces de retours pourra être acquise à force de contrôle.
  • Libre passage du percuteur dans son logement : la culasse accueille de façon quasi systématique le percuteur. Il convient donc de veiller à ce que le percuteur puisse bien circuler dans son logement (saillie dans la cuvette de tir et retrait). Il n’est pas rare que de l’encrassement (dépôt de carbone voire de fragments de munitions) ou de l’oxydation puissent fortement entraver la course du percuteur. Il peut en résulter des défauts de percussion ou à l’inverse des départs intempestifs à la fermeture de la culasse. Pour les culasses dotées d’un “verrou de percuteur”, on procédera en effaçant d’abord le verrou du percuteur puis en poussant le talon du percuteur. Rappelons ici que les percussions frappées / appuyées et frappées / lancées ne produisent pas de saillie de façon identique (cf. chapitre 6 « Fonctionnement des armes »).
  • Absence de déformation pouvant nuire à la libre circulation de la culasse.

I-c.) Carcasse

La carcasse constitue le troisième élément à contrôler.

  • Pour les armes à culasses calées opérant un verrouillage dans la carcasse ou employant un artifice (levier, galets…) prenant appui dans celle-ci, absence de fissure ou d’amorce de fissure sur les éléments de verrouillage. Ici aussi, la présence de la moindre fissure ou amorce de fissure est rédhibitoire au maintien en service de toute l’arme. La réparation de pareils éléments ne s’entend que par le remplacement de la pièce défectueuse. Il est parfois préférable de “réformer” l’arme et d’en acquérir une nouvelle. L’apparition de fissure sur les éléments de verrouillage est souvent un signe de fin de vie de l’arme (Fig.27 à 29) .
  • Pour les armes à culasse mobile, vérifiez la libre circulation de la culasse ou de l’ensemble mobile. Tout élément pouvant constituer un frein à cette circulation et que n’est pas normalement prévu à la conception de l’arme doit être corrigé.
  • Les carcasses accueillent souvent des interfaces pour aide à la visée accessoire : vérifiez leur intégrité.
  • Sur les armes de poing, les carcasses constituent généralement la poignée de préhension : vérifiez que rien n’entrave la bonne préhension de l’arme ou qu’aucune dégradation n’altère des aspects sécuritaires (déformation ou bris du pontet…).

I-d). Les ressorts.

Les ressorts sont les éléments souvent les plus mis à mal par l’utilisation de l’arme (au tir, à la manipulation, mais aussi parfois au stockage). Aussi, il convient de porter une vigilance particulière à ces derniers, et à ne pas hésiter à réaliser ici des remplacements préventifs. Cette vigilance peut être réalisée à l’aide d’outillage adéquat mais aussi par comparaison avec des éléments réputés neufs. Les remplacements préventifs pourront assurer un meilleur fonctionnement de l’arme ainsi que prolonger la durée de vie de certains éléments de l’arme. On peut notamment porter une attention particulière aux points suivants :

  • Les ressorts doivent être dans leurs géométries originelles : rectitude, régularité des spires et diamètre ne doivent pas être exagérément altérés.
  • Ils ne doivent pas être oxydés, notamment ceux frottant sur une tige-guide ou dans un alèsement. Pour mémoire, lors de sa compression, un ressort en spirale tend à voir son diamètre augmenter.

Enfin, le tassement des ressorts est lié à une restructuration du métal. Ainsi, leurs forces, qualifiées en mécanique de “constante de raideur” sont altérées par cette restructuration, qui est le produit de l’œuvre du temps et des contraintes. Il est par conséquent parfaitement illusoire de croire que l’étirement des ressorts pourrait remettre ceci en conformité.

I-e). Organes de visée.

Les organes de visée doivent être convenablement centrés sur leur support, lisibles et dépourvus de détérioration notamment consécutive à un choc. Sur la plupart des armes de production actuelles, il n’est pas concevable qu’une arme correctement réglée présente des organes de visées décentrés de façon importante. Dans tous les cas, un déport conséquent des organes de visées doit interroger : état du canon, adéquation arme / munition…et même compétence du tireur (cf. Chapitre 9 « Les Appareils de visée »)! Sur certaines armes anciennes ou de fabrication que nous qualifierons ici pudiquement “d’économique”, ce type de constatation est cependant possible dans une arme en bonne et due forme.

I-f. Les systèmes d’alimentation.

Assurant une partie du guidage des munitions lors de la phase d’alimentation, les systèmes d’alimentation sont régulièrement sources de problèmes. Qu’ils soient constitués d’éléments internes à l’arme (griffe de rétention, auget de transport…) ou d’éléments amovibles (boitier chargeur), ceux-ci ne doivent souffrir d’aucune défaillance. On peut contrôler les points suivants :

  • Les corps de chargeurs, magasins internes ou tout autre dispositif de stockage de munitions ne doivent pas présenter : de traces d’oxydation excessive, de déformations (notamment pour les chargeurs en tôle) ou de fissures (notamment sur les chargeurs en matières synthétiques) (Fig.30 à 32).
  • Comme tout autre ressort, ceux des systèmes d’alimentation ne doivent présenter aucune altération. En outre, certains ressorts comportent parfois un sens de montage qu’il est impératif de respecter.
  • Les planchettes élévatrices ne doivent pas être détériorées. Il faut bien prendre en compte que leur géométrie est impliquée dans la rapidité de présentation de la munition. Aussi, quand ces planchettes comportent des éléments de guidage originellement « longs » ceux-ci ne doivent pas être altérés.
  • Les talons de chargeur ne doivent pas présenter de détérioration pouvant entraîner une fragilité ou une rupture des pièces.

