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Le « Stormdolk » : la dague des troupes d’assaut néerlandaises

C’est en 1917, lors de l’observation des combats dans les tranchées de la Première Guerre mondiale, que les responsables militaires Néerlandais, dont le pays était neutre mais menacé, décidèrent de créer les Stormschool, les Stormtroepen et les Stormsecties (écoles, troupes et sections d’assaut) à l’image de ce qu’avaient mis au point les belligérants voisins. Ces troupes étaient équipées de matériel spécifiquement adapté ou créé en fonction de leurs besoins : casques d’acier enveloppants, masques à gaz, nouveaux types de grenades à main, lances flammes, et bien sûr, dagues de combat !  Les premiers prototypes furent commandés dès le 20 août 1917. Le style de lame était une adaptation d’un modèle de baïonnette en service aux Indes et plusieurs types de prototypes furent essayés. En particulier quatre types de ports ont été étudiés, tant à droite qu’à gauche, sur la poitrine ou le long de la cuisse…finalement, un officier dont l’histoire n’a pas retenu le nom, proposa une position qui fut retenue : à la ceinture, inclinée, poignée vers l’avant, à droite de l’homme. Le premier octobre de la même année, c’est un ordre de fabrication de trente mille exemplaires (pour un besoin évalué à 50 000) qui fut lancé. Dès le mois de décembre 10 500 Stormdolk étaient déjà fabriqués et les premiers exemplaires furent distribués début mars 1918.

L’arme se présentait comme une dague à lame droite théoriquement de 210 mm de longueur (203 et 206 pour les miennes, dont une a été réaffutée) avec une assez volumineuse poignée en noyer annelée de 121 mm de long pour sa partie apparente, se terminant en forme de pommeau de 47 mm de large pour 22 mm d’épaisseur. Sa longueur totale atteignait 342,5 mm (338 et 339 pour mes exemplaires) et elle était munie d’une garde assez réduite mesurant 55,5 mm dans sa plus grande largeur, alors que la lame atteignait 22,5 mm de large et 4,3 à 4,5 mm d’épaisseur. La garde, elle-même, avait une épaisseur de 2,5 à 2,8 mm et elle était séparée du bois par une virole en acier de 9 mm d’épaisseur. Les deux demi-coques en bois constituant la poignée enveloppaient totalement la soie de la lame qui s’arrêtait à la base du pommeau, elles étaient réunies par deux rivets dont seul celui de l’avant traversait la soie. La lame était entièrement bleuie, malheureusement il ne reste que très peu de couleur sur les miennes.

Les dagues sont numérotées de A 0 jusqu’à A 9999 et ainsi de suite jusqu’à E 9999, ce qui nous donne une production totale de 50 000 pièces. Les exemplaires illustrant cet article portent les numéros A 7082 et B 2589 ils remontent donc plutôt au début de la fabrication. Au contraire, le fourreau illustrant cet article, bien qu’en état moyen, est de la cinquième et dernière tranche. Nous noterons aussi qu’il existe des variantes de fabrications qui font le régal des collectionneurs Néerlandais pour lesquels cette belle dague est une véritable passion !

Les marquages consistent surtout en différents poinçons, voici ceux que j’ai pu découvrir :

  • À la base de la lame, la lettre Z surmontée de la couronne.
  • Sur la virole, exactement le même poinçon que précédemment.
  • Sur la garde, le numéro de série
  • Sur le pommeau de bois, à nouveau le même poinçon que précédemment, mais plus grand et contenu dans un ovale.

Notons que les 3 poinçons sont parfaitement alignés, tous du même côté de l’arme.

Le fourreau est intégralement en cuir assemblé par des rivets en cuivre. Il se termine par une bouterole en acier introduite dans l’extrémité du cuir et retenue par une ligature souvent manquante. Il porte aussi deux fines languettes avec bouton-pression pour assurer la retenue de l’arme. Un passage de ceinture est simplement obtenu par le repli de l’extrémité du fourreau retenu par trois rivets. Le numéro est porté sur cette partie repliée : 6919 E sur celui en ma possession. Souvent les fourreaux que l’on trouve sont modifiés ou remplacés par des modèles Allemands.

On doit savoir que les Stormtroepen furent dissoutes en 1924 et qu’à partir de cette date les dagues furent partiellement retirées du service (les officiers et servants de certaines pièces les conservèrent). On ne voit réapparaître officiellement cet accessoire qu’en décembre 1939 suite à une demande du commandant de l’armée de campagne qui s’en voit réattribuer 25 000 sur les 44 763 unités encore disponibles dans les entrepôts.

Peu de temps après, les troupes Allemandes d’occupation furent friandes de cette arme semble-t-il plus efficace que les modèles normalement en dotation. Dénomination pour l’occupant :  Dolch 115 (h)

Il exista une dague d’entraînement, à la poignée similaire, mais à la « lame » en noyer dont il fut produit 500 exemplaires en 1918. Cet artefact était doté d’un étui simplifié sans gaine pour la lame.

Enfin, j’ai découvert récemment l’existence d’une dague totalement extraordinaire, forgée à partir de fer météoritique et qui aurait été offerte à Amenhotep III (-1411 à -1353 environ avant notre ère). Cette dague, découverte dans le tombeau de Toutankhamon, est actuellement conservée au musée du Caire, et vu qu’il existe entre cette pièce antique et l’objet de cet article une certaine ressemblance, j’ai voulu comparer leurs longueurs, et quelle fut ma surprise : la dague égyptienne mesure exactement 342 mm d’après la fiche du musée et la dague néerlandaise, exactement 342,5 mm d’après sa fiche de construction, mais plus généralement de 339 mm à 342 mm d’après les exemplaires en circulation. Cette coïncidence est vraiment troublante et amène à se poser une nouvelle fois l’éternelle question si bien formulée par A. de Lamartine : Objets inanimés, avez-vous donc une âme ?

Marc Barret

Nota : Des copies de la Stormdolk sont disponibles sur le marché actuellement ; la plus grande prudence s’impose donc en cas d’achat !

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Sources :

Nederlandse vuurwapens de G. de Vries et BJ. Martens

Le Nationaal Militair Museum Soesterberg :

https://www.nmm.nl/nl/

La photo 14 est issue du forum Gunboard :

https://www.gunboards.com/threads/dutch-m1917-stormdolk-fighting-knife.406997/

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    Marc Barret

    Passionné d’armes et d’histoire, Marc Barret est l’auteur de nombreux articles dans les revues spécialisées françaises. Son intérêt est particulièrement centré sur les armes du XIXe siècle, les inventions de John Moses Browning et les productions de la FN Herstal.

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