I-g. Autre dispositif ou sous-ensembles.

Nous ne pouvons pas lister ici de façon exhaustive l’ensemble des mécanismes qu’il est possible de rencontrer sur une arme à feu. Nous dresserons cependant une liste d’éléments récurants et des points à contrôler.

  • Vérifier l’état du percuteur : pointe, talon et le cas échéant cran d’armée doivent être sains (Fig.33).
  • Vérifier le correct mouvement de chaque élément mobile.
  • Vérifier également la fonction sous-ensemble : accrochage et abattement du chien, accroche de chargeur, coulissement des éléments mobiles, fonctionnement des sécurités, fonctionnement des sûretés, fonctionnement des différents modes de tir, absence de fissure sur les garnitures (crosse, garde-main, poignée…)… (Fig.34 et 35)

Attention : lors de ces vérifications, il est possible de se blesser avec un élément de l’arme, notamment avec le chien lors de son abattement.

III. Vérification arme montée.

Une fois chaque élément vérifié et à l’issue de la lubrification mentionnée dans le chapitre suivant, on peut procéder à une série de vérification arme montée. Bien évidemment, les vérifications à opérer dépendent de chaque arme, mais elles ont systématiquement le même but : vérifier le bon fonctionnement des différents dispositifs et la correcte interaction entre les éléments. On peut établir une liste – non exhaustive – de contrôles à réaliser sur une majorité d’armes. La chronologie peut s’avérer importante à respecter.

Ces manipulations vont comprendre des « actions de tir » : positionner votre arme dans une direction susceptible d’absorber un départ de coup accidentel.

Pour les armes munies d’un chargeur amovible, commencer les vérifications chargeur désengagé.

Après une mise en sécurité de l’arme et en positionnant l’arme en face d’une direction susceptible d’absorber un départ de coup accidentel, on peut procéder comme suivant.

  1. Actionnez les éléments de fermeture jusqu’en butée puis raccompagnez-les : aucune entrave ne doit être constatée. Pour les armes tirant à culasse ouverte, il sera nécessaire d’actionner la détente pour effectuer ces vérifications. Pensez toujours « sécurité ».
  2. Actionnez les sûretés présentes sur l’arme et vérifiez leur efficacité. Cette vérification peut être réalisée simplement par constat sonore : mécanisme de mise à feu armé, sûreté engagée, l’action de la détente ne doit pas générer de bruit.
  3. Si l’arme possède des modes de tir (coup par coup, rafale limitée, rafale libre), vérifier chacun de ces modes. Ici aussi, la vérification est le plus souvent sonore. Pour chaque mode de tir, on arme les mécanismes de mise à feu, puis on presse et on maintient la pression sur la détente. On doit constater un premier départ de coup. Toujours en maintenant la pression sur la détente, on cycle manuellement l’arme. En fonction du mode de tir sélectionné, le résultat doit être différent. En coup par coup, aucun départ ne doit se faire entendre après un premier cycle. Pour une rafale limitée, on cycle autant de coup que nécessaire jusqu’à interruption du tir : le nombre de départ constaté (en incluant le premier) doit correspondre à la spécification constructeur. Pour la rafale libre, tant que la détente est maintenue pressée, on doit constater un départ après chaque fermeture, et lorsque la détente est relâchée, aucun départ ne doit être constaté.
  4. Pour les armes dotées de tirs en rafale, vérifiez que le départ du coup à bien lieu après verrouillage (pour les armes à culasse calée) ou en toute fin de fermeture (pour les armes à culasse non calée). Ici aussi, la vérification est souvent sonore.
  5. Pour les armes dotées de chargeurs amovibles, tester l’accroche et la bonne libération de chaque chargeur.
  6. Pour les armes dotées d’un arrêtoir de culasse, vérifier l’accrochage de la culasse en fin de chargeur. Pour les armes à chargeur amovible, effectuer cette vérification pour chaque chargeur.

L’inspection constitue un point capital dans le maintien en service d’une arme, quelle que soit votre spécialité. Aussi, si vous êtes professionnel, soumettez-vous de bonne grâce aux inspections programmées par votre institution : votre arme est pour vous une assurance-vie. Si vous appliquez un entretien scrupuleux de votre arme, alors vous n’avez à craindre aucune remontrance. Pour les autres utilisateurs, appliquez un premier contrôle vous-même et n’hésitez pas à questionner les professionnels qui sont à votre disposition. Enfin, pour les chasseurs, n’attendez pas l’ouverture de la chasse pour faire contrôler votre arme si vous en ressentez le besoin !

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